Algérie

Les 4 samedis



La semaine a été pénible. Ces derniers jours, il y a encore eu des distributions de logements sociaux, «dans le cadre de la lutte contre l'habitat précaire». Et n'allez surtout pas croire que quelque chose a changé dans la mise en scène de «l'opération». Certes, il n'y avait pas de portrait de Bouteflika couvrant la façade de tout un immeuble, aucune vieille n'a poussé ses youyous à l'oreille d'un wali mais les interminables louanges à Dieu, aux autorités et à l'Etat étaient encore au rendez-vous. Ne parlons même pas des camions de «déménagement» montrés aux portes d'un bidonville et à l'arrivée des nouvelles habitations, histoire de mesurer «l'avant et l'après». Chaque algérien logé est un moment de bonheur en plus et un problème en moins. Sans caméras, sans youyous, sans louanges et sans larmes, si possible, merci.La semaine a été pénible. On se demandait si le mouvement populaire, ses revendications et ce qu'elles ont charrié comme débats et polémiques politiques, n'allaient pas éclipser les questions économiques, pourtant préoccupantes depuis longtemps. C'est pourtant ce qui est arrivé dans une certaine mesure alors qu'avant ça, tout le monde s'accordait à dire que les indicateurs n'étaient vraiment pas rassurants. Puis d'un coup, une loi de finances qui reconduit tous les transferts sociaux et en rajoute. Des mesures d'exonération fiscale pour les «jeunes porteurs de projets» et augmentation de plus de 100% de la pension de handicapé, même si elle était dérisoire avant ça. Mais voilà les plus spectaculaires de toutes : la fin du 51/ 49 et de la planche à billets. Il s'est passé quoi pour expliquer ce virage ' Rien mais il faut bien qu'il se passe quelque chose? maintenant !
La semaine a été pénible. Les images d'une Assemblée nationale «reprenant ses travaux» comme si de rien n'était ont quelque chose de surnaturel. Avec une «majorité» qui a surtout fait l'actualité autour de la succession de? levées d'immunité parlementaire, des partis dont les principaux leaders sont en prison ou dans l'antichambre, il y a là plus qu'une incongruité politique. Mais la loi de finances et d'autres dossiers de moindre charge symbolique ne sont rien devant ce qui va suivre dans les tout prochains jours. C'est cette même? majorité qui va adopter tous les textes relatifs à l'organisation de l'élection présidentielle. Ils s'en sortent plutôt avec les honneurs les «partis du système»? exclus du dialogue !
La semaine a été pénible. Il a plu sur quelques pans du pays, notamment à Alger où la générosité du ciel a encore? frappé ! Panique générale, dégâts à la pelle, paralysie de la circulation et des colères citoyennes qui reviennent. Avec les mêmes négligences criminelles, les mêmes termes, les mêmes promesses non tenues et les mêmes chantiers d'aménagement oubliés depuis les dernières ondées avant celles-là. Un vieux refrain usé mais tenace. Encore heureux qu'il ne soit pas aussi dramatique que d'autres. On a connu pire, c'est une piètre consolation mais on va encore s'en contenter.
S. L.


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