Algérie

Législatives du 10 mai - Immigration: déception des indépendants


Il y a de fortes raisons pour que les candidatures indépendantes soient totalement absentes lors du scrutin du 10 mai. Et ce ne sera pas la première fois dans la vie politique de l'immigration.

Jusque-là, l'immigration a été épargnée par la «bataille» autour des listes des candidats à la candidature aux législatives du 10 mai. Traditionnellement, peu de remous agitent la période qui précède la confection des listes des candidats, et les scrutins se sont toujours déroulés dans de bonnes conditions avec un taux de participation généralement plus élevé que celui du pays.

Au lendemain de la clôture du délai de dépôt des candidatures, une première réaction nous est parvenue de France, plus précisément de la circonscription de la zone Nord (Pas de Calais, La Moselle…). Il s'agit des candidatures dites « indépendantes ». Selon Monsieur Abdoun Charef Slimane, aucune liste de candidature indépendante n'a été retenue lors du dépouillement qui a eu lieu au Consulat général d'Algérie à Paris. Raison : aucune liste n'a pu réunir les 800 signatures de parrainage exigées par la loi électorale. M. Abdoun Charef Slimane, qui se présentait sous la liste « Au nom de l'Algérie », ne conteste pas la légalité de la procédure, mais s'interroge sur cette « bizarrerie réglementaire ». Elément actif dans le mouvement associatif algérien en France, M. Abdoun constate l'absence sidérale des représentants des partis politiques traditionnels dans la vie des Algériens en France, y compris les députés élus auparavant. « Les milieux émigrés ne voient jamais les députés et n'ont aucune idée de leurs activités tout au long de la législature. Les députés apparaissent à la veille des élections puis disparaissent durant les 5 ans qui suivent de champ de la vie de la communauté immigrée », affirme-t-il. Il ajoute s'étonner encore plus de l'agrément des candidats des nombreux nouveaux partis (entre 20 et 30) qui ont moins d'un mois d'existence. Selon lui, l'approche politique de l'immigration a sa particularité. Traditionnellement, c'est le mouvement associatif qui anime la vie collective, porte leurs aspirations et sert de lien avec le pays d'origine. Pour lui, l'immigration ne peut être mieux représentée que par des candidats issus du mouvement associatif. Aussi, les candidatures indépendantes ont été prises de court par le délai imparti pour recueillir les 800 parrainages en question, alors même que 400 signatures suffisaient pour la législature précédente. Cette interprétation de la particularité du « contexte » électoral dans l'immigration révèle à la fois la naïveté des postulants à la candidature et traduit une attitude quelque peu « clientéliste ». Le phénomène est observable dans pratiquement tous les pays d'Europe et ailleurs. Le mouvement associatif algérien en Europe est très actif, empreint d'un certain attachement aux valeurs nationales, proche de l'administration diplomatique et consulaire, laquelle le sollicite régulièrement pour la célébration d'anniversaires nationaux, la commémoration de dates historiques et jusqu'aux fêtes religieuses. Une bonne majorité des acteurs associatifs sollicite l'aide et l'appui des autorités diplomatiques et consulaires pour l'organisation de leurs activités. Les exceptions sont rares. Du coup, ce sentiment de proximité et d'harmonie avec l'administration leur laisse supposer un « adoubement » de fait au plan politique. D'ailleurs, il n'est pas rare de voir des disputes et chamailleries entre responsables associatifs pour le « leadership » dans l'organisation d'événements au profit de la communauté immigrée. Une sorte de surenchère « nationaliste » qui s'identifie à un appel de l'Å“il aux responsables diplomatiques et consulaires est souvent engagée lors de rendez-vous politiques avec le pays. A leur corps défendant, les responsables diplomatiques et consulaires tentent de clarifier les choses et de garder la distance en pareilles circonstances pour éviter, justement, cette proximité qui peut être interprétée comme une volonté de caporalisation et de manipulation politique du mouvement associatif. Enfin, si la « colère » des indépendants à la députation est légitime, il faudrait bien se rendre à l'évidence que le problème est ailleurs : la capacité de réunir 800 signatures. Juste ou pas, le chiffre des 800 signatures était connu d'avance. Il est malheureux de constater qu'aucune liste de candidats indépendants n'a été retenue, du moins pour la circonscription Nord de France, mais les règles du jeu étaient connues.


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