Algérie

Législatives Les grands principes et le dispatching des sièges



A force de défendre des programmes bien ficelés, l'on croirait presqueque les partis politiques en campagne confondraient entre une échéanceélectorale et une autre et visent par conséquent des objectifs quidépasseraient largement les prérogatives d'une assemblée parlementaire.Tu as entendu ce qu'il leur a dit le soir lors de son passage à la télévision? », a demandé un enfant d'une quinzaine d'années à sa maman avec laquelle ilremontait doucement la rue Didouche Mourad. Cet adolescent à l'esprit éveilléparlait évidement de Sarkozy et non pas d'un des candidats à la députationnationale.  Les partis politiques en lice ontcompris depuis longtemps qu'ils n'étaient pas la tasse de thé de leurscompatriotes. Sans cela, ils se seraient quand même rendus compte que leurscandidats défilent sur le petit écran dont le fond carrelé prête à desdifficultés de compréhension du sens à lui donner. Au-delà du fait que le décorennuie par ses lucarnes aux couleurs délavées, le pire est que l'emblèmenational symbolisant la carte d'Algérie est dessiné avec des contourseffilochés. Une telle image est plus qu'absurde. Elle est décadente pour lepays. D'ailleurs, cela doit importer peu pour eux. L'essentiel est qu'ilscontinuent de figurer sur les tablettes du pouvoir en place. Il leur incombe defaire preuve juste de patience et de docilité pour mériter ce qu'ils quémandentcomme positionnement, notamment en prévision d'un avenir difficile à prévoir. Les partis politiques les plus envue, à l'exemple de ceux de l'alliance présidentielle, se sont bien lancés pourcela dans la défense de propositions de programme que seuls des gouvernementsont constitutionnellement le droit de présenter. Sortis en campagne depuis plusd'une dizaine de jours, leurs leaders étalent sans se lasser des mesures degrande portée sur la réorganisation des différentes sphères économiques etsociales du pays sur fond d'un soutien indéfectible au président de laRépublique. Le RND de Ahmed Ouyahia l'a fait très clairement en soumettant àses électeurs 140 mesures qu'il estime comme compléments ou appoints à cellesesquissées dans le programme de Bouteflika. Pourtant, la teneur de cespropositions remettrait en cause la pratique même du pouvoir, dans la mesure oùelles contredisent dans le fond l'ensemble des lois et règlements en vigueuradoptés pour la réalisation du programme présidentiel. Le secrétaire général du FLN le fait plus discrètement parce que le postequ'il occupe en parallèle, à savoir celui de chef de l'Exécutif, lui interdiraitde proposer des mesures autres que celles contenuess dans le programmeactuellement en phase d'exécution. A défaut, sa crédibilité risquerait deprendre un sérieux coup.  Quant aux autres partis, bienqu'ils se soient mis globalement à prôner les grands principes de ladémocratie, de l'Etat républicain et d'une économie qui allie libéralisme etprotection sociale, ils ne pourraient rien faire qui bouleverserait le cours etl'ordre des choses que les concepteurs de la politique des quotas ont dessinéspour eux. A l'exception près, faut-il le souligner, du PT de Louisa Hanoune,mais dont le discours continue de servir d'instrument équilibrant et, pourquoipas, d'animateur d'une scène politique sur laquelle le pouvoir réel garde unoeil bien ouvert, au cas où elle nécessiterait des réajustements. D'ailleurs,c'est ce genre d'exercice qui a fait que pour cette échéance électorale, il amieux valu pour lui d'éliminer, par la voie des lois et non des quotas, unAbdellah Djaballah jugé trop imprévisible, voire dangereux pour la suite desévénements. Ainsi, est-il clair que l'occupation des parcelles de l'échiquierpolitique et le dispatching des sièges du parlement se font et se défont par unjeu de permutation de pions qui se pratique selon l'évolution des intérêts descastes au pouvoir. Les partis de l'alliance présidentielle figurent dans ceschéma en pôle position. Et pour rester dans cette lignée, les leaders de cespartis et leurs acolytes se copieraient presque le geste et la parole. Leurrefus de se présenter en personne aux élections législatives du 17 mai pourraiten être un signe. Ouyahia et Belkhadem sont, dans ce sens, les plus observés. Si le premierdonne l'air d'être plus serein que le second, il n'en est pas mieux loti enmatière de notoriété, quand l'opinion publique sait qu'il a été deux fois chefdu gouvernement mais qu'il n'a pas pris des mesures aussi incitatives etattractives que celles qu'il propose aujourd'hui. L'on retiendra par ailleurs àBelkhadem qu'il est actuellement à la tête de l'Exécutif mais qu'il n'atoujours pas mis en oeuvre les grands principes de justice et d'équité qu'ildéfend durant cette campagne. Dans les deux cas, il faut admettre qu'être chefdu gouvernement ne signifie aucunement détenir le pouvoir. Quand un Exécutifest coincé entre sa soumission à un pouvoir décisionnel imprévisible et sonincapacité à satisfaire les besoins et les attentes des populations, il resteforcément cette soupape prête à être ouverte à n'importe quel moment. Parcequ'il sait que la Constitution ne donne pas prérogative aux députés deprésenter un programme, mais réunis à 20 ils peuvent soumettre des projets deloi, l'ex-chef du gouvernement, s'il défend un programme de 140 mesureséconomiques et sociales, doit certainement se projeter au-delà des résultatsdes législatives du 17 mai. Par contre, la Constitution oblige le gouvernementà remettre sa démission à ce moment là pour qu'il soit reconstitué selon lepoids des quotas acquis par chaque parti au sein de l'Assemblée. Mais pour cela,même si la personne de Belkhadem donne l'air de perdre pied face au pouvoir enplace, le FLN se voit déjà rafler la majorité. Ce qui ne semble pas gêner outremesure Ouyahia qui, dans ce cas, semble s'inscrire dans une autre logique decommandement qui pointe à l'horizon. Comme s'il voulait anticiper 2009 etgagner du temps sur... le temps. D'ailleurs, 2009 n'est pas aussi loin qu'on lepense, quand on sait qu'il s'agit de se placer en prévision d'une élection pourlaquelle les arcanes du pouvoir vivent déjà au rythme de grands soubresauts.


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