Les 4 samedis

La semaine a été pénible. L'arrestation, puis l'emprisonnement de Lakhdar Bouregaâ a mis en émoi les Algériens, consternés de voir un héros de la guerre de Libération mis aux arrêts pour avoir exprimé ses idées. Cette épreuve, vraiment pénible, pose trop de problèmes à la fois. D'abord, le constat terrifiant sur l'état des lieux en termes de libertés. Ensuite, la facilité avec laquelle la justice et la police judiciaire sont actionnées. A un moment où il est beaucoup question de? justice et de son indépendance, cela ressemble beaucoup à une désillusion pour ceux qui en avaient encore. Ils doivent être vraiment rares mais il y en a quand même. Enfin, cette tendance à la mansuétude quand c'est de solidarité et de position de principe qu'il s'agit. Ceux qui se sont émus pour « l'arrestation d'un moudjahid » ou demandé sa libération « en raison de son état de santé » n'ont rien compris à l'histoire, avec un grand ou un petit « h ». Ou pire : ils ont compris et ils n'ont pas le courage de nommer les choses par leur nom.La semaine a été pénible. L'histoire se répète à l'APN et elle n'a pas attendu longtemps. Moad Bouchareb, installé à la présidence avec des cadenas, vient d'en être délogé avec des? chaises bloquant les portes. Tout a été fait pour que les deux épreuves se ressemblent comme de vraies jumelles. Les cadenas et les portes, les acteurs de l'Alliance, la « résistance » factice des héros et leur fin sans gloire. Pour le grain de sel, il est même question du? retour de Bouhadja. Pénible mais surtout hilarant.
La semaine a été pénible. « L'initiative politique », annoncée en boucle, s'est terminée comme tous les discours? réservés à Bensalah. Sans surprise, figés dans la feuille de route et? pénibles physiquement pour le chef d'Etat intérimaire dont la santé est ce que tout le monde sait. Plus pénible encore, l'armée de clients politiques et d'experts en tout mais surtout en rien du tout qui ont pris le relais pour nous « expliquer » ce que venait de dire Bensalah comme si ce n'était pas assez clair ou il avait parlé en langage « mors ».
Pénible enfin, quand ils veulent nous convaincre que l'armée et? l'Etat ne seront pas une partie du dialogue et fournira seulement la logistique. Avant de nous dire? comment ça va se dérouler et nous donner même les détails de son organisation nationale, régionale et locale ! Et ce n'est certainement pas terminé, puisque les prochains jours vont certainement nous éclairer encore sur ce que? nous savons déjà !
La semaine aurait pu être moins pénible. Les Verts ont gagné leurs trois matchs de groupe à la Coupe d'Afrique des Nations, ont séduit à peu près tout le monde et promettent au final une bonne participation, si ce n'est la consécration. Mais c'est déjà vendredi, c'est le 5 Juillet et Lakhdar Bouregaâ est toujours en prison. La passion du foot et l'amour de l'EN sont intacts mais il y a des choses plus sérieuses, n'est-ce pas '
S. L.