L'approche des élections législatives remet indéniablement au goût dujour le pourquoi du choix d'un élu et de ce que doivent être ses devoirs àl'égard de la Nation. « Dans le cadre de ses attributions constitutionnelles, le parlement doitrester fidèle au mandat du peuple et demeurer à l'écoute permanente de sesaspirations». Cet article (100) de la Constitution, clarifie sans nuance, lesdevoirs d'un élu vis-à-vis du peuple. Si chacun de nous s'amusait à demanderaux habitants de son quartier ou à son entourage s'ils ont eu, un jour, àrecourir aux services d'un élu pour régler des problèmes de la cité, ils neseraient pas nombreux à répondre par oui. Et ce ne sont pas les aspirations quimanquent au peuple. Encore moins les problèmes qui compliquent son quotidien.La toute dernière contrainte qu'il se doit de subir, ce racket dans lesparkings et devant lequel les collectivités locales ferment les yeux. L'étatdéfectueux des rues de l'ensemble des centres urbains du pays en est aussi unpermanent que l'Etat n'a jamais réussi à régler. Ces derniers jours, des quartiers comme Aïn Beniane ou Bab Ezzouar sevoient rafistoler quelques rigoles. Approche des législatives oblige, letravail est totalement bâclé. La bureaucratie, la corruption et autres «hogra»et clientélisme, pour n'en citer que ceux-là, ne sont point des mots creux. Les partis qui s'affairent à confectionner les listes de leurs candidatssemblent n'avoir jamais eu à l'esprit d'exiger le bilan de leurs députéssortants et des curriculum vitae de «qualité» de ceux qu'ils acceptent demettre en lice. L'histoire retiendra d'ailleurs que des institutions du paysont fonctionné sous les auspices de repris de justice ou de dépravés. Entémoigne un «tract» qui a circulé en 2000 à plusieurs niveaux entre autrescelui de la presse. On y relève des faits et actes scandaleux d'un élu évoluantsous le couvert d'une immunité absolue. Le «tract» en question a été rédigé parun groupe de citoyens de l'intérieur du pays qui a tu son identité par peur dereprésailles. Des journalistes ont fait le déplacement pour en savoir plus, ilsauront eu droit à des preuves irréfutables et sans appel de tout ce qui a étérapporté dans le «tract». Rencontrés dans un séminaire, des hauts responsablesnous déclareront, sans rire, à ce sujet que «toute la République est au courantde ce que font des élus de ce genre mais personne ne fera rien». Voilà quirenseigne sur le pourquoi du choix d'un élu qui ne risque pas d'être inquiéterau cas où il nuirait à la Nation. Rémunérés généreusement et logés, blanchis et nourris avec l'argent ducontribuable, les élus font le strict minimum de ce que leur confèrent les loiset règlements comme missions et devoirs. Les députés n'auront même pas cesursaut citoyen de légiférer pour contribuer à la résolution des problèmes dela cité. Pourtant, la Constitution leur en donne pleinement le droit. «Lesdroits et devoirs fondamentaux des personnes, notamment le régime des libertéspubliques, la sauvegarde des libertés individuelles et les obligations descitoyens» constituent le premier alinéa de l'article 122 qui en compte 30. Ilsont surtout le droit de faire des propositions de lois. Il suffit juste d'être20 députés pour le faire sans contrainte aucune. Le responsable de lacommission juridique de l'APN à qui il a été demandé pourquoi des députés neproposent-ils pas de lois, estime cependant, qu'ils n'ont pas de données oud'informations pour pouvoir le faire. Il reste curieux qu'une institution commel'Assemblée qui a la prérogative constitutionnelle d'interpeller l'Etat danstous ses démembrements, brandisse un tel subterfuge pour justifier sonincapacité à s'acquitter d'un de ses devoirs. D'ailleurs, elle ne réagira paspour plus simple que cela. En effet, il y a quelques mois, le directeur général de la sûreténationale, Ali Tounsi, a déclaré publiquement que les policiers n'avaient pasle droit de créer un syndicat parce que leur direction générale prenait bien encharge leurs droits. L'alinéa 18 de l'article 122 de la Constitution quiaccorde le droit au parlement de légiférer lui permet aussi de le faire pourles règles générales relatives au droit du travail, à la sécurité sociale et àl'exercice du droit syndical. Mieux encore, l'article 56 reconnaît le droitsyndical à tous les citoyens. Nul ne disconviendra que les propos de Tounsi,sont anticonstitutionnels. Et les députés ne seront pas ces élus du peuple quile lui feront savoir. Ils n'interviendront pas non plus pour savoir pourquoi53% des travailleurs -un taux effarant- activent dans l'informel. Ils doiventsavoir pourtant, tout autant que Tounsi, qu'un Etat ne doit sa crédibilité qu'àpartir de celle de ses institutions. Le pays va mal et n'arrive pas à s'enremettre. Le délabrement de ses institutions et l'absence d'une gestion saineet rigoureuse de ses espaces obligent à un tel constat. Lors de son passage à la télévision, le président du RCD répétera aumoins quatre fois que la situation politique du pays est grave. Bien au faitpolitique et des évolutions des officines du pouvoir, ce n'est pas Saïd Sadiqui tiendra des propos aussi inquiétants parce qu'il a des appréhensions ausujet de la fraude...Seul à subir les conséquences de la mauvaise gestion des affaires del'Etat, le citoyen n'en est pas, lui, à prétendre faire de la politique. Il sedevra, cependant, d'aller voter pour se faire cacheter sa carte d'électeur. Iléchappera ainsi à l'excès de zèle d'un agent qu'aucun élu d'aucun parti ne peutrappeler à l'ordre.
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Posté Le : 19/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com