Algérie

Législatives : l'appel du Grand Frère



Après l'Italie et l'Espagne, c'est au tour des Etats-Unis d'entrer en campagne pour les élections législatives en Algérie. Cela fait beaucoup d'amis ? et quels amis ! ? ?qui nous veulent du bien?.L'Italie s'est proposée de nous parrainer auprès de l'Europe ; l'Espagne a proclamé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, que ?les réformes engagées en Algérie qui aboutiront aux élections législatives du 10 mai et qui se poursuivront par une révision de la Constitution? sont ?un exemple pour les pays de la région? ; l'ambassadeur des Etats-Unis vient de nous prévenir que ?si les gens ne participent pas au processus des réformes et aux prochaines législatives, ils n'auront aucune possibilité d'influencer les décisions qui seront, de toute façon, prises et qui auront un impact direct sur eux? !
Nous sommes dans l'ignorance de ce qui a été convenu avec Hillary Clinton, au cours de son escale algérienne, mais il a sûrement fallu que ses interlocuteurs développassent de convaincants arguments pour que son pays s'engage ainsi, soudain, dans la campagne électorale et sur le même thème que les autorités nationales : la participation aux prochaines élections législatives.
Si on connaît les sujets officiellement abordés par la secrétaire d'Etat, on ignore les résultats de ses consultations sur les relations bilatérales, la coopération sécuritaire et la frontière algéro-marocaine, la question du Sahara Occidental. Dans les prochains mois, semaines ou jours, nous serons certainement mieux édifiés sur ce qui nous vaut cette mise en garde du? Grand Frère.
Il n'est pas utile de commenter, dans le fond, la recommandation de l'ambassadeur des Etats-Unis, parce que son propos est, assurément, de proclamer une position plutôt que d'agir sur le comportement électoral des Algériens. Celui-ci étant déterminé par des considérations strictement locales et il est peu probable que les Américains l'ignorent.
Les représentants de l'Amérique ont la franchise de rappeler, à l'occasion, que leur diplomatie est plus inspirée par les intérêts bien compris des Etats-Unis que par quelque système de principes qu'ils voudraient diffuser parmi les autres peuples.
La règle de réalisme les amène à préférer les choses en l'état tant que cela ne dérange pas les intérêts de leur pays.
Mais, voilà, il leur arrive d'être plus que passifs ; ils aident à ce que les choses restent en l'état quand ces fameux intérêts le commandent. C'est peut-être un hasard, mais les trois pays qui font campagne sont aussi nos trois premiers importateurs de nos hydrocarbures.
Car, enfin, et si l'on en vient au fond de l'argumentation de l'ambassadeur des Etats-Unis : cela fait cinquante ans que les Algériens ?participent aux processus de (multiples) réformes? et aux ?législatives?, sans qu'on puisse dire qu'ils ont, jusqu'ici ?influencé les décisions?.
Puisque ?cette main de l'étranger?, par laquelle le pouvoir accable ses citoyens à chaque fois qu'ils émettent une revendication, est tolérée quand elle vient soutenir le statu quo, on demandera à Son Excellence d'aller au bout de son argumentation et de nous dire ce qui a changé pour justifier son bienveillant appel au vote. Ce qui a changé pour les Algériens, entendons-nous !
M. H.
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