Algérie

Les Algériens au rendez-vous du 16e vendredi de mobilisation demain


L'Algérie sera, demain, au 16e rendez-vous de la mobilisation populaire contre le système politique qui n'a pas encore réalisé ses objectifs, même si des acquis incontestables ont été arrachés.Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le mouvement populaire aborde son 16e acte au lendemain de l'Aïd qui n'a pas fait oublier aux citoyens l'essentiel. Les appels à la mobilisation sont lancés en même temps que les messages de v?ux.
Après un mois de Ramadhan éprouvant, durant lequel la mobilisation est restée intacte, il est fort à parier que la mobilisation s'accélère et se renforce encore, avec un ajustement des slogans avec l'actualité.
Le vendredi passé, le mot d'ordre principal était de rejeter l'appel du chef d'état-major de l'armée au dialogue tant que les figures du système, notamment le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah et celui du gouvernement, Noureddine Bedoui, sont en place.
Les marches étaient également un moment d'hommage à Kamel-Eddine Fekhar, militant des droits de l'Homme décédé suite à une grève de la faim pour protester contre son incarcération pour ses opinions politiques.
Les marches de demain interviennent au lendemain de l'annonce officielle de l'annulation de l'élection présidentielle du 4 juillet. Dans son communiqué, le Conseil constitutionnel a laissé entendre que Bensalah sera toujours maintenu jusqu'à l'élection du futur Président.
Une provocation ' En tout cas, en même temps qu'ils ont salué l'annulation du scrutin qui est considéré comme une victoire du mouvement populaire, les Algériens, surtout la classe politique et le mouvement associatif, ont dénoncé le maintien du chef de l'Etat, qui est un obstacle majeur pour tout dénouement de la crise.
Ils ont rejeté toute nouvelle élection et tout dialogue avec les figures du système. D'où les prévisions d'une grande mobilisation des Algériens demain.
«La mobilisation pour ce 16e vendredi sera intacte comme les précédentes parce que rien n'a changé», prévoit le président de l'association RAJ, Abdelouahab Fersaoui, qui explique que l'annulation ou le report des élections prévues pour le 4 juillet n'est pas une fin en soi.
«Certes, c'est un autre acquis de la mobilisation pacifique des Algériennes et des Algériens depuis le 22 février mais il est loin des attentes du mouvement qui demande le changement du système. Le maintien des élections de cette manière ne peut que régénérer le système en place», a-t-il affirmé dans une déclaration au Soir d'Algérie.
Pour lui, le peuple déterminé et engagé à mener son mouvement jusqu'au bout est conscient des enjeux du moment. Les mêmes prévisions sont faites par le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi que nous avons contacté. A ses yeux, les marches de demain dans toutes les wilayas seront celles du défi, semblables à celles qui se sont déroulées le mois de Ramadhan.
« Rien ne pourra arrêter la détermination du peuple, surtout que sa mobilisation pacifique a payé, après l'annulation des élections, une victoire partielle, qui appelle d'autres, à savoir le départ des symboles du système et la transition vers un nouveau système, celui des libertés et de la dignité », a-t-il dit.
«Je pense que la mobilisation sera toujours intacte, il suffit d'un tour d'horizon sur les réseaux sociaux pour voir la détermination des gens», a-t-il ajouté, appelant au respect des libertés de manifestation pacifique et de circulation, car les dispositifs de sécurité et les interpellations de manifestants pacifiques sont injustifiés.
Mustapha Hadni, coordinateur du PLD, s'attend, lui aussi, à une forte mobilisation des Algériens. «Cela fait 15 vendredis que le peuple algérien est dans la rue, réclamant sans cesse le départ du système. Cette dynamique a non seulement brisé le mur de la peur mais également est inscrite dans la durée», a-t-il soutenu.
Il estime que la 16e marche sera une énième démonstration d'une grande mobilisation populaire.
«Le stade de maturation politique atteint fait que le peuple est déterminé à dégager une fois pour toutes le régime en place, tout en étant prêt à consentir tous les sacrifices utiles et nécessaires pour l'avènement d'une nouvelle République. L'essoufflement sur lequel mise le pouvoir est voué à l'échec», a encore expliqué notre interlocuteur.
Les Algériens ne veulent surtout pas abandonner la Révolution au milieu du chemin.
K. A.