Algérie

Les Algériens exaspérés!



Le citoyen exaspéré par ces grèves sans épilogues, risque, lui aussi, de monter au créneauSi l'Algérien adhère totalement au fait que le droit à la grève est un droit constitutionnel, il n'empêche que ce dernier rejette les situations de pourrissement. Il est pour la revendication des droits des travailleurs sans pour autant que cela ne conduise vers des situations de chaos.
Imaginez le drame d'un citoyen qui, en se levant le matin, doit, en premier, gérer la garde de ses enfants car ces derniers ne se rendent pas à l'école à cause d'une grève dans les établissements scolaires. Il doit ensuite trouver une solution pour sa mère malade qui ne peut bénéficier de soins à cause aussi d'une grève dans les hôpitaux. En se rendant à son lieu de travail, ce dernier doit s'armer de patience à cause de la lenteur de la circulation autoprovoquée par la barricade de la route par des jeunes en grogne. Il devra enfin être de glace pour ne pas s'énerver en apprenant que les avions sont cloués au sol à cause...d'une grève du personnel navigant. S'il s'énerve, il risque d'être malade et ce n'est guère le moment car il retombera inévitablement dans le cercle vicieux. Mais ce dernier est en droit, lui aussi, de crier son ras-le-bol. Trop, c'est trop! Depuis quelques mois, les grèves se multiplient. Un jour, ce sont les commerçants, un autre ce sont les boulangers ou encore les transporteurs et maintenant ce sont les enseignants, les médecins et les paramédicaux. Si l'Algérien adhère totalement au fait que le droit à la grève est un droit constitutionnel, il n'empêche que ce dernier rejette les situations de pourrissement.
Il est pour la revendication des droits des travailleurs sans pour autant que cela ne conduise vers des situations de chaos. Occuper les rues, barricader les routes et geler l'activité de plusieurs secteurs sont des actions qui en convergeant risquent de mener le pays vers le désordre et la violence. L'Algérien est loin d'aspirer à revivre une nouvelle ère de violence. Ce refus, le peuple l'a déjà exprimé clairement en votant pour tourner la page sanglante du terrorisme ou encore en restant à l'écart des révolutions arabes. Or, depuis quelques mois, la tension sociale ne baisse pas. Elle monte plutôt crescendo.
A qui la faute' A l'Exécutif de Ahmed Ouyahia qui n'arrive pas à trouver de solutions aux grèves multiples qui s'actionnent ici et là' Ou est-ce la faute aux syndicats qui campent sur leurs positions et se refusent à toute concession' En réalité, la faute est partagée.
Car, il ne suffit pas, pour les deux parties, de se retrouver autour d'une table de dialogue, mais il s'agit de savoir négocier, concéder sur certaines questions et reculer sur d'autres. C'est cela dialoguer! Les positions fermes et immuables ne sont dans l'intérêt de personne. Elles sont plutôt à l'origine d'un blocage qui n'aura, en fait, que trop duré, que ce soit dans le secteur de l'éducation où le spectre de l'année blanche plane, ou encore dans celui de la santé où les malades sont pris en otage et ne savent plus à quel saint se vouer. Et le citoyen dans tout cela' Le citoyen qu'il soit parent d'élève, patient ou client d'Air Algérie, comment vit-il cette situation de blocage' Ce dernier réagit et refuse, pour un début, que ses enfants soient pris en otage dans le bras de fer qui oppose les syndicats à la tutelle car «le droit à la scolarité» des enfants est une disposition constitutionnelle.
Il a choisi, lui aussi, de faire dans la démonstration de force en appelant à des marches. Il n'est pas exclu que d'autres citoyens décident de s'organiser pour faire face à des mouvements de protestations s'ils considèrent que ces mouvements risquent de faire plus de tort que de bien. Car, s'il est vrai qu'une action syndicale est la bienvenue car permettant la défense d'intérêts communs d'une collectivité et mettant un terme au diktat d'un employeur qui devra revoir sa politique de gestion, il est vrai aussi que si un réel dialogue n'est pas mené après le déclenchement d'un mouvement de grève afin d'aboutir à une solution médiane, c'est le pourrissement qui ne sera bénéfique ni à l'employeur ni à l'employé. «Nous étions et nous sommes totalement disponibles à répondre aux doléances réglementaires des travailleurs et syndicats de l'éducation et les portes du dialogue civilisé sont toujours ouvertes», ne cesse de répéter Nouria Benghebrit à l'adresse du Cnapest (Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire).
A partir du moment où la ministre s'engage à répondre aux doléances réglementaires du syndicat, pourquoi alors le dialogue n'aboutit pas' Dans le secteur de la santé, la tutelle a également affirmé, depuis le déclenchement de la grève, que «les portes du dialogue avec les médecins résidents seront toujours ouvertes» et que «leurs revendications relatives à l'amélioration des conditions de travail ont été prises en charge à travers la prise de mesures incitatives conformément à la loi en vigueur».
Reste leur revendication relative au service civil dont la prise en charge nécessite une coordination avec d'autres ministères et des prises de décisions à un niveau plus haut. Le ministère n'a pas refusé de négocier cette question. Il a même installé une commission pour l'étudier, mais cela reste loin de convaincre le syndicat des médecins-résidents qui refusent de reporter à une date ultérieure la prise en charge de ce point. Un entêtement qui ne fait que corser le duel entre les deux parties.
Et avec la décision de la justice de déclarer les grèves observées dans l'ensemble des secteurs comme «illégales», les syndicats risquent de camper sur leur position. Le citoyen exaspéré par ces grèves sans épilogues, risque, lui aussi, de monter au créneau et d'exprimer sa colère.


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