Au-delà du désastre écologique, les incendies de forêt enregistrés durant la saison estivale de chaque année ont des répercussions non moins lourdes sur les secteurs d'activité économique dont l'activité est directement liée à l'exploitation des ressources naturelles.
C'est le cas du tourisme de montagne et de l'agriculture. En conséquence, l'indemnisation des agriculteurs sur les pertes subies lors des incendies de forêt qui ont affecté plusieurs wilayas du pays durant le mois d'août dernier suscite moult interrogations.
Dans des régions comme Tizi Ouzou, Béjaïa, Skikda, Blida ou Batna, ce sont des milliers d'hectares de couvert végétal qui ont été dévastés par les feux sans épargner ni champs arboricoles, ni bâtiments d'élevage, fourrages ou ruches pour la production de miel. Depuis, les agriculteurs endommagés attendent désespérément des aides publiques leur permettant de reconstituer leurs exploitations. Cependant, en l'absence de couverture par les organismes d'assurance, l'indemnisation des dégâts subis reste problématique.
En conséquence, tandis que les populations agricoles qui sont victimes de ces feux de forêt attendent des subventions de l'Etat, sous une forme ou une autre, les pouvoirs publics, eux, ne se voient pas dans l'obligation d'intervenir systématiquement avec des aides ; dès lors, les pertes dues aux catastrophes, dont les incendies, devraient être pris en charge dans le cadre de contrats d'assurance sur les productions et équipements agricoles. Ainsi, la vague d'incendies de cet été a démontré à quel point l'assurance agricole en Algérie est peu utilisée par les professionnels de l'agriculture. Le nombre d'exploitants qui contractent des polices d'assurance est infime en dépit du risque élevé qui plane sur leurs biens face à des catastrophes comme les incendies, les intempéries, les inondations ou autres. Cette situation n'est toutefois pas nouvelle si l'on tient compte de ce que représente le segment assurance agricole dans les activités du secteur des assurances avec une moyenne annuelle inférieure à 5% du chiffre d'affaires global des organismes d'assurance.
Nouveau système de gestion des risques
C'est sans doute ce handicap qui a fait réagir la semaine dernière le directeur des services agricoles de la wilaya de Tizi Ouzou appelant les agriculteurs à souscrire des contrats d'assurance pour se prémunir des catastrophes naturelles. «Au vu de la loi, les dégâts causés aux biens agricoles (exploitations, plantations, élevages) par les incendies, les intempéries et autres risques et calamités naturelles, ne sont pas pécuniairement indemnisables par l'Etat», a indiqué M. Boussad Boulariah, DSA de Tizi Ouzou pour qui «seuls les organismes d'assurance agricole peuvent répondre dans ces cas, d'où l'intérêt qu'ont les agriculteurs à assurer leurs biens pour prétendre au dédommagement financier de leurs pertes». Il fera remarquer aussi que «par manque de culture en la matière, sous-tendu par une certaine disposition à l'assistanat, les agriculteurs, au niveau national, ne perçoivent l'importance de l'assurance agricole qu'en cas de sinistres générés par des risques et des catastrophes naturelle, sans prendre la précaution de protéger leurs biens par une assurance».
Dans le sillage de son constat et pour illustrer ce manque d'intérêt manifesté à l'égard de l'assurance agricole, le responsable en question citera un cas : «sur un millier d'agriculteurs de la wilaya touchés par la tempête de neige de février dernier, seuls trois aviculteurs avaient souscrit une assurance de leurs biens auprès de la Caisse de mutualité agricole (CMA)». Pour tenter de trouver une solution à ce problème «structurel», le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, avec l'appui de la FAO (organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation vient de lancer un nouveau système de gestion des risques et calamités agricoles, basé sur les contrats d'assurance.
En outre, des producteurs agricoles sont touchés par des calamités, l'Etat prévoit des dispositions ad hoc de dédommagement, comme cela se fait dans le cadre du Fonds national pour le développement des investissements agricoles (FNDIA), comprenant l'octroi de subventions pour le repeuplement de superficies oléicoles, l'achat de ruches, l'aménagement d'étables, entre autres.
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Posté Le : 10/09/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Naili
Source : www.elwatan.com