Algérie - ARTS ET CULTURES

Les 19èmes Rencontres Cinématographiques de Béjaïa : Un Hommage à l’Art et à la Mémoire Collective



Les 19èmes Rencontres Cinématographiques de Béjaïa : Un Hommage à l’Art et à la Mémoire Collective
Du 24 au 29 septembre 2024, la ville de Béjaïa a une nouvelle fois vibré au rythme du septième art avec les 19èmes Rencontres Cinématographiques de Béjaïa (RCB). Cet événement, devenu un rendez-vous incontournable du paysage culturel algérien, a rassemblé cinéastes, critiques, chercheurs et amateurs de cinéma autour d’un programme riche et diversifié. Fidèles à leur engagement, les RCB offrent une plateforme où se rencontrent et s’entrelacent les visions artistiques les plus audacieuses, tout en interrogeant les enjeux politiques et sociaux actuels.

Un Coup d’Envoi Symbolique et Engagé

L’ouverture de cette édition a été marquée par la projection de *Some Strings 13* de Sarah Wood, un court-métrage expérimental qui aborde la question des liens invisibles, de la mémoire et de la douleur. Suivi du long métrage *Six pieds sur terre* de Karim Bensalah, ce film a plongé le public dans une histoire poignante, évoquant des thématiques telles que l’exil, la réconciliation et l’identité. Cette entrée en matière résume bien l’esprit de ces rencontres : un cinéma qui, au-delà du divertissement, interpelle, questionne et déplace les frontières de la réflexion.

Un Focus sur le Cinéma Documentaire et l'Expérimental

Le programme a particulièrement mis en lumière le cinéma documentaire et expérimental. Des œuvres comme *Palestine Island 22* de Nour Ben Salem et *Memories of an unborn sun* de Marcel Merjen se sont attardées sur des récits intimes et politiques, retraçant des morceaux de vie souvent oubliés, tout en rendant hommage aux luttes et aux résistances silencieuses.

D’autres films comme *Printemps reporté* de Walid Bouchebah et *Des hommes libres* de Taghzout Ghezali se sont penchés sur des sujets d’actualité brûlants, abordant la révolution et la quête de liberté, inscrivant le cinéma comme un miroir de notre époque tourmentée.

Des Débats Enrichissants : Les Table Rondes Comme Espaces de Dialogue

Au-delà des projections, les RCB sont aussi un espace d’échange et de débat. La table ronde intitulée *"Cinéma. Les influenceurs sont-ils plus prescripteurs que les critiques ?"* a notamment soulevé de vives discussions. Avec des invités tels que Lamine Amari, Habib Trabelsi et Abdelkrim Kadri, ce panel a exploré l’impact croissant des influenceurs dans le monde de la critique cinématographique, questionnant leur rôle et leur influence sur la perception des films. Le cinéma, traditionnellement commenté par des critiques académiques, est désormais soumis au jugement des réseaux sociaux, bouleversant les normes classiques de prescription culturelle.

Une autre table ronde, tout aussi cruciale, s’est tenue sur le thème du *"Rapatriement et restitution des archives cinématographiques"*, animée par des experts comme Ahmed Bedjaoui et Brigitta Kuster. Ce débat a mis en avant les défis politiques et éthiques liés à la conservation et à la transmission de la mémoire cinématographique, particulièrement en contexte postcolonial. Il s’agissait de réfléchir aux moyens de récupérer et de valoriser un patrimoine souvent dérobé ou perdu.

Des Films Algériens au Cœur de la Scène

Les RCB ont toujours eu à cœur de mettre en valeur le cinéma algérien. Cette année, des œuvres marquantes telles que *Ce n’est rien* de Merzak Allouache et *Ben M'hidi* de Bachir Derrais ont été largement applaudies. Le film de Merzak Allouache, en particulier, a captivé l’audience par son approche minimaliste et sa critique incisive de la société algérienne actuelle, tandis que *Ben M’hidi* a revisité la figure historique du héros révolutionnaire algérien dans un contexte de lutte pour la décolonisation.

Un Engagement Fort pour la Jeune Génération de Cinéastes

Les Rencontres de Béjaïa ne seraient pas complètes sans leur engagement envers la jeune génération de cinéastes. La Bourse Zermani, remise chaque année, soutient la création cinématographique émergente. Cette année, c’est *Transient Happiness* de Sina Mohamed qui a remporté le prestigieux prix. Ce film, d'une grande sensibilité, évoque les dilemmes des jeunes générations face aux incertitudes du monde moderne, tout en explorant les thèmes de l’épanouissement personnel et du déracinement.

Des Master Classes Inspirantes

Les cinéphiles ont également eu l’opportunité de participer à des Master Classes, dont celle de Sofiane Zermani, alias Fianso, qui a livré une réflexion passionnante sur la transposition du rap à l’écran. Son intervention, intitulée *"De la rime à l’écran"*, a montré comment les codes du rap peuvent enrichir la grammaire cinématographique, offrant ainsi de nouvelles perspectives artistiques.

Un Cinéma Comme Lieu de Résistance et de Mémoire

Les Rencontres Cinématographiques de Béjaïa ont prouvé une fois de plus que le cinéma est bien plus qu’un simple art visuel : c’est un espace de résistance, un lieu de mémoire et une arme contre l’oubli. En mettant en avant des œuvres audacieuses et engagées, ces rencontres renforcent le rôle du cinéma dans la construction de la conscience collective et la réflexion sur les enjeux contemporains.

Cette édition 2024 a montré une fois de plus la vitalité du cinéma algérien et international, offrant des perspectives riches et des échanges constructifs. Les RCB s’imposent, année après année, comme un pilier du cinéma indépendant et de la réflexion artistique en Algérie. Un rendez-vous à ne pas manquer pour tous les amoureux de l’image et de la culture.

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Cet article met en lumière la diversité et la richesse des 19èmes Rencontres Cinématographiques de Béjaïa, tout en rendant hommage à l'esprit d'ouverture et d'engagement de cet événement prestigieux.


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