Algérie

Les Afghans terrassés par l'opium



Les Afghans terrassés par l'opium
Selon l'ONU, la dépendance à l'héroïne est passée en Afghanistan d'un niveau inexistant sous le régime taliban (1996-2001) à plus d'un million de personnes concernées aujourd'hui.La culture du pavot à opium en Afghanistan a atteint un record en 2014 en termes de surface. Le pays reste ainsi de loin le premier fournisseur mondial (80% de la production) de cette plante qui fournit la matière première de l'héroïne et alimente un très juteux trafic qui a tissé une toile dense à travers toute l'Asie.224 000 hectares de pavot à opium y sont cultivés, soit une augmentation de 7% par rapport à 2013, indique à ce propos le rapport annuel du bureau des Nations unies chargé de la drogue et de la criminalité (Unodc) publié hier.Cela représente plus de trois fois la surface dévolue à cette culture en 2002 (74 000 hectares), un an après l'intervention militaire occidentale menée par les Etats-Unis qui a fait tomber le régime taliban.Malgré les programmes d'éradication menés à coup de milliards de dollars par les Etats-Unis, la culture du pavot a explosé, notamment dans le Sud en partie contrôlé par les rebelles talibans. Les provinces de Helmand, Farah, Nimroz, Kandahar sont les principaux foyers de production. Au total, 19 provinces sur les 34 que compte le pays, produisent le pavot, soit le même nombre que l'année passée, selon l'ONU. En 2014, la production est donc restée localisée dans les mêmes zones géographiques.Laboratoires clandestinsLa production, généralement transformée dans des laboratoires clandestins aux frontières, suit des routes qui passent par les pays limitrophes : au nord par les anciennes Républiques soviétiques, au sud par le Baloutchistan au Pakistan, à l'ouest par l'Iran. Selon l'ONU, la production potentielle d'opium est estimée à 6400 tonnes en 2014, en hausse de 17% par rapport à 2013, mais qui n'égale par le record de 7400 tonnes produites en 2007.«En 2014, les prix de l'opium ont baissé dans toutes les régions d'Afghanistan. Une possible raison pour cette décrue est une augmentation de l'offre due à la hausse de la production», note le texte. Cette hausse de la production potentielle va de pair avec la chute des opérations d'éradication de champs de pavot à opium (-63% en 2014, 2692 hectares concernés), en ligne avec la moindre présence occidentale sur le terrain.Les talibans sont les premiers à bénéficier de ce trafic immense. Comment ' Ils prélèvent ? par la force bien sûr ? un impôt sur les cultivateurs de pavot à opium afin de financer leur insurrection contre le gouvernement afghan et les troupes de l'OTAN. Comme on peut s'en douter, ils ne sont pas les seuls impliqués dans ce juteux trafic. Celui-ci enrichit également autorités et chefs de guerre locaux.Revers de la médailleLes revenus générés par la culture de l'opium avant transformation en Afghanistan sont estimés à 0,85 milliard de dollars, soit 4% PIB du pays. Il y a néanmoins un revers de la médaille. L'Afghanistan est aussi l'un des premiers pays touchés par le fléau de la drogue. La dépendance à l'héroïne y est passée d'un niveau inexistant sous le régime taliban (1996-2001) à plus d'un million de personnes concernées aujourd'hui selon l'ONU. Un véritable drame.Toutes ces statistiques impressionnantes montrent donc l'échec patent de la politique antidrogue de Washington en Afghanistan. La lutte contre la drogue est d'ailleurs le deuxième grand échec des Occidentaux en Afghanistan, après l'impossibilité de ramener la paix et la sécurité dans le pays. L'Afghanistan est aussi et surtout la deuxième plus grande défaite stratégique des Etats-Unis après l'Irak. Mais le pire risque d'être à venir.Le retrait des troupes de combat de l'OTAN de ce pays en décembre prochain fait craindre une instabilité propice à un développement encore plus important de la culture du pavot. En 2015, seuls 12 500 soldats étrangers seront en effet présents sur le sol afghan dans le cadre de la mission Soutien résolu pour la formation et l'assistance aux forces afghanes, contre plus de 150 000 il y a quelques années. Bref, comme en Irak, les Occidentaux sont probablement bien partis pour revenir.




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