Algérie

Les accusations de Seddiki et les précisions de Ould Kablia



La polémique enfle entre la Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSEL) et le ministère de l'Intérieur. Le gel des activités, décidé par ladite commission pour une durée de trois jours, soit de mardi dernier jusqu'à demain jeudi, n'a pas été du goût du ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia.Ce dernier a affirmé hier que la principale raison ayant motivé le recours à cette décision, à savoir le manque de moyens dont se sont plaints les membres de la CNSEL, constitue à ses yeux un «argument fragile».
«De tels propos émanant de la personne du ministre de l'Intérieur n'encouragent pas les membres de la commission à reprendre de sitôt leurs activités», estime une source proche de la structure de surveillance des législatives. Contacté hier, Mohamed Seddiki, le président de la commission CNSEL, a tenu à s'exprimer sur une éventuelle reprise des activités. Il nous répondra en ces termes : «Non, dans l'état actuel des choses, je ne pense pas que nous soyons à même de mieux accomplir notre mission pour la simple et bonne raison que nous ne disposons pas de moyens pour assurer un meilleur contrôle».
Et d'ajouter : «Au moment où je vous parle (ndlr, hier matin), une délégation de la commission est en réunion avec des représentants du ministère de l'Intérieur. Nous gardons l'espoir que toutes les difficultés posées seront aplanies». Dans l'après-midi d'hier, les membres de la commission CNSEL ont tenu une réunion à huis clos pour décider des suites à donner à leur action. Les conclusions de cette concertation seront communiquées lors d'une conférence de presse qui sera animée par Mohamed Sedikki aujourd'hui ou au plus tard demain.
28 véhicules et des téléphones à tous les membres de la CNSEL
Au moment même où le président de la CNSEL persistait à dire que le manque de moyens entravait le bon déroulement de la mission confiée à la structure qu'il dirige, le ministre de l'Intérieur, cité hier par l'APS, s'est dit étonné de la revendication relative au manque de moyens logistiques. «Nous avons mis à la disposition de cette structure 28 véhicules et des téléphones portables pour tous les membres», a soutenu Daho Ould Kablia, ajoutant que son département «prendra en charge les frais d'hébergement, de restauration à Alger et de transport des membres de la CNSEL en dehors de la capitale sur présentation de bons de commande».
Le ministre insiste que «la loi définissant les missions et les activités de la commission ne prévoit pas d'indemnités pour ses membres», précisant que «la CNSEL ne pourra pas être ordonnatrice de paiement d'une enveloppe budgétaire relevant du compte du ministère de l'Intérieur, car c'est interdit par la loi». S'agissant toujours de la question de manque de moyens logistiques dont serait dépourvue la Commission nationale de surveillances des élections législatives, Mohamed Talbi,
le directeur des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur, a tenu de son côté à apporter des précisions. Invité hier par la Chaîne III de la Radio nationale, il a souligné qu'il est «regrettable de parler de manque de moyens alors que les enjeux des élections législatives sont très importants». Le représentant du ministère de l'Intérieur a ajouté : «Tout a été mis en place pour permettre à cette commission d'accomplir ses missions».

L'inscription des militaires à Tindouf
En ce qui concerne le rapport soumis par le président d'APW de Tindouf dont le contenu traduit l'idée d'un «gonflage des listes électorales» en y ajoutant des membres de l'institution militaire, le ministre de l'Intérieur a indiqué que «l'inscription exceptionnelle des membres de l'ANP sur les listes électorales après la clôture de ces listes est intervenue en application d'une décision de justice rendue suite à un recours soumis à la justice. Cette dernière s'est basée sur cette exception dans sa décision».
M. Ould Kablia a souligné que les chiffres concernant le corps électoral de la wilaya de Tindouf «sont valables et justifiés par la situation sécuritaire dans la région qui a nécessité la mobilisation d'un grand nombre de membres de l'ANP pour assurer la protection des frontières», précisant que cette «région constitue une exception en raison de la situation dans les frontières». A une question de savoir si ces décisions autorisant l'inscription sur les listes électorales étaient individuelles ou collectives,
M. Ould Kablia a indiqué que «le caractère de l'ANP lui permet d'agir d'une manière collective», soulignant que la polémique déclenchée sur cette question «vise à entamer la crédibilité de cette instance qui a toujours été au-dessus de tout soupçon». La commission présidée par Mohamed Seddiki a réagi à ce propos. «Nous avons été informés qu'à Tindouf, il y a eu inscription en bloc sur les listes électorales de 30 000 membres de l'ANP, ce qui est illégal. Nous avons dénoncé cet état de fait et alerté les autorités», nous a déclaré hier Mohamed Seddiki en soulignant au passage «tout son respect à l'institution militaire».
Il explique que le nombre d'électeurs recensés à Tindouf qui était de 22 000 passe du jour au lendemain de l'inscription des militaires à près de 60 000, «ce qui est anormal», a-t-il estimé. Il a ajouté que «des dépassements similaires ont été constatés dans d'autres wilayas, telles que Jijel et Tamanrasset».


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