Algérie

Législatives : La neige va faire fondre la participation


«On n’ira pas voter et gare à celui qui viendra dans nos villages à l’approche de toute échéance électorale !» Les villageois venus de la commune d’Ath Laâziz, au nord de Bouira, qui se sont déplacés jusqu’à la station Naftal du chef-lieu de wilaya en quête d’une bouteille de gaz butane, sont en colère. De nombreux habitants des communes rurales touchées par la tempête de neige et qui demeurent à ce jour isolées, d’autres dont on est sans nouvelles depuis samedi dernier, comme ce fut le cas pour les localités de Guerrouma, Zbarbar, à l’ouest, et de Bordj Okhris, au sud de la wilaya, lancent le même message : «On ne va pas voter pour des députés qui servent uniquement leurs intérêts et qui n’ont jamais quitté les jupes du wali de Bouira dans ses sorties», promettent-ils. «Ayyina m’ l’vot, nous sommes fatigués du vote», lance une jeune homme d’une trentaine d’années à des policiers qui ont initié une action de solidarité au profit des familles démunies, mercredi dernier, dans le quartier Ras Bouira. «C’est notre message aux autorités. Ecrivez-le SVP afin qu’ils cessent de nous harceler par leurs SMS, nous exhortant d’aller voter lors de futures échéances électorales, On le fera jamais !», affirment-ils. «Pas besoin de nous» A Chlef, où les villages des versants des monts de Bissa, du Dahra et de l’Ouarsenis vivent toujours dans l’angoisse, le ras-le-bol est le même. «Nous faisons les frais d’une gestion catastrophique des collectivités locales», soulignent des habitants. On évoque avec amertume l’indifférence affichée par les élus et responsables locaux à l’égard des familles touchées, qui affirment n’avoir reçu ni aide ni visite des autorités dans les moments difficiles. «De nombreuses contrées sont jusqu’à présent entièrement isolées sans aucune assistance des pouvoirs publics.» Les habitants disent ne pas comprendre comment des communes, qui ont englouti des sommes faramineuses dans le cadre des différents plans de développement, ne disposent même pas d’une niveleuse pour dégager la neige. Et de s’en prendre directement aux élus qui, d’après eux, n’ont rien fait pour améliorer leur quotidien : «Ils nous ignorent et ne se rappellent de nous qu’à l’approche des échéances électorales», lancent-ils avec dépit. «Il est vrai qu’ils n’ont pas encore besoin de nous…» Décalage Dimanche dernier, alors que les 1500 villages de la wilaya de Tizi Ouzou, piégés par la neige, criaient au secours, les abonnés du réseau de téléphonie mobile étaient destinataires de textos les invitant à… s’inscrire sur les listes électorales. «Au lieu de déclencher un plan d’urgence national pour désenclaver les localités sinistrées, le gouvernement n’a pas trouvé mieux en matière de communication. Mais il faut dire que  nous sommes habitués à l’inertie des pouvoirs publics en pareille circonstance», déplore un villageois d’Iferhounène. «L’inquiétude est d’abord pour ceux qui vivent dans les zones montagneuses. L’urgence est de les approvisionner en moyens de chauffage. Il s’agit d’une question de vie ou de mort, d’assistance à personne en danger. Le gouvernement a l’obligation d’intervenir et de s’exprimer sur cette catastrophe naturelle. Il doit absolument mobiliser les moyens nécessaires pour venir en aide aux citoyens bloqués, qui peinent à se nourrir et surtout à se chauffer. Ces campagnes par SMS, qui concernent les  prochaines élections, visiblement lancées de façon mécanique, seraient plus crédibles si elles étaient accompagnées d’autres SMS de solidarité pour ces familles qui souffrent dans les montagnes. Ces SMS apparaissent déjà comme le signe d’un grand décalage entre les autorités gouvernementales et les citoyens. Ils risquent de choquer ceux qui les reçoivent, plus particulièrement dans les zones montagneuses où, pour l’heure, seul le téléphone mobile semble fonctionner plus ou moins correctement», commente, pour sa part, un habitant de Bouzeguène. élections diluées «Ne voyant en nous que des bulletins de vote, nos élus, notamment les députés, n’ont pas jugé utile de prendre de nos nouvelles. Cette avalanche de neige qui fondra aujourd’hui ou demain nous rappelle le fameux dicton  ‘ma yabka fel oued ila h’djarou’ (il ne reste dans l’oued que ses galets). Où sont partis ces représentants du ‘chaab el maghboune’ (ce malheureux peuple), surtout ceux qui excellent dans la représentation à distance '» «On sait que les élus n’ont aucun pouvoir décisionnel mais le soutien moral est pourtant gratuit ! Même s’ils ne sont pas exempts de tout reproche, les commis de l’Etat ont fait mieux que nos élus qui se sont débinés au mauvais moment. Ce n’est pas la peine de venir prêcher les fausses promesses lors de la campagne électorale. Le peuple qui crève la dalle avait besoin de gaz butane, de vivres, de gasoil et des 4X4 de nos ‘élus’ pour acheminer nos malades et femmes enceintes», s’énervent des citoyens de la wilaya de Sétif, à Aït Tizi, Aït Nawel M’zada et Bouandas.
Le même sentiment anime des citoyens de Sétif et El Eulma, deux autres importants viviers d’électeurs : «Pour les anciens et nouveaux prétendants à la députation, ces intempéries faussent leur campagne qui sera entachée par la mauvaise gestion de la tempête qui a bloqué bon nombre de quartiers des deux cités mal gérées. Pour la gouverne des caciques et leurs sbires, la neige a dilué les élections…»

 
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