Algérie

Les 145 députées casseront-elles les tabous '



Dorénavant, il y aura davantage de femmes dans l'hémicycle de l'APN
Elles pourront aussi compter certainement sur des dizaines de voix d'hommes modernes parmi les 317 députés qui formeront avec elles la prochaine Assemblée.
La femme algérienne a désormais une tribune de choix pour faire entendre sa voix pour aspirer à des droits égaux à ceux des hommes. La famille sera au coeur de l'enceinte du Palais Zighoud-Youcef. Une occasion historique pour débattre des problèmes auxquels elle est confrontée. Qui mieux que celles qui ont le privilège de procréer pour assurer sa pérennité et celle de la nation peuvent parler en son nom' Les 145 femmes qui ont bénéficié de la légitimité populaire pour être portées au sein de l'Assemblée nationale arriveront elles à marquer la nouvelle législature' Il serait en effet étonnant, voire impensable que le Code de la famille ne soit pas discuté, ne serait-ce qu'une seule fois afin de proposer de nouvelles avancées en ce qui concerne la femme (divorcée, célibataire ou mariée). Les 145 femmes élues ne trouveront certainement pas que des «machos» sur leur chemin. Elles pourront aussi compter sur certainement des dizaines de voix d'hommes modernes parmi les 317 députés qui formeront avec elles la prochaine Assemblée.
Beaucoup de litiges ou de conflits continuent d'être tranchés selon des coutumes qui ont pendant longtemps régi une société de type patriarcal qui pénalisait la femme, particulièrement dans des cas de divorce (garde des enfants, héritage, logement...). Le sujet est toujours d'actualité. Il faut savoir que le Code de la famille a été au centre de la campagne de la mouvance islamiste qui avait projeté de le réactiver en cas de victoire le 10 mai. Dans quel sens' «Le secrétaire général du mouvement El Islah, M.Hamlaoui Akkouchi, a abordé le thème de la famille dans le programme de l'AAV (Alliance pour l'Algérie verte, Ndlr), promettant de réactiver le Code de la famille en cas d'accès au pouvoir et de le mettre en conformité avec la «Charia» et la loi afin de rendre la famille algérienne stable», avait rapporté l'APS dans une dépêche datée du 28 avril citant le leader islamiste qui s'était exprimé le 28 avril dernier depuis Relizane (ouest du pays) dans le cadre de la campagne électorale des législatives du 10 mai. Rien d'étonnant si on se réfère au discours de Bouguerra Soltani qui avait fustigé les amendements subis par le Code de la famille et par conséquent les avancées notoires qu'il a connues quant aux droits des femmes et de leur progéniture.
«Le père est dans l´obligation de payer une pension à ses enfants pour les mettre a l´abri de tous les dangers qu´ils risquent de courir suite au divorce des parent tandis que le logement conjugal appartient à l´enfant, donc à l'un des parents qui en a la garde» soulignait, en 2004, le rapport préliminaire établi par la commission chargée de la révision du Code de la famille. Abdelmadjid Menasra (actuel patron du Front du changement) l'avait qualifié de «complot contre la famille algérienne» à l'époque tandis que le président du MSP, qui avait estimé que la polygamie n'était pas «un problème», avait déclaré que «le code de la famille dépasse l'alliance (présidentielle qu'il a quittée à la veille des élections législatives du 10 mai, Ndlr), cette dernière a une durée de vie de cinq ans, mais la loi est éternelle et se base sur des principes irrévocables (ceux de la charia, Ndlr)».
Celles à qui reviendra l'insigne honneur de remettre sur le tapis cette question devront certainement guerroyer avec les élues des formations conservatrices. Comme elles devront le faire au sujet de ces femmes battues, jetées parfois à la rue. Plus de 7500 ont été victimes de violences, et plus de 200 femmes de viol ou de harcèlement sexuel, durant les dix premiers mois de 2010, selon un rapport de la Police nationale. Des chiffres qui ne reflètent pas la réalité au regard de la nature de la société algérienne qui impose «la loi du silence».
Les 145 femmes la briseront-elle' Pour cela elles devront aussi porter au sein de l'enceinte du Palais Zighoud Youcef la voix de ces milliers d'enfants maltraités, violés, martyrisés ou celle d'enfants adoptés que l'on prive de figurer sur le livret de famille de leurs parents adoptifs. Autant de tabous à casser pour révolutionner la société algérienne. Les 145 députées oseront-elles' Elles ne peuvent en tous les cas ignorer ces défis qui s'offrent à elles. Une question de courage tout simplement.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)