Algérie - Revue de Presse

Législatives en Serbie : Un enjeu particulier



Les électeurs serbes renouvellent aujourd?hui leur Parlement, avec décidément, comme pour chaque consultation de ce type depuis dix ans, un enjeu particulier.

Cette fois, c?est la poursuite du démembrement de la Serbie, avec la proclamation le 17 février dernier de l?indépendance de la province du Kosovo et le rapprochement avec l?UE (Union européenne), dénoncée par le courant qualifié d?ultra-nationaliste, qui considère cette phase comme la contrepartie concédée pour la perte du Kosovo. D?où ces qualificatifs de trahison et d?appel au meurtre ayant émaillé la campagne électorale. d?ores et déjà, l?on dit, que l?opinion a basculé et que les ultranationalistes sont en mesure de remporter ce scrutin, inversant ainsi la tendance pro européenne que Belgrade a adoptée depuis la chute, il y a huit ans, du régime autoritaire de Slobodan Milosevic. Le scrutin, l?un des plus incertains de l?histoire récente de la Serbie, a pris l?allure d?un référendum pour ou contre l?Europe des 27, car il reste entendu et au-delà des qualificatifs, que la question du Kosovo fait consensus, même chez ceux que l?on présentait il y a peu comme « réalistes » ou pro-européens et qui ont refusé tout marchandage sur cette question. « Ces élections sont une forme de référendum au cours duquel les citoyens décideront si la Serbie deviendra ou non membre de l?Union européenne », a déclaré récemment le président Boris Tadic. Selon les sondages, les ultranationalistes du Parti radical serbe (SRS) obtiendraient 36 % des voix, soit un point de plus que les pro-européens regroupés autour du Parti démocrate, (DS), de M. Tadic. Les ultranationalistes, qualifiés aussi de russophiles, ont profité du ressentiment d?une large partie de la population serbe à l?égard des Etats-Unis et de l?UE en raison de leur soutien à l?indépendance du Kosovo que les Serbes considèrent comme le berceau historique de leur pays. Répondant à un appel de Belgrade qui a choisi ainsi d?ignorer ostensiblement l?indépendance du nouvel Etat, au risque d?accroître la tension avec les Kosovars-albanais, les Serbes du Kosovo prendront eux aussi le chemin des urnes. La Mission de l?ONU (Minuk), qui administre le Kosovo depuis la fin du conflit de 1998-1999 entre forces serbes et séparatistes albanais, est en principe seule habilitée à organiser des élections au Kosovo, une règle que la Serbie a décidé de défier. « Organiser des élections serbes au Kosovo revient à franchir une ligne rouge », a récemment déclaré le chef de la Minuk, Joachim Ruecker, qui a souligné que son administration considérait ces élections comme illégales. La Minuk est toutefois parvenue à un accord tacite avec les dirigeants kosovars albanais pour autoriser les Serbes du Kosovo à voter pour les législatives en soulignant qu?ils ont de fait « la double nationalité », serbe et kosovare. En difficulté, les pro-européens ont toutefois reçu le soutien de l?UE qui a signé, la semaine dernière, avec Belgrade, l?Accord de stabilisation et d?association (ASA), premier pas en vue de l?adhésion à l?Europe des 27, dont l?important volet économique est susceptible d?accélerer le redressement de la Serbie. L?UE a fait un autre geste pour convaincre les quelque 6,7 millions d?électeurs serbes de voter pour les pro-européens, en accordant la gratuité des visas à la grande majorité des citoyens serbes. Mais Bruxelles a soumis l?entrée en vigueur de l?ASA à une pleine coopération de la Serbie avec la justice internationale qui réclame l?arrestation de quatre fugitifs inculpés de crimes de guerre. L?indépendance du Kosovo, proclamée le 17 février est à l?origine de la crise politique que la Serbie traverse depuis mars et que le scrutin d?aujourd?hui est censé résoudre. Elle est à l?origine de la décision du Premier ministre sortant, Vojislav Kostunica, de rompre la coalition gouvernementale avec les pro-européens du président Tadic. FLeader du parti démocrate de Serbie (DSS), M. Kostunica a pris une orientation nettement nationaliste qui devrait le pousser après les législatives à une alliance avec les ultranationalistes du SRS. Le Premier ministre a vivement critiqué son ancien allié, le président Tadic, d?avoir soutenu la signature de l?ASA. Comment donc réagiront les électeurs serbes à ce faisceau de pressions multiformes aussi bien internes qu?externes, de toute façon, les deux étant intimement liées ?




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