«Le ministère des Affaires étrangères ne défend pas les intérêts de ses
compatriotes en Espagne», s'est désolé hier le président de la Fédération des
associations algériennes en Europe, Belmeddah Noreddine.
Ce dernier, qui animait une conférence de presse à la maison de la presse
Tahar Djaout à Alger, a tiré la sonnette d'alarme sur le sort de centaines
d'Algériens livrés à eux-mêmes, notamment en Espagne où leurs droits sont tout
simplement bafoués quant ils ne sont pas bien évidemment morts.
Le cas des «harraga» enterrés en
Espagne est pour le moins très préoccupant, sachant que des familles entières
en Algérie, dont des membres ont pris la mer, ne savent pas s'ils font partie
des morts ou simplement détenus dans des camps de transit.
«C'est le black-out au niveau du
ministère des Affaires étrangères», a déclaré hier le président de la
Fédération des associations algériennes en Europe, qui fera savoir que le
département de Medelci nous renvoie chez Djamel Ould Abbes pour apporter
assistance aux familles des harraga. Selon le conférencier, le ministre de la
Solidarité nationale et de la communauté algérienne à l'étranger, a
effectivement mis en place une «cellule d'urgence» mais qui a vite été
transformée en «cellule d'écoute» dont les numéros de téléphone mis à la
disposition des familles des victimes ne répondent pas. «Nous interpellons
solennellement le président de la République pour rapatrier dans leur pays et
chez leurs familles tous les harrraga enterrés en Espagne », a lancé hier, M.
Belmeddah. Ce dernier, qui rappellera qu'un accord de rapatriement existe entre
les deux pays, a fait savoir que les autorités ibériques ont demandé une liste
de l'ADN des victimes pour les identifier et les rapatrier.
La commission FENIX, constituée
de la gendarmerie, de médecins légistes et de la fédération des associations et
mise en place pour cette opération, n'a pas encore reçu la moindre ADN des
Affaires étrangères algériennes, qui en est pourtant destinataire de la part de
l'Espagne après l'enterrement de chaque Algérien sur son sol.
«Les familles des victimes sont
désespérés», a déclaré le conférencier qui en appellera encore une fois à
l'intervention du chef de l'Etat pour «arrêter cette tragédie».
Belmeddah Norddine a indiqué hier
que la fédération qu'il préside est en contact, depuis le début de l'année,
avec une trentaine de familles de harrraga à l'Est, une cinquantaine à l'Ouest
et une dizaine au centre. Toutes ces familles n'ont plus aucune nouvelle de
leurs enfants ou parents et ne savent pas s'ils sont morts, disparus ou détenus
en prison et dans des camps de rétention espagnols.
Le témoignage d'une vielle femme
hier, à la conférence de presse, était vraiment poignant. Son fils, parti
depuis août 2008 avec d'autres camarades pour faire la traversée vers
l'Espagne, n'a plus donné signe de vie. Ce qui accentue la souffrance de cette
mère résidant à l'est du pays est le fait qu'elle ne sait pas si son fils est
mort ou en vie.
Le représentant de la fédération à Alger, Reda Salaouatshi, a souligné
hier que le cas de cette femme qui a ému l'assistance n'est qu'un exemple parmi
tant d'autres et, malheureusement, insolubles à cause de la non disponibilité
de l'ADN qui pourrait identifier les victimes et informer leurs familles.
Le président de la Fédération des
associations algériennes en Europe, qui était dans l'incapacité de donner un
quelconque chiffre sur le nombre de harrraga morts en Espagne, a fait savoir
cependant qu'à la date du 10 septembre, 37 Algériens étaient détenus dans le
centre de Barcelone, 89 autres au niveau du centre de Algerisas et 102, dont
deux femmes, dans un centre à Valence.
Le président de la Fédération des
associations algériennes a indiqué que les autorités hispaniques refusent à
chaque fois la visite de ces centres par les membres de la fédération.
Il soulignera en outre que durant
l'année dernière, le nombre de disparus (Algériens et autre nationalité) en mer
s'élève à plus de 400 personnes.
Le conférencier a rapporté des
témoignages de harraga qui renseignent sur l'état d'esprit de ces derniers.
«J'avais le choix entre devenir
terroriste ou devenir harrag», aurait répondu un jeune Algérien arrêté et
interrogé par la Police espagnole, raconte M. Belmeddah. Ce dernier racontera
également qu'il existe des harraga, une fois en Espagne, qui préfèrent se
dénoncer à la police en qualité d'organisateur de voyages clandestins pour
écoper d'une peine de prison allant de 3 à 9 années et ainsi espérer être
régularisés une fois en taule, sachant qu'en Espagne la loi permet la
régularisation administrative une fois passé un certain nombre d'années.
sept Algériens détenus pour terrorisme
Le président de la Fédération des
associations algériennes en Europe a fait savoir qu'il reste encore 7 Algériens
qui sont détenus en Espagne pour liens avec le terrorisme.
«Depuis l'année 2002, 70
Algériens ont été arrêtés et emprisonnés en Espagne sans aucune preuve», a
déclaré le conférencier qui notera que les lois dans ce pays permettent la
détention durant une période de deux années renouvelables de toute personne
suspectée de terrorisme.
Les 63 Algériens, libérés après
avoir passé plusieurs années de prison sans jugement, demandent des
indemnisations au gouvernement espagnol, a indiqué hier M. Belmeddah, qui
dénonce le «silence» des autorités algériennes sur le sort de ces Algériens
emprisonnés injustement. Malgré les cas avérés de torture pratiqués sur les
détenus algériens, le gouvernement n'a nullement réagi, a jouté le président de
la Fédération des associations algériennes en Europe, qui précisera que les
sept autres détenus seront jugés cette année.
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Posté Le : 15/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Z Mehdaoui
Source : www.lequotidien-oran.com