Les élections de dimanche dernier devraient clore le chapitre des crises et des violences en Thaïlande. Il n'en est rien. Bien au contraire, le scrutin a élargi la plaie, au point qu'un coup d'Etat n'est pas exclu.Bangkok (Thaïlande)De notre envoyé spécialL'avertissement est venu des Etats-Unis. «Nous ne voulons certainement pas voir, en aucun cas, de coup d'Etat ou de violence en Thaïlande», a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki. Le bruit de bottes, même s'il se fait très discret, n'est pas à exclure. Pourtant, les élections législatives anticipées, organisées dimanche à la suite de la dissolution du Parlement par Yingluck Shinawatra, se sont globalement déroulées dans le calme. Globalement, car il y a eu un attentat contre les opposants à Bangkok et aucune candidature n'a pu être présentée du fait d'un blocus, en décembre, des centres d'enregistrement. Elles feront l'objet d'élections partielles ultérieures.Paradoxalement, ces élections peuvent sonner le glas du parti majoritaire. Faute de quorum, il est impossible d'élire un nouveau Parlement et de nommer un gouvernement. L'opposition, bien que minoritaire, a réussi son pari : faire échouer politiquement le processus électoral. L'impasse politique est totale. Pheu Thai (le parti de la chef du gouvernement, Yingluck Shinawatra) est à la fois le grand gagnant de ces élections mais surtout le grand perdant. Faute d'opposition, il devrait sans surprise rafler tous les sièges, mais sa démarche est un échec politique. Ce n'est pas par hasard que le Parti démocrate, qui a boycotté le scrutin, a fêté dimanche dans les rues de la capitale sa «victoire».Au jeu de qui perd gagne, les Chemises jaunes ont remporté leur pari. Participation faible, discrédit du scrutin, absence de légitimité, un vote pour rien ou presque. L'opposition s'est saisie d'un levier non négligeable en Thaïlande : la monarchie, très respectée, voire vénérée dans le pays. En accusant le parti au pouvoir de vouloir défaire le roi de ses prérogatives, elle s'attire une grande sympathie mais aussi lance un appel à l'armée pour qu'elle se mette de son côté. Ainsi, le Parti démocrate va saisir la justice pour tenter d'obtenir l'annulation des élections législatives. Deux plaintes seront déposées devant la Cour constitutionnelle.«La première concerne directement les élections. Nous soutiendrons qu'elles ont violé la Constitution, en particulier l'article 68, qui interdit aux individus de saper la monarchie constitutionnelle et de tenter de prendre le pouvoir par des moyens anticonstitutionnels», a détaillé Chavanond Intarakomalyasut. «Dans une plainte distincte, nous réclamerons la dissolution du Pheu Thai pour avoir proclamé l'état d'urgence, ce qui signifiait que les élections ne pouvaient se tenir dans des circonstances normales.»L'état d'urgence a été décrété le mois dernier par le gouvernement pour contrôler les contestataires qui manifestent depuis novembre. Selon les deux journaux influents thaïlandais, Bangkok Post et The Nation, tous les scénarios sont désormais possibles. Les élections de dimanche dernier n'ont rien réglé, les deux camps se retrouvant dans des tranchées, aucun ne veut céder ni aller au compromis, ouvrant ainsi la voie à l'incertitude. Le pays a échappé, pour l'instant, à une flambée de violence.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 05/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rémi Yacine
Source : www.elwatan.com