Algérie

Les algériens compatissent au malheur des réfugiés syriens, l'Etat se réveille doucement



Les algériens compatissent au malheur des réfugiés syriens, l'Etat se réveille doucement
De nombreux algériens et des associations se sont mobilisés avec les moyens du bord pour des réfugiés syriens qui ont trouvé refuge en Algérie pour fuir la guerre. L'Etat algérien, un peu décalé, se réveille doucement. Les ONG insistent pour que les autorités reconnaissent le statut de réfugiés aux syriens et de ne pas les considérer comme des « touristes ».
« Aidez moi, je suis syrienne ». Dimanche après midi à Alger, près de la grande poste, une dame en djellaba noire interpelle les passants, carte d'identité en main. Comme beaucoup d'autres Syriens venus à Alger, elle s'est « installée » au square Port Saïd, sans grandes ressources. Au Square Port, ce sont des dizaines de familles qui ont élu « domicile » sur le gazon en quêtant une ombre rare sous les palmiers. Une mère accompagnée de son fils sillonne les rues aux alentours du square en quête d'aide. Elle avait quitté Damas pour fuir la guerre, elle se retrouve sans rien. Comme de nombreuses familles qui se rassemblent devant les mosquées en attente de l'aide généreuse des fidèles. Selon une source officieuse, ils seraient aujourd'hui plus de 12.000 à se trouver en Algérie. Le président de la Commission nationale de promotion et de protection des droits de l'Homme, Farouk Ksentini, (CNPPDH) les a estimés à pratiquement le double en se fondant sur les affirmations des représentants des réfugiés syriens. Les chiffres restent incertains mais il est clair que le flux important de réfugiés est important. Il est favorisé par l'existence d'un accord bilatéral algéro-syrien facilitant la circulation des personnes. Les nationaux des deux pays n'ont pas besoin de visa pour se rendre en Syrie ou en Algérie. Une possibilité que les syriens utilisent en dépensant chèrement pour le prix du voyage vers l'Algérie. Ils ont trouvé refuge à Alger mais aussi dans d'autres grandes villes comme Tlemcen, Oran, Annaba ou Constantine. Les algériens tentent d'apporter de l'aide à ces nombreuses familles qui mangent et dorment dans la rue. Des initiatives individuelles se sont multipliées pour leur apporter de la nourriture, des vêtements ou pour donner de l'argent. Des ONG locales, à l'instar de l'association Nada, se sont mobilisées pour recueillir des dons en faveur des réfugiés. Une réunion de travail et de coordination au niveau du siège de NADA a été organisée, pour fédérer les énergies. Elle a regroupe des représentants des associations Nass el Khir, les Scouts musulmans algériens, Touiza, Star Jeunesse, le délégué du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et le Conseil italien des réfugiés.
Des réfugiés pas des touristes
Ces associations déplorent cependant l'absence de réponse claire de la part de l'Etat, notamment en ce qui concerne le statut de ces personnes. Les Syriens présents sur le territoire algérien sont considérés comme des simples « touristes », qui doivent repartir chez eux après leur « séjour », d'une durée de trois mois maximum. Le président de la CNPPDH a indiqué au quotidien Liberté, avoir transmis un courrier au président de la République, où il lui décrit la situation dramatique des Syriens. La définition d'un statut clair est essentielle pour permettre une prise en charge réelle de ces milliers de nouveaux venus. Un communiqué du ministère de l'Intérieur et des collectivités locales, a indiqué que la situation humanitaire des réfugiés syriens a fait l'objet d'une réunion interministérielle lundi. Selon le communiqué, la première phase de l'aide consistera en « la prise en charge, par chaque wilaya avec le concours de la Sûreté Nationale, du Croissant Rouge algérien, de la Protection civile, des Scouts musulmans algériens et éventuellement de la société civile, de toutes les personnes qui sont sans abri pour leur offrir un hébergement décent et l'alimentation nécessaire ». Dans une deuxième phase et « au terme d'un recensement plus exhaustif qui demandera quelques jours, d'autres mesures déjà envisagées seront mises en 'uvre ». Le porte-parole des affaires étrangères, M.Amar Belani, affirme que la question des « ressortissants syriens qui séjournent actuellement dans notre pays » est prise en charge. "Partant de notre devoir de solidarité à l'égard de ces ressortissants syriens, un dispositif spécifique et des mesures pratiques de soutien et d'assistance seront mis en 'uvre incessamment à travers l'implication d'un certain nombre d'intervenants publics ou auxiliaires dont notamment les services du ministère de la Solidarité nationale et de la famille et le Croissant-Rouge algérien dont les comités de wilaya sont déjà à pied d''uvre", a-t-il indiqué. Les associations qui soutiennent les réfugiés attendent de connaître les mesures concrètes qui seront prises. Elles insistent sur le fait que l'Etat algérien doit admettre qu'il s'agit de réfugiés et non de simples « touristes ».
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