Algérie

Les agences de voyages à l'arrêt


De l'avis de professionnels, le tourisme est le secteur d'économie le plus impacté en Algérie et dans le monde par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.Hôteliers, voyagistes, restaurateurs, transporteurs ainsi que tous les corps de métier qui gravitent autour de ce segment d'activité ont été les premiers à pâtir frontalement de cette situation épidémiologique. En Algérie, les agences de voyages ont été particulièrement touchées dès la publication des premières informations concernant le virus, mais pas que. "Cette année, le travail se faisait vraiment au ralenti à cause des événements nationaux comme le Hirak et l'élection présidentielle", explique le gérant d'une agence de voyages située dans un quartier populeux d'Oran et qui a requis l'anonymat. Nous l'appellerons Aïssa. "Après l'apparition du coronavirus en Chine, c'est le transport aérien qui a été le premier touché avec de moins en moins de clients qui avaient pour habitude de se déplacer en Chine pour affaires.
Lorsque les aéroports ont fermé, il ne nous restait plus rien". Notre interlocuteur évoque aussi l'opportunité pour les agences de voyages de la Omra pendant le Ramadhan et les réservations à cette occasion qui avaient été déjà prises en février. "Il y a des voyagistes qui avaient acheté des places d'avion et des allotements, mais fin février, Riyad a décidé d'annuler la Omra". Les réservations des hôtels à Istanbul pour le mois de mars ont aussi été annulées, poursuit le gérant. "Heureusement, il y a eu un deal entre les voyagistes et les établissements hôteliers mais il ne concernait pas le remboursement en espèces".
Aïssa explique que leurs fournisseurs à l'étranger (compagnies aériennes et hôteliers) leur ont signifié que les remboursements ne se feront pas en liquide jusqu'à ce que les affaires reprennent. Une situation qui met les agences de voyages en délicatesse avec leurs clients "qu'il faut rembourser pour certains alors qu'en parallèle, il n'y a plus de recettes", ajoute-t-il. Si personnellement, il n'a pas vécu ce cas de figure, il affirme avoir "rencontré des voyagistes qui avaient versé de grosses sommes pour la Omra de mars et qui n'ont pas été remboursés par les compagnies aériennes".
Concernant la billetterie, notre interlocuteur précise que dans un premier temps, les compagnies aériennes adressaient des messages aux agences de voyages leur indiquant que les billets annulés sont changeables jusqu'au 15 juin alors qu'en temps normal, les billets promotionnels n'étaient pas remboursables et s'ils étaient échangés, c'est avec des pénalités. "Les compagnies qui pensaient que la crise sanitaire allait se résorber au bout de quelques mois, proposaient, en mars, de rembourser les billets même les promotionnels", détaille Aïssa. Une situation qui n'allait pas durer puisque "dix, quinze jours plus tard, quand elles se sont rendu compte que la crise allait se prolonger dans le temps, ces compagnies ont bloqué les remboursements au niveau du système de billetterie".
L'exemple tunisien
Actuellement, le billet est seulement valable pour une année alors qu'il n'est pas question pour le moment de remboursement. La saison des agences est pour le moins compromise puisque la destination prisée des Algériens en été est suspendue à cause de la fermeture des frontières terrestres. "Nous travaillons avec la Tunisie pendant l'été, mais puisque les frontières sont fermées, les choses se compliquent. Personnellement, et même si la frontière est rouverte, je ne pense pas que les Algériens seront nombreux à s'y rendre parce que les gens ont peur des conditions d'accueil et le pouvoir d'achat est en régression cette année. Les commerçants sont ceux qui voyagent le plus mais ils ont été durement touchés par la crise", explique encore Aïssa.
À ce propos, Saâd Khemiri, représentant adjoint à Oran de l'Office national du tourisme tunisien dira que les Algériens sont les bienvenus en Tunisie tout en soulignant que son pays, et dans la perspective de reprise de ses activités touristiques, a élaboré un manuel de procédures sanitaires intitulé Protocole sanitaire pour le tourisme tunisien anti-Covid-19. Ce manuel est axé essentiellement sur le respect des règles d'hygiène et de sécurité sanitaire à travers le parcours des clients depuis leur accueil aux postes frontaliers jusqu'à leur départ ainsi que celui du personnel des établissements touristiques.
Parmi les objectifs majeurs, il faudra tout d'abord maîtriser la propagation de cette pandémie dans les établissements touristiques, veiller sur la sécurité aussi bien du personnel des établissements touristiques que des clients, restaurer la confiance le plus rapidement possible des réseaux de vente et des tour-opérateurs et offrir un produit sain et de sécurité sanitaire. Selon lui tout a été planifié pour recevoir les touristes européens et algériens qui ont été presque trois millions à se rendre en Tunisie ces derniers étés. Pour Djallal, directeur d'une nouvelle agence de voyages qui a ouvert cette année, l'activité est au point mort et "contrairement aux autres activités, les agences ne peuvent même pas travailler au noir".
Une situation rendue d'autant plus délicate "car tous les clients voulaient être remboursés mais ce n'était pas évident du tout puisque les partenaires ne remboursaient pas et nous nous sommes vite retrouvés avec des problèmes de trésorerie". Face à cette conjoncture inédite, certaines agences ont recouru au système D, une alternative également choisie par Djallal. "Je cherche à louer à mes clients des villas avec piscine, mais nous assistons à une flambée des prix qui fait qu'une villa est cédée à 5 millions de centimes la nuit." De l'aveu même de nos interlocuteurs, plusieurs agences de voyages ont dû mettre la clé sous le paillasson devant les problèmes financiers rencontrés entre location et charges patronales.


SAID OUSSAD
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