Les Algériens, le dollar et l?euro

Le dollar poursuit son déclin face à l?euro, alourdissant ainsi la facture d?importation, sans réaction des pouvoirs publics en dépit des différentes tentatives de nos experts économistes pour alerter les responsables politiques sur les conséquences de la dérive de cette monnaie.Si l?on se réfère aux déclarations d?un membre du gouvernement à la chaîne III, il y a une quinzaine de jours, cet impact reste limité puisque compensé par une très forte flambée des cours du brut, notamment le Sahara Blend, catégorie dans laquelle se classe le nôtre.Cette manière simple d?aborder une question complexe, ne vise-t-elle pas à détourner l?attention d?un vrai problème de gouvernance ? Il semblerait qu?on ait subi encore une fois le dysfonctionnement de la parité comme tant d?autres.Le commerce extérieur n?est ni « erratique » ni imprévisible pour peu qu?on l?anticipe avec un programme réfléchi, cohérent et stratégique. Sinon comment expliquer la réussite du marché à terme pétrolier ? La Tunisie dont l?économie est extrêmement extravertie, surtout vers les pays européens, fonde sa politique du taux de change sur un panier de devises constitué principalement de l?euro et du dollar pour amortir les chocs de la volatilité des cours. En Algérie par contre, les arguments avancés par les officiels restent quelque peu légers. En effet, notre brut bénéficie des avantages de ce qu?on appelle le différentiel de qualités, de par sa légèreté en plus d?un pourcentage de soufre relativement réduit.Ces qualités lui permettent de gagner de 2 à 4 $ par rapport au prix moyen mondial des différents bruts.Ce fait ne justifie nullement le manque à gagner suite à la dépréciation du dollar par rapport à l?euro. Il ne s?agit pas non plus d?un effet de surprise puisque depuis l?invasion de l?Irak, la mise en oeuvre de la politique américaine ne militait pas pour un dollar fort. Cette problématique peut être réduite à quatre principales questions pour le cas de l?Algérie :1 - Tous les événements concordent pour que les cours du pétrole poursuivent leur envolée au-delà du premier semestre 2008. Le prix dépassera la barre des 100 $, pourquoi et quelles seront les conséquences sur l?Economie algérienne ?2 - La structure de l?exportation algérienne est fortement orientée vers la zone euro. Pourquoi et que faudra-t-il faire ?3 - La fluctuation de l?euro et son appréciation par rapport au dollar est un processus qui a commencé depuis le deuxième semestre 2005 et qui a pris en 2007 une ampleur inquiétante. Il n?y a donc aucun effet de surprise pour justifier le manque d?un plan de riposte, comment et dans quel cadre ?4 - La problématique de la détérioration du terme de l?échange des pays exportateurs du pétrole qui facturent leurs exportations en dollar ne date pas d?aujourd?hui mais des années 70. Quelle sera la contribution de l?Algérie à travers l?OPEP pour remédier à une telle situation ?  DE LA FLAMBEE DES COURS DU BRUT