«Les Algériens et leur(s) langue(s)», Khaoula Taleb Ibrahimi, éditions El Hikma, 328 pages Le livre que présente Khaoula Taleb Ibrahimi n'est qu'une partie de la belle recherche qu'elle a menée dans le cadre d'une thèse de Doctorat d'Etat. Pour elle, la situation linguistique de l'Algérie se caractérise par la multiplicité et par le changement. Par son expérience professionnelle, son parcours personnel, par les multiples actions d'enseignement qu'elle a conduite à l'université, Khaoula Taleb Ibrahimi peut s'avancer en connaissance de cause et remettre en question les schémas préétablis, sur lesquels s'appuient les écrits habituels sur cette question. Il s'agit d'un ouvrage imposant de près de trois cent vingt huit pages écrit en langue française. «C'est le résultat de plusieurs années de travail, de recherche, de réflexion et d'analyse» confie l'auteure lors d'une rencontre à Alger. Elle a pris tout ce temps pour effectuer une étude en profondeur effectuée en plusieurs axes. Elle a inclus la situation sociolinguistique de l'Algérie, les représentations et les images des variétés linguistiques en Algérie, les rapports et les attitudes à la langue, la langue arabe dans le système éducatif algérien, la politique d'arabisation de l'Algérie, l'arabisation projets concrets et réalisations pratiques. Elle a bien entendu passé en revue aussi les avancées scientifiques et technologiques qui ont fait que le monde d'aujourd'hui a changé. Khaoula Taleb El Ibrahimi a exposé la nature de ces bouleversements, leur évaluation. Elle a examiné leurs retombées sur la vie au présent. En femme de sciences, elle a établit un constat peu brillant de la situation linguistique en Algérie. L'auteur de cet ouvrage entreprend de fonder son analyse sur une appréhension dynamique d'une réalité en mouvement. Entre l'arabe du Saint Coran et l'arabe parlé dit dialectal, elle établit une échelle à cinq paliers comprenant l'arabe classique, l'arabe standard, l'arabe sub-standard (un langage utilisé souvent par les gens cultivés), l'arabe parlé par des scolarisés qui relèvent leur niveau de dialecte et les dialectes propres à des entités régionales, susceptibles d'évoluer dans le cadre d'une unification autour des parlés des grandes villes. Il n'est pas malaisé de comprendre que l'objectif que Mme Taleb Ibrahimi veut émettre, est de permettre à tout Algérien, enfant ou adulte, de disposer de multiples façons de s'exprimer librement, et d'y affirmer sa dignité et sa fierté. La langue joue un rôle primordial, elle tisse les liens du passé au présent, elle fait du présent de la mémoire, elle dessine l'avenir et lui donne son existence. Elle est le lieu de la fidélité, comme elle peut devenir celui du dévouement. C'est à travers l'amour des langues que se transmettra l'attachement à une patrie. Khaoula Taleb Ibrahimi poursuit depuis des années, des recherches sur la question des langues en Algérie et plus particulièrement en linguistique et didactique de langue arabe.
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Posté Le : 13/03/2019
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : Samira Sidhoum
Source : Publié dans Horizons le 18 - 04 - 2011