Algérie

"Lella Fatna" Sidna Youchaa





La gardienne du paradis.

Je vais vous raconter l'histoire d'une des femmes les plus extraordinaires que j'ai connu. Une pauvre femme d'un pauvre petit village, mais qui avec son grand coeur a marqué des générations.

Mon père est né dans une ville du nord de l'Algérie, à Tlemcen, dans une grande famille. Il perd sa mère lors de sa naissance. Petit toute la ville s'occupe de lui comme s'il était le fils de chacun d'entre eux. Il eu une enfance douloureuse, mais malgré tout rempli d'amour.

Lorsque les vacances arrivaient, mon grand-père prenait avec lui vivre et enfants et allait passer les mois d'été au bord de la mer. Cet endroit qui fut si chère a notre famille pendant plus de quatre générations. À Sydna Youchaa.

Là-bas pour s'occuper du petit enfant. Une jeune fille du village nommé Fatna jouait avec lui dans le sable, le faisait baigner, l'emmenait à la montage pour s'y promener. Elle le faisait rire, courir, manger, grimper…
Fatna c'est un peu sa grande soeur. Une affection très profonde s'est développé entre ces deux enfants issue de deux mondes complètement différents.
Elle, illettré et pauvre montagnarde, lui fils de grande famille, venu de la ville pour les vacances.

Les années passent et la guerre arrive en Algérie, mon père encore tout jeune comme tous ceux de sa génération part à la guerre pour l'indépendance. Huit ans de guerre difficile, où il a du en voir des saletés.
Elle, marié toute jeune à un autre homme de son village, sans avoir choisi, elle a eu deux enfants. Son marie fini par mourir à la guerre. Elle devient veuve.
On est à la fin des années 50.

Mon père durant toute sa vie a continué à retourner dans ce petit hameau de paix. Cet endroit que son père, lui et moi-même qualifions de paradis sur terre. Un endroit si beau… et si paisible.

À chacune de ses visites un petit cadeau pour notre gardienne. Pour notre ainée. Pour notre Fatna.

Fatna vit sur le bord de la route dans une petite maison, elle y a élevé ses enfants tant bien que mal, des poules, un jardin, elle confectionne des paniers en paille pour les touristes estivant. Son pain traditionnel qu'elle cuit dans un four a bois dans le fond de son jardin est légendaire.
Dès qu'une personne arrive à la plage, elle est la sur le bord de la route pour l'accueillir. Elle nous donne les dernières nouvelles. Un tel est venu la semaine dernière avec ses enfants, l'autre a commencé à construire. Le fils d'un tel a eu une très belle pêche, ou nous annonce le mariage d'une jeune fille du village… etc.

C'est une femme extraordinaire. Elle marchait tous les jours pendants près de 10 a 14 kilomètres pour ramasser sa paille, qu'elle trimballait sur le dos courbé sur elle-même. j'ai essayé de le faire un jour avec elle… j'ai cru que mes jambes allaient se cassé et que je resterais courbé toute ma vie. Pour elle c'était la routine quotidienne

Elle a élevé enfants et grands enfants s'occupant aussi de sa mère et de sa soeur.
Elle a travaillé très fort pour un jour pouvoir reconstruire en béton avec de vrais portes et de vrais fenêtres.
Ses petites filles aujourd'hui sont éduqués. Elles ont été à l'école et on de vrais boulots stable en ville. C'est toute sa fierté.
Elle s'est occupée de tout le monde tout le temps.
Pas seulement de mon père et de ses enfants, mais de tous ceux qui venaient dans ce village paradisiaque depuis de si longues années.

Ses journées, elle les passes à inspecter les maisons des vacanciers, s'assurant que rien d'irrégulier si passe. Si on reçoit une facture d'électricité ou la visite de qui que ce soit, tout passe par elle.
c'est notre ange gardien, notre maman, notre tante, notre mairesse, notre sainte.

J'y ai passé dans ce si beau village la grande majorité de mes vacances depuis ma plus tendre enfance.
Qui s'occupait de moi? Chez qui j'allait chassé les poules? Qui me donnait le meilleur pain de la planète? Chez Lella Fatma. Cette si gentille dame au coeur si pure et si sensible.
Elle me racontait l'histoire de nos familles, l'histoire de la région, le nom des petits villages avoisinant.
J'ai le souvenir de l'odeur de sa robe, de son front. Fatna c'est un peu la grand-mère que je n'ai jamais eu. C'est un peu la garante de mon histoire, celle qu'il fallait absolument que je voie une fois arrivé au village. Je m'arrête d'abord chez elle pour lui embrasser le front, comme un rite. Je pouvais ensuite rentrer chez moi. Un peu comme une tradition. Si je ne la voyait pas à mon arrivées, j'étais inquiet.
Fatna je l'aimerais toujours.

Mon fils est né en 2007, et je tenais à ce qu'elle le prenne dans ses bras. J'ai ressentit une fierté inexplicable lorsqu'elle l'embrassa sur le front. On dit: être béni par les dieux. Mon fils fut béni par Fatna, et pour moi c'est tout aussi fort.

Aujourd'hui Lella Fatna est vielle, son âge personne n'en est certain, même pas elle. Elle doit avoir pas loin de 80 ans. Elle est fatigué, mais elle est là. Au rendez-vous, toujours avec les nouvelles de ce qui se passe à Sydna Youchaa.
Ma mère s'occupe d'elle a chaque fois qu'elle y met les pieds, elle lui apporte des cadeaux, des médicaments, de la nourriture. Elle passe tout son temps avec elle. Elles vont en randonnée. Ma mère a le tour avec les personnes Âgées. C'est un peu sa mission sur terre. Un peu comme si elle lui rendait tout ce que Fatna nous a donné.

Fatna, je ne te reverrai peut-être jamais. Mais sache que tu es pour moi une des femmes les plus extraordinaires que j'ai connu. Tu n'as pas été à l'école, mais tu as fait de tes petits enfants des diplômés. Tu n'avais plus de marie, mais tu as travaillé plus fort que toutes les autres femmes que j'ai rencontré dans ma vie. Tu es la soeur Theresa de notre petit paradis.
Je te souhaite encore une longue vie.
Chacune de tes rides je peux les contempler encore et encore comme un des plus beaux paysage de la terre, comme une des plus belles merveilles du monde. Tes yeux si pure et si gentil.
Fatna je t'aimerais comme un fils, éternellement.

CHAKIB BOUAYAD



Que deviendra Sidna Youcha? apres l'invasion des bulldozers !!!
Bouyettou Hmida - Moniteur - Tounane, Algérie

10/03/2014 - 182722

Commentaires

bel hommage de lala Fatma
brixi hamed - commerçant - tlemcen, Algérie

03/03/2014 - 181484

Commentaires

Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)