Il y a longtemps, bien longtemps vivait une sainte femme nommée Seïda-R’eriba. Sa vie était si pure, ses prières et ses dévotions avaient tellement touché la Divinité que Seïda-R’eriba avait obtenu le don des miracles. Quand elle mourut on l’enterra dans la mosquée d’El-K’orran avec les plus grands honneurs et l’on continua de vé- nérer sa mémoire. Aussi, depuis cette époque, les habitants du quartier d’El-K’orran sont-ils particulièrement protégés par la Sainte.
Quelquefois, à la nuit tombante, dans l’une des rues silencieuses de ce vieux quartier, les enfants aperçoivent une ombre blanche qui glisse le long des maisons ; c’est Seïda-R’eriba qui fait sa ronde. Quelquefois aussi elle passe le seuil et vient s’asseoir à votre foyer. Alors on ne la voit pas, mais on l’entend. Est-ce un rire joyeux qui a frappé votre oreille?
Bénissez Seïda-R’eriba ; c’est du bonheur qui vous arrive ! Mais si un soupir, une plainte, un sanglot s’est fait entendre, tremblez ; quelque grand malheur vous menace ! Les voleurs sont à votre porte, le feu va dévorer votre maison, un tremblement de terre l’engloutir, l’ennemi est sur vos remparts ! Pauvre mère, c’est peut-être ton enfant qui va mourir !
Jamais les avertissements fatidiques de Seïda-R’eriba n’ont trompé personne et nul ne les a méprisés impunément ; le quartier tout entier de El-K’orran serait là pour vous l’attester.
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Posté Le : 05/04/2015
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Certeux, Alphonse.
Source : Contributions au folklore des Arabes. L’Algérie traditionnelle. Légendes, contes, chansons, musique…par A. Certeux,… et E.-Henry Carnoy,…. 1884.