Algérie

Les 4 samedis



La semaine a été pénible. Une chaîne de télévision dont tout le monde sait pourtant qu'elle reste dans sa vocation a encore fait... l'actualité. La « technique » n'est pas vertueuse mais ce n'est pas Echourouq TV qui l'a inventée : quand on est dans l'incapacité professionnelle de rapporter les événements, il faut en... créer un. En l'occurrence, l'occasion a encore fait le larron. Le Covid-19 domine l'actualité, la technique semble maîtrisée depuis un temps et le «niveau de recherche» en la matière est là où il a toujours été : le buzz par l'abrutissement. Un scénario au ras des pâquerettes, une «comédienne» rémunérée au sandwich, un animateur-arrangeur, un complice du même acabit, une alchimie de chique et de crottes et le... tour est joué. Dans la «démonstration», on ne comprend même pas s'il s'agit d'un «test de dépistage», d'un «remède» ou d'un «vaccin». Qu'à cela ne tienne, à ce niveau d'imposture, ça devient des détails dérisoires. Du coup, on ne sait même plus ce qui est le plus inquiétant. La télé elle-même ou les disponibilités à avaler sesmonstruosités 'La semaine a été pénible. Une image et deux messages. L'image, qui a fait le tour de la Toile, montre des officiers de police distribuant des exemplaires du Coran au personnel soignant d'un établissement hospitalier de Sidi-Bel-Abbès. Les messages, il ne faut pas aller les chercher loin. Le premier relève de l'évidence : désormais, la religion est incontournable dans tout ce qui fait les mouvements de la vie ordinaire et oser en sortir vous met en marge de la société. Ce n'est pas vraiment nouveau sauf qu'avant, cela ne se voyait pas toujours dans l'espace institutionnel.
Le deuxième message colle plus à l'actualité. Dans la détresse sanitaire du pays, les premières mesures empreintes de rationalité cèdent de plus en plus le terrain à l'incantation religieuse. On n'a pas pu interdire le mouton en dépit du danger réel qu'il représente, il est de plus en plus question de rouvrir les mosquées et maintenant on semble suggérer aux soignants qu'il... ne leur reste que la prière !
La semaine a été pénible. Il paraît qu'il y a des «soldes» dans les magasins d'habillement d'Alger.
C'est bien, ça fait sourire, ça ramène un instant à la «vie normale» et tant qu'à faire, ça peut même faire rêver ! Problème, une fois passé le moment de béatitude, on revient péniblement à la réalité. Déjà en temps normal, les soldes sont tellement anarchiques quand ils ne sont pas biaisés, ils ont rarement fait rêver et l'arnaque est parfois au bout. On imagine ce que ça peut être, en ce moment, avec les risques en plus !
Il arrive que la semaine soit moins pénible. L'inquiétude est telle qu'on oublie parfois qu'il y a quand même une vie en dehors de l'actualité pandémique. Il suffit parfois de si peu, de petites choses sans importance pour s'offrir un moment d'«évasion», fugace mais revigorant.
Regarder la mer en solitaire, sans bavette et sans lunettes, rencontrer un ami qu'on n'a pas vu depuis longtemps même si on ne peut pas lui faire l'accolade qu'on aurait aimé, sortir très tôt pour une marche matinale sans risque... La vie est belle, il faut la protéger.
S. L.


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