Algérie

Législatives, salaire des députés, Mali… : Le ministre de l'Intérieur dit tout au « Le Quotidien d'Oran »


En plus des importantes annonces qu'il fait dans cet entretien, le ministre de l'Intérieur fait savoir qu'une fois élus, les futurs députés devront soumettre leurs mandats à l'appréciation d'une commission parlementaire chargée, dit-il, d'en juger «la compatibilité».

Une première dans l'histoire parlementaire du pays qui promet, selon lui, des surprises.

Le Quotidien d'Oran : Pourriez-vous préciser les prérogatives de la Commission nationale indépendante de surveillance des élections législatives (CNISEL)?

Daho Ould Kablia : J'ai lu aux membres de la Commission les douze points contenus dans les articles qui concernent leurs missions. Je l'ai fait en appuyant sur chacun des points et en précisant que leur mission est une mission de contrôle. C'est l'administration qui conserve la mission régalienne d'organiser les phases techniques et administratives des élections.

Q.O.: La CNISEL a cependant présenté des doléances assez précises. Sont-elles justifiées et justifiables selon vous ?

D.O.K.: Ce n'est pas que les demandes ne sont pas justifiées mais la Commission est sortie du contexte de sa mission pour régler un certain nombre de problèmes. Ses revendications ont porté sur quatre points, deux d'organisation et deux autres d'information. Pour les deux premiers, ils ont suggéré -avant d'en faire une exigence- qu'il y ait un bulletin unique. Le bulletin unique, c'est une nouveauté par rapport au système électoral en Algérie et par rapport aux traditions des électeurs algériens qui ont toujours voté par le biais d'un choix d'un parti déterminé sur un bulletin représentant une liste déterminée. Nous proposer un bulletin qui engloberait une cinquantaine de listes nous a paru absolument irréalisable et irréaliste dans la mesure où ça prendra énormément de temps dans l'isoloir pour que la personne puisse faire son choix puisque ce bulletin unique n'est pas distribué à l'avance. Ensuite, se pose le mode de sélection de la liste, ils proposent qu'ils soient fait par une croix. Où vont-ils placer cette croix ? Si elle est placée à mi-chemin entre deux listes ? On ne sait pas. Il va aussi falloir que chaque électeur vienne avec un stylo pour cocher. Ça risque également de poser des problèmes au niveau des formats réglementaires des enveloppes et de l'urne. Ils disent que ça se fera sous forme de dépliant, mais si vous prenez M'sila avec 56 listes, ce n'est pas un dépliant qu'il faut, c'est un dictionnaire. On leur a dit on veut bien vous écouter mais le dernier mot revient à l'administration parce que la loi prévoit que la confection du bulletin et ses caractéristiques techniques soient définies par voie réglementaire. Ils insistent sur ce point et sortent des arguments qui ne sont pas à retenir. Ils disent que l'Egypte a voté de cette manière tout comme la Tunisie, avec les résultats que l'on connaît… Ça me paraît partir d'arrière-pensées qui ne veulent pas être exprimées ouvertement.

Q.O.: A propos d'arrière-pensées, la CNISEL estime que plus il y a des bulletins auxquels vous tenez et plus la fraude est permise ?

D.O.K.: Il n'y a pas de fraude puisque l'électeur est en face d'un bureau et il a les listes devant lui. Pour peu que ces listes fassent l'objet d'une communication importante avant le scrutin, avec les affichages qu'il faut, chaque électeur connaîtra la liste qu'il souhaitera choisir puisqu'elle sera numérotée. Numérotation qui relève également des prorogatives de la commission nationale de contrôle puisque c'est elle qui fera les tirages au sort. Où est alors la fraude ?

Q.O.: Les inscriptions groupées des militaires sont fortement décriées par la commission et par l'ensemble des partis politiques qui estiment que l'administration a fauté. Comment comptez-vous garantir la fiabilité de ces inscriptions?

D.O.K.: L'administration n'a pas fauté puisque que le principe de la réinscription ou du transfert d'inscription est prévu par la loi. Il doit se faire au terme d'une période déterminée qui est la période de révision des listes électorales que définie le décret convoquant le corps électoral et qui est fixée à 10 jours. Ces 10 jours donnent un délai de 5 jours extensibles à 8 pour les recours et 5 autres jours extensibles aussi à 8 pour le recours contre le recours. Tout le monde sait que l'institution militaire est un corps constitué qui regroupe des milliers de personnes qui sont en perpétuel mouvement et ne peuvent pas avoir une résidence déterminée. C'est une résidence de mission. Ce qui les autorise à s'inscrire là où ils se trouvent sous réserve qu'ils se fassent radiés de la précédente circonscription où ils avaient été inscrits. Ils ont effectivement présenté des listes groupées -c'est la tradition, l'armée a toujours procédé à des inscriptions groupées- parce qu'on voit mal comment des milliers de militaires vont faire la queue devant une commune pour s'inscrire individuellement. Les listes qui étaient conformes ont été agréées par la commission électorale que préside un magistrat. Celles qui ont été rejetées ont été renvoyées devant le tribunal civil. Ce sont des milliers de listes qui ont été rejetées. Personne n'a trouvé à redire. Ni la défense ni l'intérieur n'ont fait de protestation sur ces rejets parce qu'ils ont été décidés conformément à la loi et selon les prérogatives des deux commissions d'examen de ces dossiers. Mais ce n'est pas cela qui les dérange…

Q.O.: Vous savez que la tradition est aussi de douter de la crédibilité d'un scrutin quand il s'agit de listes et de vote des corps constitués et aussi des bureaux itinérants. Pour cette fois, quelles garanties donnent l'administration pour qu'il en soit autrement ?

D.O.K.: Les bureaux itinérants concernent au plus 25 000 personnes. Pensez-vous que 25 000 personnes vont influer sur 21 millions d'électeurs ? En plus, vous n'allez pas demander aux gens qui se trouvent dans le désert de Timiaouine ou Tanezrouft de remonter vers Bordj Badji Mokhtar ou vers Adrar pour voter. On ne peut priver ces gens-là de leur droit de vote et en particulier les nomades qui sont dans des endroits isolés et n'ont pratiquement aucun moyen pour se déplacer. C'est donc l'administration qui va vers eux avec toutes les garanties qu'il faut puisqu'elle est accompagnée par des observateurs, des représentants des partis politiques, la presse. Leurs bulletins de vote seront maintenus dans des urnes scellées et seront dépouillés le jour où les bulletins de l'ensemble des autres urnes feront l'objet d'un dépouillement.

Q.O.: On continue de craindre le bourrage des urnes ?

D.O.K.: Il n'y aura pas de bourrage des urnes, ils le savent bien. Ils savent aussi que les corps constitués ne votent plus ni dans les casernes ni dans des établissements de la police, de la gendarmerie ou de la protection civile. Tout le monde va aux centres et aux bureaux de vote.

Je redis que ce n'est pas ça qui dérange ceux qui continuent de parler de ces listes groupées.

On dit que le vote des militaires est connu à l'avance et va être favorable à certains partis. Eh bien heureusement que l'on reconnaît aujourd'hui que les militaires ont le droit de voter comme ils l'entendent. Personne ne peut le contester parce que nous avons largement dépassé l'époque où les militaires votaient comme un électeur unique. Aujourd'hui, ils sont libres de voter pour les partis qu'ils veulent. Les islamistes doutent de leur vote parce qu'ils savent très bien que les militaires ne sont pas favorables au courant radical islamiste. Ils en ont payé et continuent d'en payer le prix fort. J'inviterai d'ailleurs ces gens-là à faire un tour à l'hôpital Aïn Naâdja ou au centre de rééducation à Bouchaoui pour voir les dizaines sinon les centaines de jeunes gens de contingents estropiés, victimes de la barbarie. Il ne passe pas un jour sans que des militaires, des gendarmes ou des gardes communaux sautent sur des mines et laissent leurs pieds, ceci s'ils échappent à la mort. Alors qu'on cesse de nous rabâcher les oreilles avec un vote unique et uniforme des militaires !

Q.O.: Le pays a-t-il définitivement dépassé la terrible situation des années 90?

D.O.K.: Malheureusement, les citoyens semblent oublier cette époque parce que la réconciliation a ouvert la voie au retour de très nombreux islamistes pour réintégrer la vie civile et leur place dans la société. Et il se trouve que certains partis, qui se disent pourtant ennemis de la violence, leur ouvrent largement leurs bras pour les intégrer dans leurs listes ou parmi leurs adhérents.

Q.O.: La loi ne l'interdit-elle pas ?

D.O.K.: La loi ne l'interdit pas mais il y a une conclusion à tirer…

Q.O.: Le financement de la campagne électorale est aussi un point de litige entre votre ministère et la CNISEL. L'Etat compte-t-il donner de l'argent aux partis politiques pour mener leur campagne électorale pour éviter les financements occultes ou illicites ?

D.K.O.: La loi ne prévoit pas que l'Etat finance les campagnes. Quand quelqu'un crée un parti et veut aller vers le combat politique et gagner des élections, il faut qu'il assume ses responsabilités. S'il crée un parti, c'est qu'il a les moyens de mener l'activité politique ou partisane pour laquelle il s'engage. Mais une fois que le scrutin est achevé et que des partis obtiennent des sièges, l'Etat a prévu une compensation pour qu'une indemnité soit donnée à chaque parti en fonction du nombre de sièges qu'il aura obtenus. A l'issue de l'élection de 2007, chaque parti a reçu 400.000 dinars par candidat élu. C'est une mesure qui doit être reconduite dans son principe. Pour ce qui est de son montant pour cette fois, nous devons attendre la fin du scrutin pour voir avec le ministère des Finances à combien pourrait se monter cette indemnité qui est prévue par la loi et qui est un encouragement à participer à la vie politique du pays.

Q.O.: La CNISEL a demandé à ce que le ministère de l'Intérieur procède au détachement des membres des commissions locales et de wilayas de contrôle des élections ?

D.O.K.: C'est fait.

Q.O.: La représentativité des femmes posent aussi problème aux partis politiques. Pourquoi ne pas se référer à la Constitution qui traite les femmes et les hommes d'égales à égaux ?

D.O.K.: Certes, la Constitution consacre l'égalité entre les sexes. Mais l'égalité est une chose et la représentation en est une autre. Il faut y aller graduellement parce que si on estime qu'il faut 50% de femmes élues, il faudrait qu'il y ait 50% de femmes au niveau des institutions…

Q.O.: Les femmes ne sont-elles pas très politiques ?

D.O.K.: Ce n'est pas qu'elles ne sont pas très politiques mais on ne peut pas aller de zéro à 50 du premier coup. Avec cette loi, on se situe déjà au même niveau de représentation que le niveau européen. La CNISEL veut connaître à cet effet comment les choses vont se passer. La loi est claire là aussi. Pour une commune de 5 à 13 sièges, c'est 30%, de 13 à 18, c'est 35%, au-delà c'est 40% et pour l'émigration c'est 50%. C'est un calcul mathématique. C'est quelque chose qui est examiné après le dépouillement lorsque les sièges seront attribués. Il y a un ratio qui est utilisé pour calculer la part de la femme par rapport au nombre de sièges obtenus par chaque parti. Ce sont des mécanismes tout à fait techniques qui sont en train d'être discutés entre le ministère de la Justice et le ministère de l'Intérieur. On doit arriver très prochainement à établir cette grille de lecture. Elle sera communiquée à la CNISEL et fera également l'objet d'un séminaire pour assurer l'uniformisation de son application à travers l'ensemble des structures chargées du dépouillement.

Q.O.: Votre ministère a promis de remettre les listes électorales aux partis politiques mais ils ne les ont pas reçues à ce jour, selon la CNISEL.

D.O.K.: La commission sait très bien qu'on a arrêté les candidatures seulement le jeudi dernier. La période d'examen des listes n'est pas encore terminée. Il faut attendre que ces listes deviennent définitives et même attendre un peu plus parce qu'il y a des recours.

Q.O.: La CNISEL continue de menacer de geler ces activités si ses doléances ne sont prises en charge?

D.O.K.: La loi n'a pas prévu que la CNISEL fasse une grève. La CNISEL n'est pas un syndicat.

Q.O.: Il y plus de 20.000 candidatures qui ont été enregistrées au niveau de votre ministère. Y a-t-il eu des rejets et par conséquent des recours ?

D.O.K.: il y a eu déjà des rejets au niveau du dépôt des dossiers. Il y a des dossiers qui ont été acceptés mais on a fait une fleur en demandant aux partis de les compléter parce que ce n'étaient pas des documents majeurs. Il y a eu rejet global d'une liste ou d'une candidature à l'intérieur d'une liste. Le parti est appelé dans ce cas à les remplacer.

Q.O.: Les partis politiques notamment les nouveaux ont déploré la lourdeur des dossiers des candidatures et même avant celle des dossiers de leur constitution et la tenue de leur congrès ?

D.O.K.: Je ne vois pas ce qu'on veut dire par lourdeur puisqu'en moins de deux mois, nous avons agréé 21 partis, ceci donc en rognant sur nos propres délais. La loi nous autorise en effet, à prendre un délai d'une année pour autoriser la tenue d'un congrès. Elle nous accorde 60 jours pour en examiner les résultats. Nous avons fait cela en moins de 8 jours dans les deux cas.

Q.O.: Mais pourquoi ne les avoir pas agréés un an avant et même plus pour éviter cette pression?

D.O.K.: La loi n'était pas encore adoptée.

Q.O.: Certains d'entre ces partis dénoncent les interrogatoires que font subir les services de police ou de gendarmerie à leurs candidats. Est-ce une instruction de votre département?

D.O.K.: Ce ne sont pas des interrogatoires. Si vous revenez à la loi, les candidats doivent répondre à certains critères. Ce n'est pas le candidat qui va venir avec son CV pour dire qu'il est blanc comme neige. Il faut donc confirmer tous ces aspects. On a demandé donc que des enquêtes administratives soient menées et non des enquêtes politiques ou policières. Personne ni aucun policier n'a le droit de poser la question à un candidat pourquoi est-il dans l'un ou l'autre parti?

Q.O.: Pourquoi alors ces interrogatoires?

D.O.K.: Nous avons demandé aux services de sécurité de faire une enquête par passage au fichier pour voir si le candidat est connu d'eux ou non, sans avoir à le convoquer. L'administration doit leur donner pour cela les fiches remplies par les candidats pour savoir s'ils sont connus par eux sans avoir à les interroger.

Q.O.: Mais les candidats ont été interrogés dans les locaux de la gendarmerie?

D.O.K.: C'est interdit ! J'ai l'ai interdit. Ça ne se fera plus.

Q.O.: Pensez-vous que la venue d'un grand nombre d'observateurs internationaux donnerait plus d'assurance notamment aux nouveaux partis pour ce qui est de la neutralité de l'administration?

D.O.K.: Tout le monde reconnaît qu'il y a plus de garanties qu'auparavant et qu'il y en a plus que dans les pays avec lesquels on veut nous comparer. Les textes sont clairs, les commissions de contrôle et de supervision existent, les observateurs sont là. Vouloir faire un procès d'intention à l'administration est, à mon avis, une chose irrecevable. Il faut attendre au moins ce qui va se passer avant de dire qu'il y a fraude ou qu'il y a des quotas. Qu'est-ce que c'est cette histoire de quotas encore? J'ai l'impression que certains partis, qui s'imaginent ou qui se voient déjà en tête d'affiche, veulent dès à présent justifier un éventuel échec par la fraude. Je dis à ces partis qui ne sont pas nombreux d'ailleurs, plutôt que d'attaquer l'administration, essayez de mettre de l'ordre d'abord dans vos propres rangs pour vous protéger de l'ennemi intime, c'est-à-dire de vos propres amis qui vous créent des histoires. Pour ce qui est des observateurs étrangers, il y en a eu par le passé mais c'étaient des institutionnels. Pour cette fois, on a ajouté des ONG. Certains responsables de partis critiquent le fait qu'il y ait des ONG américaines, comme NDI, qu'ils considèrent comme étant hostiles à l'Algérie. A partir du moment où on ouvre les portes à des observateurs étrangers, on ne peut pas faire d'exclusif. On a dit de NDI que c'est un nid des services de renseignements. Et puis après? Les services de sécurité étrangers ont le droit de savoir ce qui se passe ailleurs. Même si ces ONG ne nous aiment pas, qu'elles soient présentes ou absentes, elles continueront à ne pas aimer notre pays et à le combattre. A fortiori, il faut les laisser venir sur place pour qu'elles puissent voir si cette suspicion à l'endroit de l'Algérie est fondée ou pas.

Q.O.: Beaucoup de partis estiment que ces observateurs ne servent à rien parce qu'ils ne pourront pas contrôler tous les bureaux de vote puisque le pays est tellement vaste?

D.O.K.: Une mission d'observation n'est pas une mission de contrôle. C'est un travail d'échantillonnage, de connaissance de l'ambiance dans laquelle se tiennent la campagne électorale et le scrutin. C'est de voir d'abord dans quel esprit les lois ont été adoptées, quelle est leur finalité et comment vont-elles être appliquées. C'est ce que nous avons expliqué à tous ces observateurs en leur remettant toute la documentation concernant le régime électoral, la loi sur les partis, etc. Ils ont déjà une première conclusion à tirer sur la base de ces documents. Ils vont vérifier -toujours par échantillonnage- si ces différents mécanismes fonctionnent de la manière avec laquelle ils ont été prévus. Les observateurs étrangers ne sont donc pas venus pour contrôler les 21 millions d'électeurs.

Q.O.: Les précurseurs de l'Union européenne doutaient déjà de la fiabilité du fichier électoral sous prétexte que personne n'est sûr des données qu'il contient?

D.O.K.: Le fichier électoral, c'est la question la plus difficile à trancher. Dans notre pays, certaines communes inscrivent sur la liste automatiquement les électeurs qui arrivent à l'âge de 18 ans. Il se peut que ces personnes aient démangé. C'est pour cela que nous demandons aux citoyens de vérifier s'ils sont inscrits dans leur commune de naissance, si leur nom n'a pas été radié, ceci pour obtenir un maximum d'informations. Mais cela ne peut être réglé définitivement que lorsque toutes les listes électorales seront reprises au niveau d'un fichier national pour pouvoir éliminer tous les doubles emplois. Nous croiserons nos informations pour arriver à cette solution qui démarrera immédiatement à la clôture de ce scrutin et devra être finalisée au début de l'année 2013. Il y a donc une révision globale du fichier en prévision surtout de la révision de la Constitution parce que l'objectif étant d'aller vers une Constitution qui soit conforme à ce que souhaite le peuple. Ceci, si évidemment la question de son adoption par référendum est admise. C'est la future Assemblée qui le dira.

Q.O.: Est-ce que ce référendum pourrait se tenir entre les élections législatives et les élections locales?

D.O.K.: Non. Je pense qu'il se fera au cours du premier semestre 2013. L'Assemblée qui va être élue sera installée à la fin du mois de mai. Elle commencera à se mettre en place, à organiser ses commissions et à définir un planning de travail. Quand bien même il y aura une commission qui sera chargée de la rédaction de la Constitution, ceci demandera un certain temps puisque ce qui sera proposé par l'Assemblée sera probablement discuté à l'extérieur, c'est-à-dire au niveau d'un certain nombre d'ateliers, de débats publics interactifs par le biais d'Internet, des médias, de la télévision avant qu'on aboutisse à un texte qui soit reviendra pour être adopté par le Parlement les deux chambres réunies, ou soit par les deux chambres en plus de son approbation par référendum comme on a fait pour la Charte nationale (1976 ndlr).

Q.O.: Il est souvent dit que pour être candidat, il faut être financé par les grosses fortunes. A ce point, l'argent s'est-il emparé de la politique?

D.O.K.: J'ai eu à constater personnellement que beaucoup de têtes de listes sont des personnes proches des milieux d'affaires. Evidemment, ça été la voie de la facilité pour certains partis pour obtenir dans les meilleures conditions des têtes de listes qui sont capables et d'être crédibles et de leur apporter les moyens de financer leur campagne. C'était inévitable pour, en particulier, les nouveaux partis dont la plupart n'ont pas de base militante. Ils ont été obligés de ramasser n'importe où leurs candidats, certains l'ont été par des voies qui ne sont pas tout à fait morales. Mais il faut savoir que tous les candidats qui seront élus passeront au crible de la loi sur la compatibilité. C'est une commission parlementaire qui se chargera de faire valoir cette loi qui tranche sur la compatibilité du mandat avec leurs détenteurs. C'est le Parlement lui-même qui va s'autocensurer, c'est-à-dire qu'il va valider lui-même ses élus.

Q.O.: On risque d'avoir des surprises?

D.O.K.: Je pense. Il le faut. Il faut que ceux qui ont pu être élus et qui ne le méritent pas soient déchus de leur mandat conformément à la loi qui juge de la compatibilité. C'est une obligation.

Q.O.: Le dernier mot revient donc à l'Etat?

D.O.K.: Non, c'est le Parlement qui doit décider. Il doit éliminer tous les élus dont la présence ne correspond pas aux normes légales.

Q.O.: C'est une nouveauté?

D.O.K.: Oui, c'est nouveau.

Q.O.: L'Etat va-t-il revoir à la baisse les salaires et les avantages des députés?

D.O.K.: Rien n'a été décidé dans ce sens. Pour l'histoire, il se trouve que par anomalie, les députés ont fixé leurs salaires directement, en vase clos.

Q.O.: quelle est cette anomalie?

D.O.K.: L'anomalie est que seuls les salaires des députés sont fixés par la loi alors que tous les autres salaires, des fonctionnaires, des militaires, des magistrats, le sont par voie réglementaire, c'est-à-dire par décret. Donc, les députés sont les seuls à avoir décidé de leurs salaires par eux-mêmes.

Q.O.: Les institutions n'ont-elles pas corrigé cette anomalie?

D.O.K.: Elles ne le peuvent pas parce que c'est une loi.

Q.O.: Y aurait-il possibilité de réviser ces salaires plus tard?

D.O.K.: Il faut d'abord réviser la loi ou alors trouver un mécanisme pour faire en sorte que le salaire du député soit fixé comme les salaires des autres catégories, par voie réglementaire sur la base de critères consacrés.

Q.O.: Le gouvernement est-il en train d'examiner la faisabilité de la chose?

D.O.K.: Il y a pensé mais je pense que ce sera la nouvelle assemblée qui sera saisie probablement pour se pencher sur la question. Ce qui me touche personnellement dans ce problème de salaire, c'est que chacun doit mériter son salaire. Tout le monde a constaté qu'il y a un très fort absentéisme au niveau de l'Assemblée et qu'il y a même des députés qui n'ont pas assisté à une seule séance pendant les 5 années.

Q.O.: Comment les obliger à être présents dans la prochaine assemblée?

D.O.K.: Il faudra fixer des indemnités au prorata de la présence.

Q.O.: Comment alors contrôler la présence?

D.O.K.: Personnellement, je ne souhaite pas que le salaire d'un député soit un salaire de misère, mais je souhaite qu'il soit lié à la présence et à l'activité. Il y a des formules. En général, un élu doit faire un mandat gratuit. Il doit simplement bénéficier de primes de remplacement ou de représentativité. Tout cela sera discuté le moment venu. A mon avis, et compte tenu de l'opinion des citoyens, ces salaires posent problème. Ils doivent être revus. D'ailleurs, on le voit aujourd'hui, beaucoup de gens se présentent à ces élections pour trois raisons principales. Il y a ceux qui veulent apporter quelque chose dans la vie politique du pays, mais il y a ceux qui sont attirés par les privilèges de l'immunité et le privilège du salaire.

Q.O.: Pourquoi ne pas avoir réglé ce problème avant les élections pour éviter ce genre de situations?

D.O.K.: Parce que la loi a été votée par cette assemblée. Elle aurait dû s'autosaisir pour traiter de cette question…

Q.O.: Auriez-vous une idée sur les programmes des partis politiques en lice?

D.O.K.: De toute cette multiplicité de partis, il y en a qui sont importants et d'autres qui le sont bien moins parce qu'ils ont été créés autour de personnes et non pas autour de programmes. Nous sommes en train de suivre tout ce qui se dit, aucun parti n'a un projet de société convenable, ni de programme structuré pour aborder les vrais problèmes institutionnels, les problèmes sociaux et économiques. Tout le monde veut créer des logements, tout le monde veut créer de l'emploi mais comment s'y prendre, ça c'est difficile alors que c'est l'essentiel parce que tout ce que nous avons pris comme textes, notamment ceux qui ont été proposés par le ministère de l'Intérieur, redonnent de la liberté aux citoyens pour agir au sein de la société. Est-ce que ces partis sont porteurs d'idées réellement convenables pour répondre aux problèmes qui se posent à notre pays? Ce n'est pas apparent. Je n'ai pas entendu un seul parti parler de la réforme fiscale, de la politique industrielle, de la politique de l'investissement ou comment il voit le développement de l'agriculture, le commerce extérieur, la politique énergétique… Je crois que c'est à partir de l'ensemble des partis qui constitueront la majorité au sein de la nouvelle assemblée -parce qu'à mon avis, il n'y aura aucun parti qui aura la majorité (232 sièges), il faudrait donc qu'ils se mettent à plusieurs pour créer des alliances et parvenir à dégager une majorité supérieure à 232 sièges- que nous verrons ce qu'ils apporteront comme idées pour le développement du pays. Il n'y a pas d'ailleurs qu'avec les partis qu'il faut discuter, il y a également les représentants des différents secteurs économiques qui ont des idées. J'ai examiné le dossier des 50 propositions qui ont été faites par le Forum des chefs d'entreprises (FCE), il y a beaucoup de choses très positives.

Q.O.: Le gouvernement pense-t-il les prendre en compte?

D.O.K.: Il faut qu'il prenne en compte les propositions qui sont compatibles avec sa politique et avec ses moyens. On ne peut pas revenir par exemple sur le 51/49, c'est une mesure souveraine. Mais on peut aller vers d'autres solutions…

Q.O.: Suppression du Credoc?

D.O.K.: Le Credoc posait problème, il n'en pose plus. Il faut discipliner ceux qui sont dans les affaires. Tout le monde est devenu importateur et l'Algérie est devenue le réceptacle des biens et marchandises qui ne sont ni utiles ni valables pour le pays.

Q.O.: Le gouvernement compte-t-il rencontrer le patronat pour en discuter?

D.O.K.: Ce n'est pas au gouvernement de le faire. Il appartient aux ministres de discuter avec chaque force sociale, que ce soit les hommes d'affaires, les travailleurs ou les syndicats. Le ministre de l'Intérieur peut être un facilitateur dans cette entreprise.

Q.O.: Comment un ministère comme celui de l'Agriculture n'arrive-t-il pas à anticiper les crises de production ou de stocks des produits agricoles?

D.O.K.: La production de la pomme de terre n'a pas été suffisante et nous sommes dans une période de soudure avec la prochaine récolte. Il ne faut pas jeter la pierre qu'au gouvernement, il y a aussi les spéculateurs. Il y a beaucoup de pommes de terre dans les frigos. Les gens font de la rétention pour gagner un peu plus d'argent. Ce sont des mécanismes qu'il faut prévoir.

Q.O.: C'est aux partis politiques d'anticiper les crises ou de museler les spéculateurs ?

D.O.K.: D'abord en autorisant la création des partis, nous avons répondu à une disposition légale. Seulement, il ne nous appartient pas d'assurer leur survie. C'est à eux d'avoir des cadres qui peuvent gagner l'opinion publique et avoir des représentants crédibles au niveau de l'assemblée parlementaire et des assemblées locales et de wilayas à venir. Je crois qu'il y aura beaucoup de décantation à l'avenir. Ainsi, pas mal de partis qui ont été créés à la hâte et sans objectifs bien définis, mettront tôt ou tard la clé sous le paillasson.

Q.O.: Ils ont bien été agrées par votre ministère ? L'ont-ils été juste pour participer aux élections ?

D.O.K: On les a agréés parce que la loi autorise des citoyens à créer des partis.

Q.O: Pensez-vous que des petits partis comme vous dites qui naissent en 24h, peuvent régler des problèmes institutionnels ?

D.O.K : Peut-être que petit poisson deviendra grand…

Q.O.: Les élections des assemblées locales et de wilayas sont prévues en principe en octobre et novembre prochains. Un redécoupage administratif pourrait-il être envisagé entre autre, résoudre le problème des communes qui disent n'avoir pas d'argent pour travailler?

D.O.K.: Les communes ne peuvent pas dire qu'elles n'ont pas d'argent. Elles n'ont peut-être pas de recettes définies. La totalité de leurs dépenses proviennent de recettes du budget de l'Etat puisque le développement local est financé en totalité par le budget public. La commune a des recettes qui couvrent essentiellement ses dépenses de fonctionnement. Et même là, une bonne partie de ses fonctionnaires sont pris en charge sur le budget de la wilaya et sur le budget du ministère de l'intérieur. Il y a par contre, d'autres problèmes qui empêchent leur essor. C'est le manque de moyens humains. Quant à la fiscalité locale, on ne peut prétendre en faire une, si on ne fait pas de refonte de la fiscalité nationale. Elles sont liées.

Q.O.: L'idée d'une régionalisation des territoires a été avancée, il y a quelques années pour regrouper les communes pauvres avec d'autres riches afin de créer des équilibres régionaux ?

D.O.K.: L'idée n'est pas du tout à l'ordre du jour.

Q.O.: La police communale ou de proximité va-t-elle voir le jour ?

D.O.K: Nous avons sélectionné quelques 12.000 gardes communaux qui vont être intégrés pour constituer la police municipale. Ce sera fait avec les prochaines assemblées.

Q.O.: Les groupes d'autodéfense (GLD) ne sont-ils pas concernés ou ne devaient-ils pas être versés dans les corps de police ou de gendarmerie ?

D.O.K.: La garde communale est un corps qui est fonctionnalisé, alors que les GDL sont des volontaires qui apportent leur concours à l'armée dans des opérations de maintien de l'ordre.

Q.O.: L'Etat les reconnaîtra-il comme forces de sécurité comme ils le revendiquent ?

D.O.K.: Quand l'Etat reconnaît tellement de structures et tellement d'organes, pourquoi pas eux ? Seulement, cela n'est pas à l'ordre du jour.

Q.O.: Les Algériens se plaignent beaucoup des barrages de sécurité qui provoquent des embouteillages monstrueux ? L'Etat penserait-il à en lever quelques-uns ? A-t-il fait le bilan de leur efficacité en matière de sécurité ?

D.O.K.: Les services de sécurité sont mieux placés que vous et moi pour savoir quel rôle dissuasif jouent ces barrages ! Ils connaissent suffisamment de choses pour savoir qu'il y a beaucoup de tentatives d'entrer dans les grandes villes notamment dans la capitale pour perpétrer des attentats. Les groupes qui activent actuellement dans le terrorisme n'ont que deux ressorts, les faux barrages et les attentats-suicide. Je sais que les barrages posent problème aux citoyens, mais il faut savoir que les agents de sécurité qui sont à leur niveau ont acquis une certaine expérience pour détecter très rapidement les véhicules douteux.

Q.O.: Le renseignement ne serait-il pas plus efficace ?

D.O.K.: Ce n'est pas tous les jours que les populations renseignent les services de sécurité…

Q.O.: A quoi servent les nombreuses caméras qui ont été placées au niveau des sorties de la capitale ?

D.O.K.: Elles servent à vérifier la fluidité de la circulation et non pas à surveiller les personnes. Elles ne peuvent relever ni l'identité des personnes ni l'immatriculation des véhicules. C'est beaucoup plus pour la sécurité publique sur le plan de la circulation routière.

Q.O.: Des échos notamment en provenance des consulats algériens, laissent entendre que la machine qui réalise les passeports biométriques ne peut en fournir que 30 passeports par jour alors que les demandes atteignent parfois 200 par jour ?

D.O.K.: Le ministère de l'intérieur a acquis 700 machines, on en a mis une soixantaine à leur disposition, certains consulats peuvent en avoir plusieurs. Cela se met en place en fonction de ce qui a été discuté entre nous et le secrétariat d'Etat chargé de la communauté nationale à l'étranger.

Q.O.: Les institutions publiques ont-elles le droit d'exiger des citoyens d'avoir leur carte d'électeur pour leur délivrer des documents administratifs ?

D.O.K.: Ils sont en droit de refuser. Exiger quelque papier que ce soit pour délivrer des documents administratifs est contraire à la réglementation et c'est une affaire que nous sanctionnons.

Q.O.: Vos services n'ont toujours pas trouvé de solution aux parkings sauvages ?

D.O.K.: La wilaya d'Alger a été tenue d'entreprendre un travail d'étude pour trouver une solution à ce problème de jeunes qui s'imposent comme gardiens de parkings et rackettent les citoyens. Des efforts ont été accomplis, mais il y a tellement de jeunes qui sont inemployés ou sous-employés qu'ils prennent des libertés pour défier la réglementation et la loi et s'exiger aux citoyens. C'est un problème qui trouvera son issue vraisemblablement à moyen terme. Il y a déjà un texte réglementaire, mais c'est la mise en Å“uvre qui demande un travail de préparation.

Q.O.: Que devient le comité bilatéral de la surveillance des frontières avec le Mali après le coup d'Etat ?

D.O.K.: Il est mis en veilleuse. Je rappelle que c'est un comité de facilitation des contacts entre partenaires qui se trouvent des deux côtés de la frontière qu'ils soient publics, police, gendarmerie, douane, administration ou des partenaires privés, de par les populations qui vivent de part et d'autre. Ce comité a permis de faciliter ce partenariat, cette coopération est à même de contenir et maîtriser les problèmes sécuritaires. Ça a donné de bons résultats. Nous l'avons proposé aux Libyens qui sont entrain d'en examiner le texte. C'est un peu dans leurs intérêts parce que nous, notre frontière avec la Libye est sécurisée. On a mis les moyens qu'il faut en renforçant considérablement nos dispositifs sécuritaires sur place. Tout le matériel militaire qui est arrivé au nord du Mali n'est pas rentré en Algérie, parce que la frontière avec la Libye est fortement sécurisée, contrairement à la frontière entre la Libye et le Niger qui était plus perméable et a permis de conduire ce matériel directement vers le Mali.

Ce qui ne veut pas dire que la situation est totalement maîtrisée, parce qu'il y a une déstabilisation des deux côtés. Quoi qu'en Libye, les choses sont entrain de s'arranger, bien qu'à sa frontière sud avec le Tchad, il y a encore quelques problèmes. Mais côté Sahel, il y a ces éléments nouveaux de l'Azawad sur lesquels le Premier ministre et le ministre des affaires étrangères se sont prononcés et sur lesquels je n'ai pas donc à revenir.

Q.O.: Vous avez des nouvelles du Consul algérien et de ses collaborateurs qui ont été enlevés au Mali ?

D.OK.: Non. Mais le ministère de l'Intérieur a pris en charge leurs familles qui sont arrivées à la frontière du Mali pour être rapatriées.

Q.O.: Pourquoi l'enlèvement du Consul algérien à votre avis ?

D.OK.: La logique de ces gens-là est une logique particulière, je ne sais pas trop pourquoi…

Q.O.: Qui sont ces gens là ? On reproche peut-être quelque chose à l'Algérie ?

D.O.K.: On reproche beaucoup à l'Algérie, venant de la part des islamistes. Parce que je pense que ce n'est pas le MNLA qui a fait cela. Si ce sont les islamistes qui ont fait ça, ils recherchent le coup d'éclat. Parce que, enlever un consul algérien fait partie de leurs méthodes de se valoriser et de se donner de la dimension.

Q.O.: Au regard de la forte détérioration de la situation sécuritaire au Mali, l'Algérie ne serait-elle pas appelée à repenser sa stratégie et la structuration de ses dispositifs sécuritaires au sein du CEMOC et de l'UFL ?

D.O.K.: La situation est difficile aux frontières parce que les conjonctures changent. Avant, il y avait le terrorisme, ensuite il y a eu la liaison entre les terroristes et les narcotrafiquants. Il se trouve que les groupes ethniques ont des problèmes politiques qui viennent se greffer sur le reste. A partir du moment où l'un des acteurs au sein du CEMOC qui est le chef d'Etat major malien n'occupe plus ses fonctions, la donne a été totalement bouleversée. Pour chaque conjoncture, il faut donc des dispositions différentes. L'Algérie va probablement prendre les mesures qu'il faut pour faire face à la situation née de l'enlèvement de nos diplomates.

Q.O.: La fermeture des frontières entre autre ?

D.O.K.: Il n'y a pas eu de mesure qui a était prise dans ce sens jusqu'à maintenant, parce qu'il y a des Algériens et d'autres ressortissants qui passent la frontière. Nos frontières sont strictement contrôlées mais l'éventualité de leur fermeture n'est pas écartée. Nous allons nous concerter avec le ministère des affaires étrangères pour décider.

Q.O.: Vous avez eu à vous déplacez aux frontières sud du pays pour discuter avec les populations sur la sécurité et le développement économique et social. Avez-vous initié des projets dans ce sens ?

D.O.K.: Il y a une réflexion extrêmement importante sur le grand sud, tous créneaux confondus, pour qu'il y ait une véritable transformation. C'est une action que nous sommes entrain de préparer en relation avec d'autres secteurs ministériels. Action qui transformera, je pense, complètement le visage du grand sud. Nous sommes tenus par l'urgence parce qu'il ne s'agit pas de réfléchir, mais d'agir. Nous venons de créer 5 entités de réalisation qui émanent de grosses entreprises publiques. Elles ont filialisé des unités pour qu'il y ait des moyens de réalisation sur place que ce soit à Tindouf, Illizi, Adrar, Bechar… Nous allons confier à ces entreprises un plan de charge assez important pour les projets que nous envisageons. Il y a beaucoup d'études qui sont faites sur le développement économique dans ces régions que ce soit au niveau des PME, de l'artisanat, du tourisme ou de l'agriculture. Il y a également tous les projets qui consistent à offrir à ces citoyens le confort nécessaire au quotidien, eau, école, santé, sécurité… Nous avons mené dernièrement une grande opération d'investigations au niveau de la ville de Tamanrasset, précisément au niveau des groupes ethniques étrangers. Ils ont été passés au peigne fin. La police est entrée dans des quartiers où elle n'avait jamais mis les pieds auparavant. Désormais, l'ordre va régner dans ces régions.

Q.O.: Vous avez renvoyé ces groupes chez eux ?

D.O.K.: On en a renvoyé. Nous ne pouvons pas les régulariser parce que la régularisation a des problèmes de loi qui reviennent à des accords internationaux. En plus, on ne peut régulariser des ressortissants d'un pays qui lui-même ne régularise pas nos ressortissants.

Ce qui est important, c'est que le sud fait partie de nos préoccupations par mesure politique, mais aussi par devoir de l'Etat qui doit accorder à ses citoyens les mêmes moyens d'une vie décente. Encore plus pour ceux du sud parce que la nature ne leur est pas toujours clémente. La machine va être mise en marche très rapidement mais progressivement. On va aller du plus simple au plus complexe. Ce sont des projets qui doivent se réaliser sur le court terme, dans les deux années à venir.

Q.O.: Les frontières Est et Ouest du pays ont aussi des problèmes de contrebande, notamment à la frontière algéro-marocaine même si elle est fermée ? Y-a-t-il prévision de revoir les dispositifs de contrôle à ce niveau ?

D.O.K.: Pour le moment, nous surveillons nos frontières par nos propres moyens. Nous avons très peu de relations avec les services de sécurité des pays frontaliers, puisque nous travaillons intramuros, c'est-à-dire à l'intérieur de nos frontières.

Q.O.: Mais le carburant et beaucoup d'autres marchandises rentrent toujours à Oujda ?

D.O.K.: Le partenariat entre les contrebandiers est plus fort que le partenariat entre les entités officielles. Les contrebandiers de tous les pays arrivent à trouver des stratégies de coopération et de soutien mutuel qui mettent les entités officielles devant le fait accompli.

Q.O.: Il y a beaucoup de responsables marocains qui sont venus en Algérie. N'y a –t-il pas moyen de s'entendre sur un minimum de collaboration ?

D.O.K: Ceci relève d'un problème plus général. Des pas ont été faits, et il y a une dynamique qui va se mettre en Å“uvre et qui aboutira je l'espère, à des solutions qui dépasseraient le simple problème de l'ouverture ou de la fermeture des frontières.

Q.O.: Problème qui n'est toujours pas d'actualité ?

D.O.K: …Je ne sais pas.


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