Sur les visages des manifestants, il y a certes de la joie, mais aussi de la colère et surtout de la détermination. La détermination à faire aboutir la révolution du sourire, comme voulu par le peuple algérien depuis le 22 février. Le 30e acte de la manifestation dominicale avait quelque chose de spécial, dimanche à Montréal. Malgré la participation d'une partie des manifestants au relais-vélo, qui a mené des dizaines de cyclistes à rallier le Parlement fédéral à Ottawa, le rassemblement du dimanche à la place du Canada, à Montréal, a drainé quand même beaucoup de monde. Sur place, le décor était planté peu avant 11h. Et les slogans n'ont pas tardé à fuser, amplifiés par la sonorisation. "Système dégage", "Bensalah, Bedoui, dégagez", "Etat civil et non militaire", "Pas d'élection avec la bande", scande la foule à tue-tête. Les arrestations arbitraires et la répression de la révolution populaire ont révolté les Algériens du Canada, qui estiment nécessaire d'accélérer la cadence de la pression sur le pouvoir de fait. "Libérez les détenus", réclame-t-on. Les portraits des détenus d'opinion ont trôné encore une fois au milieu de la manifestation à Montréal. "Je suis Karim Tabbou", lit-on sur une pancarte brandie par une manifestante. Les manifestants rejettent la tenue de l'élection présidentielle et réclament une période de transition démocratique, seule à même de jeter les jalons d'un futur Etat de droit où le seul arbitre de la cité sera le citoyen et non plus les officines des casernes. "La tenue de la présidentielle dans les conditions actuelles a pour seul objectif de régénérer le système qui dépouille le peuple de sa souveraineté pour la placer entre les mains des militaires. C'est ce système en vigueur depuis l'indépendance que nous voulons changer, son départ est salutaire pour l'Algérie", rugit un manifestant, partisan d'une plus grande radicalisation du mouvement populaire. L'agora qui se tient parallèlement à la manif a permis à des intervenants d'esquisser des perspectives pour le hirak qui, plus que jamais, doit redoubler de mobilisation, estime-t-on.Le Forum des Algériens de Montréal, qui a tenu sa 16e assemblée dimanche juste après le rassemblement de contestation, a insisté sur la nécessité de continuer le combat pacifique jusqu'au changement du système de gouvernance. La convocation du corps électoral par le chef de l'Etat par intérim pour le 12 décembre ne peut passer, aux yeux des présents à la rencontre. Ces derniers ont tranché, disant que l'élection n'aura pas lieu, du moins à Montréal. Et ils se disent convaincus que le peuple algérien saura faire barrage à ce coup de force du pouvoir. Les comités de travail qui composent ce forum ont fait état des actions qu'ils comptent entreprendre à l'avenir. Le comité chargé des conférences organisera le 5 octobre un débat avec Mortada Zabouri à Montréal. Le comité de réflexion sur l'Assemblée constituante poursuit ses travaux, alors que celui chargé des droits de l'Homme dit avoir saisi le Parlement canadien sur la violation des libertés du peuple algérien. Un autre comité penche sur les transferts de devises depuis l'Algérie. Ce comité veut aussi confirmer si l'ancien ministre Noureddine Zerhouni est effectivement installé au Québec. Le Forum a clos ses travaux par une déclaration dans laquelle il dénonce les arrestations arbitraires de manifestants et dit s'opposer à la tenue de l'élection présidentielle selon l'agenda du pouvoir de fait qui, au final, ne vise qu'à régénérer le système que le peuple veut faire partir.
Yahia Arkat
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Posté Le : 17/09/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yahia ARKAT
Source : www.liberte-algerie.com