Algérie

Les 4 samedis



La semaine a été pénible, Lakhdar Bouregaâ est décédé. Il y a d'abord ce rappel cruel et sans appel de la biologie : les Algériens, acteurs valeureux ou témoins éclairés de l'entreprise de libération nationale se comptent de moins en moins parmi les vivants. Deuxième constat, heureux par ailleurs : en l'occurrence, la longue, honteuse et systématique opération de discrédit jeté sur les meilleurs enfants d'Algérie n'a pas pris et ça relève du miracle. Dernière leçon avant l'adieu à Si Lakhdar : personne ne peut plus polluer le patrimoine historique et mémoriel des Algériens, désormais reconquis. Ni les falsifications ni les anathèmes ni les instrumentalisations n'y peuvent rien. Même ici, il doit y avoir aussi un peu de... biologie !La semaine a été pénible. Le décès de Lakhdar Bouregaâ n'a pas suscité que de la reconnaissance, de l'émotion, du recueillement et de la communion. Il a aussi donné lieu, hélas, à une scène dont on aurait pu faire l'économie. Soufiane Djilali, un homme politique qui vaut ce qu'il vaut, qui a ses partisans et ses adversaires... Pour autant, nul n'a le droit de prendre à parti dans un cimetière où il est venu rendre hommage au héros disparu. Ça fait d'autant plus mal que les agresseurs de Soufiane Djilali se revendiquent du soulèvement populaire et de l'héritage moral du disparu. Lamentable.
La semaine a été lamentable, mais pas tant que ça, avec l'élection présidentielle américaine qu'on ne peut pas laisser passer sans s'y arrêter. En suivant de près ce scrutin, on peut bien sûr se lamenter en doutant de la démocratie américaine dont le système électoral est «compliqué», mais pas seulement. Ce n'est plus de «complication» qu'il s'agit en effet quand vous apprenez qu'un candidat peut gagner en obtenant moins de voix que son adversaire. Qu'un candidat, Donald Trump exige... l'arrêt du dépouillement et on vous explique que ça ne relève pas que de la truculence du personnage. Et enfin qu'il y a finalement un seuil de... fraude tout à fait tolérable ! Le tout est peut-être résumé dans cette phrase d'un politologue français : «Le problème avec Trump est que dans ses délires, il y a toujours une part de vérité !»
La semaine a été pénible. Ce n'est vraiment pas pour faire dans l'alarmisme, mais la situation sanitaire devient de plus en plus inquiétante avec un nombre de contaminations tous les jours en hausse, des hôpitaux de plus en plus submergés et surtout des citoyens qui ne semblent pas avoir pris la mesure du danger. En expliquant cette «remontée» par la nonchalance, sinon l'irresponsabilité des citoyens, le Premier ministre n'a pas tout à fait tort, mais en leur «demandant» de choisir entre le respect des mesures sanitaires et l'aggravation de la situation, il donne l'impression que les dirigeants sont... au-dessus de la mêlée. Non, Monsieur Djerad, un gouvernement, ça pense, ça décide, ça explique et ça contraint. Si on en est là, peut-être que vous aussi n'avez pas fait tout ce qu'il fallait faire !
S. L.


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