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Législatives en Italie : L'inquiétude de l'Europe et des Italiens



Les élections législatives, qui se sont tenues hier, ont été un véritable suspense jusqu'au bout, tant les prévisions demeuraient approximatives. Des 50 millions d'électeurs, 35% étaient encore indécis la veille du scrutin.Franco, un Romain de 67 ans, est un ancien entrepreneur dans le bâtiment, il n'a plus que sa maigre retraite pour vivre. Depuis la crise économique de 2008, il s'est retrouvé au bord de la faillite, car ses clients ne payaient plus ses travaux. Il est très mécontent du gouvernement actuel et a voté pour le parti xénophobe Fratelli d'Italia, fondé par les néofascistes, dont la leader Giorgia Meloni a mené sa campagne électorale en jouant sur la peur des Italiens.
Elle a été jusqu'à rendre visite au Premier ministre hongrois, Viktor Orban, louant sa politique répressive et scandaleuse contre les réfugiés syriens. «L'Italie est envahie par les nègres qui augmentent la criminalité et les musulmans qui veulent enlever la croix de nos écoles. La gauche les maintient et les accueille à bras ouverts», explique-t-elle pour justifier son choix électoral.
Outre Fratelli d'Italia, un autre parti politique, La Ligue du Nord, tente de brasser large parmi les électeurs en colère contre le gouvernement de centre-gauche de Paolo Gentiloni. Mais au-delà de la propagande hostile aux immigrés et aux musulmans dont certains hommes politiques ont usée à outrance dans leurs discours, il faut dire que le Parti démocrate au pouvoir a déçu nombre d'Italiens, y compris ceux qui avaient voté en sa faveur.
Les impôts sont toujours aussi asphyxiants pour les familles issues des couches moyennes et vulnérables, le chômage n'a pas été contenu de manière significative et les aides publiques aux plus démunis se sont drastiquement réduites par manque de couverture budgétaire. «J'avais voté pour le Parti démocrate en 2013, mais à présent je regrette ce choix. Matteo Renzi (l'ancien président du Conseil italien) n'a pas tenu ses promesses.
Pire, il a introduit des mesures que la droite n'avait pas osé appliquer, comme la taxe sur la télévision publique incluse dans la facture de l'électricité, ou le fait d'avoir rendu payants plusieurs examens médicaux qui étaient gratuits ou subventionnés avant», nous confie Massimo, un universitaire de gauche, qui a voté pour la nouvelle formation politique Liberi e Uguali, fondée par le président du Sénat, Pietro Grasso, ancien magistrat, et la présidente du Parlement Laura Boldrini.
Ce parti plaide pour l'intégration des immigrés et pour un accueil plus humain des demandeurs d'asile. Mais les sondages l'accréditent d'un taux de vote inférieur à 7%. Deux autres paramètres qui feront également la différence dans ce vote, c'est d'abord la position des indécis, estimés entre 35 et 40% des électeurs, et le taux de participation, vu que la tendance enregistrée aux derniers scrutins était à la hausse de l'abstentionnisme.
Les principaux partis politiques se sont donc disputé le vote de 50 millions d'électeurs et devront obtenir, selon les prévisions des instituts de sondage, les pourcentages suivants : 35 à 39% pour la coalition de droite, scellée entre Forza Italia, Fratelli d'Italia, La Lega del Nord et la formation de centre droite Noi con l'Italia, alors que le parti populiste, fondé par le comique Beppe Grillo, le Mouvement 5 étoiles devrait pouvoir arracher entre 28 et 30% des voix. Son concurrent, le Parti démocrate, s'arrêterait au seuil de 27%.
En effet, la grande inconnue dans ces élections, c'est le score que fera le Movimento Cinque Stelle, qui n'a cessé de surfer sur le besoin réel et profond des Italiens d'une politique «transparente et honnête». Ce parti qui avait arraché plusieurs villes et régions au Parti démocrate, lors des dernières élections régionales et locales, a montré une volonté de combattre la corruption, le clientélisme et le népotisme, même s'il a péché par inexpérience et naïveté.
Mais les déclarations des leaders du M5S sur l'immigration flirtaient dangereusement avec les positions du parti xénophobe et islamophobe de la Ligue du Nord. Ce qui est certain, c'est que l'Italie, qui se réveillera après le dépouillement, sera, plus que jamais, une nation en proie à l'inquiétude sur son avenir. Speriamo bene !


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