Algérie

Les Algériennes pendant la guerre de libération



L?autre bataille entre la France et le FLN Les moudjahidate ont été les plus grandes oubliées de l?Histoire. Diane Sambron se penche sur le rôle des femmes dans cette guerre, sur l?enjeu qu?elles ont représenté pour l?armée française et le FLN. Paris. De notre bureau En ces temps-là, on les appelait les femmes musulmanes. Une identité floue et réductrice. Femmes musulmanes, comme si musulmanes n?est pas assez féminin. En ce temps-là, on ne disait pas Algériennes et pas encore femmes algériennes. Très peu présentes dans le mouvement nationaliste avec le déclenchement de la guerre de libération, « les femmes musulmanes » deviennent visibles et prennent les armes. « Le conflit qui débute place les femmes musulmanes au c?ur de problématiques et d?enjeux inédits : elles sont rapidement considérées comme un élément important susceptible de faire basculer le devenir de l?Algérie. L?opinion des femmes ? quatre millions d?avis et de soutiens potentiels ? devient un véritable enjeu entre le FLN et l?armée française au travers de politiques d?action psychologique très actives », remarque l?historienne Diane Sambron. C?est la bataille d?Alger qui sera l?élément déterminant. L?armée française découvre l?engagement des femmes avec les poseuses de bombes et les réseaux de soutien. Seulement 0,2% des Algéroises inscrites sur les registres des anciens combattants ont commencé leurs activités en 1954, 7,9% en 1955 et 23,5% en 1956. A partir de cette date, jusqu?en 1958, près de 2000 femmes s?engagent annuellement. Devenues un enjeu majeur, elles font l?objet d?une sollicitation par l?armée française et par le FLN. Le sort de la guerre se décide à ce niveau aussi. L?administration française multiplie les gestes pour « émanciper » la femme algérienne. Au moment de l?adoption du référendum pour les institutions de la Ve République en septembre 1958, les Algériennes se découvrent subitement Françaises, jouissant des mêmes droits et devoirs que leurs concitoyennes, et surtout concitoyens algériens. « Vous êtes inscrites sur les listes électorales comme les hommes et les femmes de la Métropole. Vous allez voter pour la première fois, ce qui signifie l?accès à l?égalité avec les hommes. L?Algérie nouvelle ne se fera pas sans vous. » Devant ces opérations de séduction, le FLN réalise très vite le danger et cherche une parade. Le FLN fait un constat. « L?ennemi, en engageant l?émancipation de la femme, vise deux buts : un but immédiat, gagner la confiance de l?Algérienne pour avoir le mari, le fils, le frère, faire échouer notre lutte et un but publicitaire. » Le FLN, qui a déjà perdu la lutte pour l?émancipation de la femme, opte pour la culpabilisation des femmes en établissant l?équation voter = renier sa religion et devenir Français, et aussi en proposant comme modèle une évolution à l?égyptienne ou à la syrienne. A partir de 1958, le rôle de la femme se trouva accru, et changea de statut. L?Algérienne n?est pas une combattante avec les armes, mais devait plus s?occuper de la logistique et de la psychologie envers la population féminine. Les femmes étaient acceptées dans les maquis comme infirmières, mais pas comme combattantes. « Mais après la guerre, cette participation des Algériennes à la guerre de libération nationale est reconnue avec force, dans les discours et les textes constitutionnels? Mais le statut de la femme, soubassement et reflet de l?arabité et de l?islamité, évolua vers un retour de l?orthodoxie religieuse », observe Diane Sambron. Le code de la famille est ensuite passé par là.


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