Algérie

Les Algériens à contre-courant



Le taux de participation s'est établi à 35,5% (contre 46,1% en 2002, enbaisse de près de 10 points). Est-ce là un boycottage des élections? La réponse n'est pas aussiévidente! Le divorce entre les Algériens et leur «société de spectaclepolitique», criant depuis des décennies, n'a que peu à voir directement avec la«maladie» du président de la République voire l'insécurité. Elle est PEUT-ÊTREplus liée aux tendances structurelles: le chômage, la paupérisation, la crisede logements, les fraudes (qui ont émaillé les anciennes consultationsélectorales) et tant d'autres facteurs devenus insupportables à de largescouches sociales. Ce sont-là des lectures qui ontdéjà été faites. Elles me paraissent faciles, simplistes. Elles valent autantque celles des rues algériennes: «je ne donnerai pas ma voix à quelqu'un qui nefera rien pour nous et aura un salaire mensuel de 30 millions de centimes!»  Chercher la «cause causante» enpolitique, la «corrélation significative» (disent les économistes) relève de lagageure scientifique tellement la modestie en ce domaine est plus que derigueur: nous n'avons pas des connaissances précises des «demandes sociales»des Algériens -de tous les Algériens.  L'on peut, certes, émettre desopinions, des points de vue... mais ces derniers ne valent que ce qu'ils sont:des a priori politico-idéologiques d'une partie, d'une frange, d'un pan de lasociété. Ni plus ni moins. Qui, pour être valables, doivent être confrontés àtous les autres, pondérés selon leurs poids réels (ce qui pose un immenseproblème, pour les chercheurs). Nous connaissons donc peu de cequ'ont dit les Algériens le 17 mai 2007 - ce qu'ont dit TOUS les Algériens,ceux qui ont «participé» et ceux, presque 2 sur 3, qui sont restés chez eux (etcomme ils n'ont pas «voté», PERSONNE n'est autorisé à s'exprimer à leurplace... mais est-ce que cela peut être compris?.  L'on peut, cependant, prendrequelques pistes. Et, par audace, supputer ce qu'il n'est plus possible de fairechez nous en politique (à l'algérienne). La première de toutes: avec cetaux de participation, l'on ne peut plus envisager de réviser la Constitutionpar voie parlementaire. Il y a un retour à la case départ: la Révision ne peutque passer par voie référendaire.  Une voie difficile. Qui, si elleest prise, vaudra un plébiscite ou un désaveu. Car chacun lorgnera sur... letaux de participation. Somme toute, une Révision de la Constitution parréférendum à un taux de participation supérieur à ce misérable 35,5%, c'estmieux!  Le problème cependant secomplique: une Révision qui viserait à renforcer les prérogatives de notreParlement, à donner plus de poids au Législatif -comme chacun le souhaite- n'aplus de sens aujourd'hui. L'Assemblée nouvellement élue ne le mérite pas(n'ayons pas peur des mots!). Nos juristes et notamment nosconstitutionnalistes diront: «ça n'a rien à voir!». Dans les principes: certesoui. Mais... la volonté populaire, en «boudant» le scrutin du 17 mai, a indiquéun signal fort: nous nous devons d'abord de renforcer les pouvoirs del'Exécutif, d'affermir l'autorité de l'Etat. En cela, les Algériens sont àcontre-courant de ce vers quoi s'acheminent les grandes démocraties! Mais quipeut le leur reprocher?


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