Algérie - 05- La période Ottomane


Les Aghas d'Alger 1659 - 1671
Après quelques jours de désordre, l'émeute s'apaisa ; les Janissaires se réunirent en Grand Divan, et y proclamèrent la déchéance des Pachas, en tant que pouvoir exécutif. Le titre leur fut conservé, ainsi que quelques honneurs et quelques droits régaliens ; mais on leur interdit de se mêler en quoi que ce fût du Gouvernement, que se réserva le Divan, présidé par l'Agha de la Milice. Or, comme ce dernier ne devait jamais rester en charge plus de deux mois, la révolution de 1659 changeait donc le pachalik en une république militaire, de laquelle chaque Ioldach devait devenir président, à son tour d'ancienneté. Cette conception bizarre n'était évidemment pas réalisable ; mais, au moment de son éclosion, elle était une revanche de la Milice contre la Taïffe des Reïs, dont le pouvoir n'avait cessé de grandir sous le règne des Pachas.
Tout ce mouvement avait été effectué avec moins de désordres et de violences qu'on n'eût pu le craindre ; le nouveau pacha Ismaïl s'était courbé devant l'orage, ce qui ne l'empêchait pas d'intriguer en secret auprès des cours de l'Europe (1) ; les résidents étrangers, voyant les Reïs abaissés, espéraient que leur sécurité y gagnerait et que la piraterie venait de recevoir un coup mortel ; ils se trompaient, en ne voyant pas qu'elle était fatalement nécessaire à l'existence de l'Odjeac ; car tout État qui a une grosse armée à entretenir, et qui n'a ni commerce, ni industrie, ni agriculture, est forcé de vivre aux dépens de ses voisins. Mais M. Barreau était tout confiant et rendait compte des événements en ces termes : " Ce mois de juin, la Douane, continuant toujours dans les bonnes dispositions qu'elle a prises de maintenir la correspondance avec les pays étrangers et particulièrement avec Marseille, s'étant fait informer, tant de ses propres sujets que de marchands chrétiens et autres, des raisons pourquoi son port semblait abandonné, aussi bien que le pays de sa domination, et lui ayant été représenté que la trop grande autorité qu'elle a laissé prendre aux Bâchas qui viennent de la Porte du Grand Seigneur leur donnait occasion de faire beaucoup d'extorsions et avanies, c'est pourquoi elle se serait résolue, pour le bien et avantage de tous, d'abolir entièrement cette autorité démesurée qu'elle s'était imposée, et, pour cet effet, aurait interdit et défendu à celui qui est de présent en charge de ne se mêler de quoi que ce soit, etc. "
En effet, le Divan avait reçu avec faveur les réclamations du commerce, s'était fait lire le Cahier de leurs demandes, et avait accordé un nouveau tarif de douane et une diminution des droits, le tout inscrit au registre des délibérations. Cette accalmie ne dura pas longtemps. D'un côté, la Cour de France n'accorda aucune foi aux bonnes dispositions du Divan ; le chevalier de Valbelle continua à harceler les Reïs et le commandeur Paul à compléter ses armements ; de l'autre, l'anarchie ne tarda pas à régner à Alger.

Khalil
Le Boulouk-bachi Khalil, qui, en sa qualité de chef de l'insurrection, s'était fait proclamer Agha, viola le premier la nouvelle constitution, en cherchant à s'éterniser dans sa charge.

Ramdan
Les Mansul-aghas le massacrèrent, et lui donnèrent pour successeur Ramdan, qui vécut en paix avec la Milice, eut l'habileté de se faire proroger par elle, et donna à la Course un développement formidable. Les provinces de l'Est étaient en pleine insurrection ; le Bastion étant détruit, les Indigènes, comme de coutume, refusaient l'impôt, et la Kabylie, depuis l'embouchure du Sebaou jusqu'à Bougie, reconnaissait comme émir indépendant Si Ahmed ben Ahmed, qui résidait à Tamgout.

Chaban
Avant la mort de Khalil, le consul s'était vu en butte à de nouvelles persécutions, dues aux prises faites sur les côtes de France et d'Espagne par les chevaliers de Malte. Il était parvenu à apaiser la colère de l'Agha et avait sollicité d'Ismaïl-Pacha, qui venait d'arriver à Alger, une lettre favorable au commerce ; celui-ci l'avait donnée d'autant plus volontiers, que, n'ayant aucun pouvoir, elle ne l'engageait absolument à rien.
Ce fut le dernier acte consulaire de M. Barreau : Saint Vincent de Paul était mort le 27 septembre 1660 ; dès 1658, il avait désigné comme consul futur d'Algérie Frère Dubourdieu, qui y fut envoyé par M. Alméras, successeur de saint Vincent. Il y arriva en 1661, juste à temps pour assister au meurtre de Ramdan, qui fut remplacé par Chaban-Agha. D'après le Miroir de la charité chrétienne (2), Ramdan fut assassiné le jour de la Saint-Laurent 1661 (10 août). " Son successeur fut Chaban-Agha, renégat Portugais, homme prudent, mais suivant la chair. " D'Aranda raconte que Ramdan fut tué avec vingt-huit de ses partisans pour avoir voulu s'adjuger une part de prise trop forte : les cadavres furent jetés aux chiens ; la milice fit ensuite sortir de prison et élut l'ancien Pacha Ibrahim, dont le premier acte fut de vouloir faire égorger Chaban, qui le fit maçonner entre quatre murs (3). "

Extension de la Course
La Course continuait avec acharnement ; Marseille estimait ses pertes à plus de quatorze cent mille écus ; les croisières du duc de Mercœur et du commandeur Paul n'y faisaient rien : les Reïs avaient pris l'habitude de ne plus naviguer qu'en escadre. L'amiral anglais se voyait refuser à Alger et à Tunis la liberté de ses concitoyens, dont on lui demandait cent rixdales par tête. Livourne faisait savoir que la dernière saison coûtait à l'Italie plus de deux millions de livres, et cinq cents hommes pris par les Algériens.

Croisières de Ruyter et du duc de Beaufort
Le duc de Tursi, Grimani, Ruyter, le marquis de Créqui, le commandeur Paul, tenaient la mer, et faisaient tous leurs efforts pour arrêter les progrès du mal. Le chevalier de Valbelle débarquait à l'improviste, et enlevait cinq cents hommes, qui allaient grossir la chiourme de Malte ; le comte de Verüe s'embusquait hardiment dans une petite crique voisine d'Alger, et s'emparait à la pointe du jour d'un navire sur lequel il trouvait " quatre gentilshommes maures et le neveu du Pacha, " dont on lui offrait 2,500 rixdales de rançon. A la suite de cet événement, les Algériens construisaient les Bordj Ras-Tafoural et Mers-ed-Debban. La flotte anglaise et l'escadre de Gênes croisaient dans les mers barbaresques, commandées par Montagüe et Centurione. Tout cela ne semblait pas intimider les Reïs, dont l'escadre, forte de trente vaisseaux, amarinait pendant l'automne de 1661, douze bâtiments anglais, neuf hollandais, et douze français ou italiens. Après le meurtre de Ramdan, le Divan avait décidé qu'on ne ferait plus de traités avec les Chrétiens ; mais tout en faisant cette bravade, il demandait du secours à la Porte, voyant toute l'Europe en armes contre lui. Le duc de Beaufort, pendant le printemps de 1662, enlevait une vingtaine de vaisseaux corsaires ; au même moment, de violentes tempêtes et des tremblements de terre détruisaient le môle ; onze vaisseaux et neuf prises coulaient bas dans le port ; Ruyter profitait de l'émotion causée par cet événement pour obtenir une trêve de huit mois. Sur ces entrefaites, la flotte anglaise, commandée par Montagüe, comte de Sandwich, parut devant les côtes d'Afrique, où elle canonna le 1er et le 2 avril la ville de Bougie, après avoir pris quatre vaisseaux en trois jours. De là, elle donna la chasse à l'escadre des Reïs, qu'une tempête violente déroba à son attaque ; elle manœuvra cependant de façon à l'acculer à la rade d'Alger, qu'elle savait occupée par Ruyter, mais son chef ignorait que celui-ci venait de traiter avec le Divan. Aussi la surprise des Anglais fut-elle égale à leur colère quand ils virent les Reïs défiler impunément sous le canon des Hollandais, et rentrer dans leur port. Cet avortement d'une expédition bien commencée porta Montagüe à conclure avec les États barbaresques une paix peu avantageuse pour son pays ; M. de la Guette, dans une lettre adressée à Colbert le 29 septembre 1662, la trouve " assez honteuse. "
Au mois d'octobre, les esclaves chrétiens, d'accord avec les Berranis, tentèrent une révolte à main armée ; ils furent trahis et durement châtiés ; un dominicain, qui devait les introduire dans la citadelle, fut empalé vif, après avoir été torturé sans avoir voulu nommer ses complices.
Cependant la France s'était décidée à occuper en permanence une position sur la côte, pour en faire une place d'armes contre la piraterie ; on a vu que le Conseil Royal avait jadis envoyé en secret le chevalier de Clerville, ingénieur des armées, en le chargeant de reconnaître l'endroit le plus favorable à une installation. Le 22 juin 1662, le chevalier adressait à Colbert un rapport, dans lequel il recommandait Stora comme lieu de débarquement. Au printemps de 1663, le commandeur Paul commença les opérations par une brillante croisière, qui coûta une vingtaine de navires aux corsaires ; mais il ne put réussir à débarquer à Collo, à cause de la prudence exagérée de l'un de ses capitaines, M. de Fricambault ; les mauvais temps survinrent, et il dut rejoindre l'escadre du duc de Beaufort. Celui-ci mouilla le 2 août devant Stora, où il put faire de l'eau et des vivres frais sans être inquiété par les Kabyles ; de là, il se dirigea, en faisant quelques prises, sur Dellys, et sur Alger, dont il voulait incendier la flotte dans le port. Les pilotes, soit par ignorance, soit par trahison, prirent trop au large, faillirent perdre deux vaisseaux, et la flotte, qui eut dû être en position devant le môle au milieu de la nuit, se trouva le matin à deux heures à l'ouest de la ville. Elle fut signalée, et la surprise fut ainsi manquée. L'amiral se retira, après avoir poursuivi à demi-portée de canon des forts un vaisseau qui était venu le reconnaître : il en prit cinq autres, en allant à Ivica, où la tempête le força de se réfugier.

Une peste terrible, qui ravageait la Régence, gagna la ville et la banlieue de Toulon ; elle fit périr à Alger plus de dix mille esclaves chrétiens et un grand nombre d'habitants. Les Hollandais et les Anglais, sous les ordres de Corneille Tromp et de l'amiral Lawson, protégeaient le commerce de leurs nationaux ; par représailles, le Divan fit charger de chaînes le consul anglais Wenter, en lui réclamant un million d'écus d'or d'indemnité pour les prises faites par Lawson.

Expédition de Djigelli
Le Conseil Royal avait décidé l'occupation de Djigelli, et les préparatifs avaient été faits pendant le printemps de 1664. Le 19 juillet, le duc de Beaufort paraissait devant la côte de Barbarie avec soixante bâtiments, dont seize vaisseaux de guerre, douze navires, vingt-neuf barques de transport, et un brûlot ; l'armée de débarquement était d'environ sept mille hommes, sous les ordres du comte de Gadagne. Le 21, la flotte mouilla devant Bougie, et il fut un instant question de s'emparer de cette ville, qui se trouvait complètement dépourvue de défenseurs ; c'était ce qu'il y avait de préférable à tous égards, et l'on ne peut pas comprendre que les chefs de l'armée aient cédé à l'opposition du chevalier de Clerville, qui fut le mauvais génie de l'expédition, depuis le commencement jusqu'à la fin. Le 22 au matin, on jeta l'ancre devant Djigelli, dont on reconnut les abords ; le lendemain, le débarquement fut effectué, et la ville prise après un combat assez vif. Dès le surlendemain, les Kabyles attaquèrent le camp, et les deux mois suivants s'écoulèrent en escarmouches journalières. Pendant ce temps, les Turcs sortaient d'Alger, et faisaient demander le passage aux Indigènes ; ceux-ci, flottant entre la répulsion que leur inspirait le Chrétien, et la haine séculaire qu'ils nourrissaient contre l'Adjem, étaient fort hésitants, et le général eut pu, avec un peu plus de diplomatie, les faire pencher en sa faveur. Mais le désordre le plus complet régnait dans le commandement de l'armée ; on ne faisait rien d'utile, et le temps s'écoulait en stériles discussions et en vaines querelles. Le mal venait de la Cour, où les pouvoirs de chacun n'avaient pas été bien définis ; Gadagne se considérait comme le maître absolu des opérations de terre, et, n'osant pourtant pas s'opposer ouvertement au duc de Beaufort, traduisait son dépit par le silence et l'abstention ; le maréchal de camp La Guillotière donnait des ordres comme s'il n'avait pas eu de chef ; enfin Clerville, véritable fauteur de toute cette anarchie, intriguait tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, dépensant à cette funeste besogne le temps qu'il aurait dû employer à fortifier le camp. Ce personnage, qui avait été adjoint à l'expédition en qualité d'Ingénieur en chef, très probablement chargé d'une surveillance occulte (4), espérait obtenir la concession des comptoirs de Stora et de Collo, où il voyait la source d'une immense fortune ; il avait fait partager ses rêves à M. de la Guillotière, et il l'entraîna dans l'opposition qu'il fit à toutes les mesures qui eussent sauvé la situation. Il avait déjà, en interprétant à sa façon les ordres royaux, empêché la descente à Bougie, " que Gadagne offrait de prendre en huit heures " ; il avait négligé à dessein d'assurer les lignes, s'opposant même à ce que les autres officiers y fissent travailler ; si bien que, le jour de l'attaque suprême des Turcs, plus de trois mois après le débarquement, les soldats n'étaient pas encore couverts à hauteur de poitrine, et que les vingt premiers coups de canon de l'ennemi détruisirent les ouvrages ébauchés à peine. Enfin, après avoir répété cent fois " que les retranchements étaient inutiles, et que les lavandières de l'armée suffiraient à défendre le camp ", il fut le premier à donner l'exemple de la démoralisation, et à conseiller la retraite sans combat. Tout cela semble prémédité par lui, et l'on peut croire qu'il désirait voir échouer la tentative de Djigelli, dans l'espoir qu'elle serait reprise sur un des points où il espérait s'enrichir.

Cependant les Turcs avaient obtenu le passage. Quelques présents aux principaux chefs, les prédications du marabout Sidi-Hamoud, sans doute chèrement achetées, la profanation d'un cimetière dont les matériaux servirent à la construction d'un petit fortin, amenèrent ce résultat. Les Janissaires arrivèrent le 1er octobre, et, après quelques tirailleries, attaquèrent, le 5, à quatre heures du matin ; l'action dura cinq heures et fut très chaude ; elle se termina par la retraite des Algériens, qui eurent 700 hommes tués ou hors de combat. Les Kabyles se moquèrent d'eux, et projetèrent même un instant d'aller piller leurs tentes. Le duc, qui ne s'était pas épargné dans le combat, fut blessé à la jambe. On lui a reproché de n'avoir pas profité de ce premier succès pour pousser à fond une attaque dont la réussite eût été la ruine complète de l'ennemi, que les Indigènes auraient exterminé sans pitié ; mais l'état des troupes rendait cette combinaison impossible. Elles étaient dans le dénuement le plus absolu ; pas de vivres, pas de bois, souvent pas d'eau potable. Les vêtements manquaient, aussi bien que les munitions ; la fièvre et la dysenterie exerçaient leurs ravages. On attendait des secours de France ; ils arrivèrent le 22 octobre, conduits par le marquis de Martel, qui amenait avec lui M. de Castellan (5), chargé par le Roi d'apaiser les différends. En même temps, Beaufort recevait l'ordre de laisser à Gadagne le commandement des troupes de terre, et de reprendre celui de la croisière. Avant de s'éloigner, il proposa de diriger une attaque générale contre les Turcs, qui construisaient leurs batteries. C'était la seule chose qu'il y eût à faire ; l'influence funeste de Clerville se fit encore sentir, et le conseil de guerre se refusa à l'action. Cinq jours après, Beaufort s'embarqua, et alla croiser dans l'Est. Le 29, les batteries algériennes ouvrirent le feu ; le 30, les ouvrages imparfaits des lignes françaises étaient complètement rasés ; les troupes, se voyant entourées et arrêtées sous un feu auquel elles ne pouvaient pas répondre, se démoralisèrent en quelques heures, " les soldats disaient tout haut qu'ils allaient se faire Turcs ; " il fallut se décider à la retraite, malgré le général, qui tenait bon avec quelques braves à l'endroit le plus dangereux, et voulait mourir là. Le mouvement commença le 31 au soir, sous le feu de l'ennemi, et se changea en une honteuse débandade ; les canons, les bagages, les malades et les blessés furent abandonnés. On perdit quatorze cents hommes ; l'attaque demandée le 23 par le duc de Beaufort n'eût pas coûté la moitié de cela, quand même elle n'eût pas réussi (6).

Cette victoire enfla l'orgueil des Turcs, et rendit fort difficile la position du consul Dubourdieu, qui fut maltraité et mis à la chaîne ; au bout de quelques jours on le laissa libre, mais tous les chrétiens étaient insultés dans les rues d'Alger, même par les enfants, qui les poursuivaient au cri de Gigeri ! Gigeri ! En faisant le geste de couper une tête.

La croisière anglo-hollandaise était rompue, et les Anglais se montraient indignés de la conduite de Ruyter, qui avait profité du moment où on le croyait occupé dans la Méditerranée pour aller s'emparer du Cap-Vert et de Gorée. Le 17 février 1665, Beaufort sortit de Toulon avec six vaisseaux, atteignit la flotte des Reïs, et la força de se réfugier sous le canon de la Goulette, où il la poursuivit bravement, lui prit ou brûla trois vaisseaux ; le 2 et le 27 mai, il vint canonner le môle d'Alger, qui n'osa pas lui répondre. Le 24 août, il attaqua de nouveau les corsaires devant Cherchel, leur brûla deux vaisseaux, en prit trois, avec cent treize pièces de canon et les pavillons amiraux, qui furent portés à Notre-Dame.
La peste régnait toujours à Alger, où la Milice venait de se révolter et de massacrer Chaban, qui fut remplacé par Ali-Agha. Celui-ci était bien disposé en faveur de la France, et Dubourdieu fit savoir à la Cour qu'il serait facile de traiter, et de se faire rendre les prisonniers de 1664.

Mission de Trubert et relèvement du Bastion
M. Trubert, gentilhomme ordinaire du roi, et commissaire général des armées navales, reçut l'ordre de s'occuper de cette affaire. Les voies avaient été habilement préparées par le consul, et le traité fut signé le 17 mai 1666. Il y fut stipulé que chacune des deux nations donnerait des laissez-passer aux navires de l'autre, afin qu'ils ne pussent être traités en ennemis ; que la visite des bâtiments à la mer ne pourrait se faire qu'au moyen d'une barque ; enfin le Divan acceptait la franchise du pavillon, si longtemps contestée, et reconnaissait la prééminence du consul de France sur ceux des autres nations. Onze cent vingt-six captifs furent rendus en deux fois à l'envoyé du Roi, qui les rapatria. Les Anglais avaient cherché par tous les moyens possibles à faire échouer les négociations, et avaient été jusqu'à offrir trente vaisseaux pour la défense des Algériens, s'ils voulaient rompre la paix. En même temps le Bastion fut réoccupé, et la charge en fut donnée à Jacques Arnaud, qui venait de prendre une part très utile aux derniers arrangements, et que Colbert jugeait : " homme de beaucoup d'esprit, de pénétration et de droiture. "

Néanmoins, il était impossible de faire perdre en un jour aux Reïs leurs habitudes invétérées de piraterie ; il se commettait presque chaque jour quelques infractions, que le consul s'efforçait de faire réparer, apportant à cet effet beaucoup de patience et de fermeté ; mais, par la force même des choses, il n'obtenait, la plupart du temps, qu'un résultat négatif. Malgré ces difficultés, une tranquillité relative abrita le pavillon français sur la Méditerranée jusqu'en 1668 ; au printemps de cette année, les Reïs qui, sur l'invitation du Sultan, avaient pris la mer pour ravitailler la Canée, furent battus par les Vénitiens, et, pour se venger, firent main-basse en revenant sur tout ce qu'ils rencontrèrent ; quelques marchands français furent enlevés. Au mois de juin, le marquis de Martel sortit avec son escadre, et parut le 14 devant Alger, où il exigea une réparation ; comme le Divan essayait de tergiverser, il fit descendre à terre le capitaine de Beaujeu ; celui-ci parla si hautement que tout ce qui avait été pris fut rendu dès le lendemain. De là, l'amiral cingla vers Tunis, où il obtint le même résultat. A la même époque, il y eut dans la ville une révolte de Berranis, dont on ne connaît ni le motif, ni les détails ; le chef de la corporation des Zouaoua fut massacré, et les morceaux de son corps brûlés sur plusieurs places publiques ; les Kabyles venaient de s'insurger de nouveau, et il est très probable qu'il y a eu connexité entre ces deux faits. Le 9 octobre, le chevalier Allen arriva avec la flotte anglaise, et, par ses menaces, se fit rendre quelques captifs.

Le 12 avril de l'année suivante, le comte de Vivonne vint réclamer le châtiment de plusieurs Reïs délinquants ; on en fit pendre trois en sa présence, et il fut reçu au Divan avec les plus grands honneurs. Au mois de septembre, le chevalier Allen reparut avec vingt-cinq vaisseaux, et ne put rien obtenir ; au bout de cinq jours de pourparlers inutiles, il ouvrit le feu. La flotte des Reïs sortit à sa rencontre, et il se livra devant le môle un combat furieux, après lequel les Anglais, très éprouvés par le canon et la tempête, durent aller se radouber à Mahon.

Au mois de février 1670, le marquis de Martel parut devant Alger, y fut bien reçu, et se dirigea ensuite vers Tunis, qu'il fut forcé de canonner pour l'amener à composition. Les Anglais et les Hollandais croisaient devant la côte ; les galères du Pape, de Malte et de Sicile parcouraient la mer, et enlevaient aux corsaires tellement de vaisseaux, qu'une émeute éclata dans la ville, où la population craignait un débarquement. Pour la calmer et la rassurer, Ali distribua des présents, fit fortifier le cap Matifou et l'embouchure de l'Arrach. Le 10 septembre, le comte de Vivonne donnait la chasse à six vaisseaux turcs, et s'en emparait.

Croisières anglaises
Le 9 mars 1671, la flotte anglaise, sous le commandement d'Edward Spragge, attaqua le port de Bougie, força l'estacade et brûla douze navires sous le canon des forts. Les Algériens irrités mirent aux fers le consul anglais et les principaux de la nation, et pillèrent le consulat. Au mois de juillet, Spragge parut devant Alger, brisa les chaînes qui fermaient l'entrée du port, y brûla trois navires neufs, força les autres à se couler pour éviter le même sort, détruisit le château du Môle, et s'empara de quelques bâtiments.

Meurtre d'Ali
Cette expédition fut funeste à Ali. Depuis longtemps, les Reïs étaient mécontents de lui ; nous avons vu que les réclamations de la France l'avaient obligé à en faire châtier quelques-uns ; les autres étaient aigris par leurs pertes récentes et l'accusaient de se désintéresser des choses de la marine.
Une révolte, commandée par l'Agha de la Milice, éclata en septembre ; Ali se défendit énergiquement, fit couper la tête au chef du complot, mais finit par succomber sous le nombre ; il fut massacré et décapité ; sa femme fut torturée par la population, qui voulait lui faire révéler en quel lieu ses trésors avaient été cachés. En fait, Ali fut victime de la singulière politique que la France avait récemment adoptée à l'égard d'Alger. On a pu voir, en effet, que, sans déclaration de guerre, sans rappeler le consul, sans griefs sérieux, nos navires de guerre enlevaient à la mer tous les Algériens qu'ils rencontraient ; l'expédition de Djigelli elle-même avait été entreprise sans notification préalable ; enfin, pendant l'expédition de Candie, la flotte royale avait combattu, brûlé et pris les navires des reïs, qui, dès lors, s'étonnaient à bon droit de se voir interdire la Course sur nos bâtiments marchands.

Nouvelle révolution
Le meurtre d'Ali fut suivi d'un désordre complet : les soldats envahirent la Casbah, et se payèrent par leurs propres mains de l'arriéré de solde ; ils nommèrent en trois jours cinq ou six Aghas, qui se gardèrent bien d'accepter ce poste dangereux. Pendant ce temps, la Taïffe des Reïs s'était assemblée, et sa décision transformait l'émeute en une véritable révolution ; la souveraineté des chefs de la Milice disparaissait devant la prééminence de la Marine ;

Avènement des Deys- Hadj Mohammed-Treki
Les Aghas étaient remplacés par les Deys, dont le premier fut Hadj-Mohammed-Treki. Comme leurs prédécesseurs, ils furent investis du pouvoir exécutif : mais ils étaient nommés à vie et ne tardèrent pas à profiter des moyens que leur donnait la position qu'ils occupaient pour la transformer en une sorte de dictature ; les Pachas restèrent dans leur nullité. On n'a pas très bien compris jusqu'ici que la révolution de 1671 était l'œuvre des marins, toujours en lutte avec les janissaires ; il est cependant facile de s'en rendre compte, en constatant que les Aghas furent dépossédés, et que les quatre premiers Deys, Hadj Mohammed, Baba-Hassan, Hadj' Hussein (Mezzomorto) et Ibrahim furent choisis parmi les capitaines corsaires. Hadj Mohammed était un vieux reïs, à peu près tombé en enfance, qui abandonna le gouvernement à son gendre, Baba-Hassan, un des hommes les plus détestables qu'on ait jamais vu à Alger ; méfiant, cruel, ambitieux et brutal, il ne rêvait que conspirations et supplices.
Le vieux Dey n'était pas très bien disposé pour les Français, depuis que le commandeur Paul et le duc de Beaufort avaient capturé deux de ses plus beaux navires ; les Anglais profitèrent de cette animosité pour obtenir un traité, qui fut conclu à la fin de 1671. Pendant toute l'année suivante, les complots se succédèrent, durement réprimés par Baba-Hassan ; la peste continuait à désoler le pays, et les corsaires dévastaient systématiquement les rivages de l'Italie et de l'Espagne. Depuis douze ans, leurs déprédations étaient devenues plus terribles que jamais. En 1661, ils avaient ravagé Zante, la Sicile et les rives de l'Adriatique, et pris pour plus de deux millions de marchandises ; en 1662, c'était au tour de l'Espagne, de Livourne et des Baléares ; en 1663, ils débarquaient près de Naples et près de Cadix ; en 1664, ils bloquaient Venise ; en 1665, ils attaquaient la flotte des Indes, et prenaient un galion de deux millions ; en 1666, ils enlevaient du monde près de Naples, d'Otrante et de Crotone ; en 1667, ils amarinaient près de Cadix un autre galion des Indes, pillaient auprès de Naples, et dans la Pouille et l'ile de Capri, faisaient une descente à Trani, d'où ils emmenaient tout un couvent de Cordeliers ; en 1668, ils paraissaient près de Gênes, puis dans la Pouille et dans la Calabre, d'où ils ramenaient une grande quantité d'esclaves ; en 1669, on les signalait à Gênes, à Monaco et en Corse ; en 1670, à Foggia, où ils capturaient le personnel des Douanes et les marchandises, tandis que, sur l'Océan, ils donnaient la chasse au convoi anglais venant de Terre-Neuve ; en 1671, on les revoyait dans la Pouille, la Calabre et la Sicile ; en 1672, dans le royaume de Naples et dans l'Adriatique ; en 1675, dans le port de Malaga, dans les États Pontificaux, la Pouille, la Calabre et le Portugal.
Pendant tout ce temps, la France avait été presque absolument épargnée par le fléau. Quelques corsaires avaient bien paru devant Saint-Tropez, les îles d'Hyères et Marseille ; mais ils n'avaient pas tardé à disparaître devant les croiseurs. Un petit nombre de barques avaient été enlevées, et le consul s'employait à les faire rendre et à obtenir le châtiment des délinquants. Somme toute, M. Dubourdieu, par sa patience, sa fermeté, et l'influence personnelle que lui donnait la dignité de sa vie, avait obtenu de bons résultats. Il avait eu d'autant plus de mérite qu'il n'avait à compter que sur lui-même ; car on a pu remarquer que, depuis l'installation des Lazaristes, le Conseil Royal semblait se désintéresser complètement du consulat, et n'avait même pas demandé réparation des outrages faits à M. Barreau. Au reste, dès 1669, Colbert avait décidé que les consulats ne seraient plus des charges vénales, et avait fait indemniser la Congrégation de la Mission.

Arrivée de l'escadre de M. d'Alméras
A la fin du mois d'août 1673, M. d'Almeras parut devant Alger avec huit vaisseaux, pour demander la libération de quelques captifs ; le Divan réclamait, de son côté, plusieurs Turcs qui se trouvaient à Marseille, et les négociations se prolongeaient, lorsque survint un incident qui, bien qu'assez fréquent, avait toujours le don d'exciter au plus haut point la colère des Algériens. En temps ordinaire, les captifs n'avaient presque aucune chance de se soustraire par la fuite à leur misérable destin. En s'échappant dans la campagne, ils eussent été inévitablement repris par les indigènes, pour subir chez eux un esclavage bien plus dur que le premier ; par mer, il leur fallait se procurer une embarcation, des vivres, des armes, échapper à la vigilance et à la poursuite des galères de garde ; tout cela était à peu près impossible, et les tentatives d'évasion étaient punies le plus souvent avec la dernière rigueur. Mais lorsqu'une flotte française venait mouiller devant l'entrée du port, l'espoir de la liberté faisait battre tous les cœurs ; chacun s'ingéniait à se cacher pour attendre la nuit, et se sauver à la nage à la faveur des ténèbres ; ceux qui ne savaient pas nager s'emparaient d'une planche, d'une botte de roseaux, et se jetaient à la mer, faisant des efforts surhumains pour gagner le lieu d'asile, où ils étaient accueillis comme des frères par les gens du bord. Les propriétaires d'esclaves, lésés dans leurs intérêts, portaient leurs plaintes au Divan, qui transmettait leurs réclamations et demandait la restitution des fugitifs ; on comprend facilement que de semblables prétentions n'étaient jamais admises ; car, depuis l'amiral jusqu'au dernier matelot, il ne se trouvait pas un homme qui n'eût mieux aimé sombrer corps et biens sous le canon des forts que de livrer les malheureux qui étaient venus se réfugier auprès d'eux. On ne répondait donc aux revendications que par un refus hautain ; l'émeute éclatait alors dans Alger ; le consul était, le plus souvent, maltraité et emprisonné, et le Dey, tremblant pour sa propre existence, protestait contre un acte qu'il qualifiait de recel, et menaçait d'une rupture. C'est ainsi que se passait toujours ce qu'on appelait les fuites à bord (7).

Fuite d'esclaves à bord
Le 14 septembre 1673, une vingtaine de captifs s'évadèrent et furent reçus dans les vaisseaux de M. d'Almeras. Le Dey les fit réclamer par M. Dubourdieu, qu'il envoya en parlementaire au vaisseau amiral, en lui disant qu'il ne devrait pas revenir, si les captifs n'étaient pas restitués. Le consul voulait pourtant, au mépris de sa vie, aller porter le refus ; mais le chef de l'escadre s'y opposa, et mit à la voile, sans le laisser débarquer. Le Divan fut étonné de ce brusque départ et craignit une déclaration de guerre ; Hadj Mohammed fit mander auprès de lui M. Le Vacher, vicaire apostolique, et le pria de se charger de l'intérim, lui disant qu'il voulait observer la paix avec la France, et qu'il allait donner de nouveaux ordres aux Reïs, en les menaçant de peines sévères s'ils y contrevenaient. En même temps, il écrivit au Roi une lettre dans laquelle il manifestait son regret de ce qui s'était passé ; elle se terminait par ces mots : " Nous donnons ensuite avis à Votre Majesté que, vers la fin du mois d'août, un de vos capitaines, M. d'Alméras, étant venu en ces quartiers avec huit vaisseaux de guerre, jeta l'ancre et se porta directement vis-à-vis du port et sous le canon d'Alger. Cela nous obligea à envoyer le consul de France qui était ici, pour lui dire qu'il ne s'arrêtât point avec ses vaisseaux sous le canon de la ville, et qu'il s'en éloignât tant soit peu plus loin, parce qu'étant alors la saison de l'été, tous les esclaves des Musulmans étaient épars de côté et d'autre, les uns allant et venant aux vignes, et les autres aux jardins et vergers, et qu'il se pourrait faire que les esclaves, voyant que les vaisseaux étaient sous le canon d'Alger et par conséquent bien proches de la ville, ils ne manqueraient point de s'enfuir et d'entrer dans ces navires, ainsi qu'il est déjà arrivé lorsque quelques vaisseaux français étaient venus se porter jusque sous le canon ; quarante-six esclaves des plus vigoureux s'étant jetés à la mer, quelques-uns se noyèrent tâchant d'atteindre les vaisseaux, et quelques-uns y entrèrent et en même temps ces vaisseaux levèrent l'ancre et s'en allèrent : un tel accident arrivé aux Musulmans fit soulever tout le pays, et on fit de grandes plaintes contre nous.
" Pour qu'un tel malheur n'arrivât pas encore, nous recommandâmes au consul de persuader audit sieur d'Alméras de se retirer de dessous le canon de la ville et s'étant éloigné, de nous envoyer au port un navire, l'assurant que nous examinerions exactement ce qu'il souhaiterait de nous et que nous le satisferions ; mais nos paroles ne firent aucun effet sur lui, et, dès la même nuit, plusieurs esclaves des Musulmans, s'étant enfuis, se jetèrent à la mer et se sauvèrent dans les vaisseaux. Cela fit que nous y renvoyâmes encore ledit consul pour savoir à quel dessein on avait fait cette mauvaise action, et si c'était que l'on eût résolu de rompre la paix qui était entre nous. Ne doutant point qu'on n'eût quelque mauvaise intention si les vaisseaux ne s'éloignaient point, et si on ne nous renvoyait point les esclaves ; cela nous fit encore dire au consul que si la chose allait ainsi, lui-même n'aurait que faire de revenir ; et, de fait, étant allé aux vaisseaux, aussitôt qu'il y fût entré, ils levèrent l'ancre et partirent, et c'est ainsi que ledit consul s'en est allé. " (Suit la formule)
Il est facile de voir par cette lettre combien le Dey était désireux de maintenir la paix avec la France ; il apaisa lui-même et de ses propres deniers les propriétaires d'esclaves, et ne cessapas de montrer le plus grand esprit de conciliation dans les événements qui suivirent cet incident ; mais le Conseil Royal avait à cœur de réparer la défaite de Djigelli, et l'expédition contre Alger était déjà résolue.

1. Voir à ce sujet une très curieuse lettre d'Ismaïl-Pacha à Louis XIV, publiée dans la Revue Africaine, 1884.
2. Le Miroir de la Charité chrétienne (Aix, 1666 pet., in-8.)
3. Voir la Relation de la captivité de d'Aranda, d. c, p. 155.
4. On sait que Louis XIV conserva toujours une sorte de méfiance pour les anciens frondeurs, et qu'il perdait rarement l'occasion de leur témoigner sa rancune des rébellions passées. Quant au chevalier de Clerville, qui parvint à se disculper en chargeant le duc de Beaufort, il fut nommé commissaire général des fortifications ; mais ce poste élevé mit au grand jour sa médiocrité et son manque de délicatesse. Les documents officiels nous le montrent toujours au-dessous de son emploi, s'obstinant aux vieilles méthodes, fort infatué de son peu de mérite, s'occupant surtout de chasser le bouc (frauder sur les constructions), et, pour comble de ridicule, jaloux de Vauban, qu'il accuse de plagiat. (V. La jeunesse de Vauban, par M. C. Rousset, Revue des Deux-Mondes, t. LII, p. 685 et suiv.
5. La Relation de M. de Castellan se trouve dans le Recueil historique contenant diverses pièces curieuses de ce temps (Cologne, 1666, in-12).
6. On a voulu faire retomber sur le duc de Beaufort l'insuccès de cette expédition ; rien n'est plus injuste et plus faux. S'il eut eu le commandement en chef, ou si on eût seulement suivi ses avis, la réussite était assurée ; on peut s'en convaincre en lisant attentivement la Relation très impartiale et très claire de M. de Castellan. Une preuve surérogatoire qui ne manque pas de valeur est le témoignage des soldats captifs, que leur misère eut plutôt porté à blâmer leurs chefs qu'à les louer ; or, nous lisons dans une lettre du captif Le Grain: " La moindre sortie qu'on eut faite vers l'endroit où étaient les canons, on aurait gagné fort facilement, n'y ayant pour toute garde que deux cents hommes. Le Duc de Beaufort, avec ses officiers, étaient d'avis de faire la sortie et eussent bien fait ; mais ils en furent empêchés et détournés par l'avis d'autres que je n'ai à nommer..... tous les soldats louent fort la prouesse de M. de Beaufort, disant avoir toujours payé de sa personne, etc. " (Mémoire du la Congrégation de la Mission, t. II, p. 247)
7. Tous les consuls d'Alger, sans exception, furent victimes de ces fuites à bord, et leurs instances à ce sujet furent peu écoulées.


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