Algérie

Leçons


Finalement, les élections locales n'ont satisfait personne. Et confirmé que dans le pays, un gros travail de sensibilisation et d'éducation aux libertés publiques, aux valeurs universelles des droits de l'homme, des libertés d'opinion, reste à faire.L'intermède de cette consultation pour le renouvellement des assemblées élues, communales et de wilayas, a montré le chemin qu'il reste encore à faire pour instaurer une véritable démocratie dans le pays. Car, hormis le FLN qui a raflé la mise, tous les autres partis, y compris le RND dont le SG est également le chef de gouvernement, ont parlé de fraude et de dépassements lors des opérations électorales et au décompte des voix. «Pseudo-scrutin», «on a limité la fraude», «la fraude est une réalité sur le terrain», sont les déclarations à chaud de chefs de partis politiques qui ont dénoncé ce qu'il s'est passé jeudi 23 novembre dans maints centres de vote.
Cette situation, un remake épouvantable des scrutins organisés jusque-là dans notre pays, a été également dénoncée par le RND, pourtant un parti de ce qu'on est tenté d'appeler la «mouvance présidentielle». Le fait est que des élections libres et transparentes ne pourront jamais être organisées ni tenues en Algérie tant que les principes de liberté d'opinion et de la démocratie ne sont pas une réalité. Car ce qui est préoccupant, c'est que la vie publique, le libre exercice des libertés les plus basiques sont devenus des territoires impossibles à atteindre. Des futurs possibles, comme la construction d'une société nouvelle plus ouverte sur son temps, issue des moments difficiles et douloureux des années noires du terrorisme, une société unie pour un avenir commun, des Algériens réconciliés avec leur passé et leur futur, ne sont pas, hélas, dans l'agenda politique autant des partis que des pouvoirs publics.
Les élections locales n'ont été, au final, qu'un processus politique, longtemps inscrit sur un agenda, qu'il fallait donc accomplir et réaliser. Au-delà des attentes citoyennes pour un renouveau dans la gestion de leurs collectivités, de leurs territoires, de leur vie de tous les jours. Les besoins d'un changement social radical sont toujours là, et leur concrétisation est bloquée par les mêmes réflexes rétrogrades dignes des années du parti unique, où toute velléité de contestation était noyée dans l'oubli, l'opprobre et la diabolisation.
La grande leçon de ces élections locales est que le FLN, en l'état actuel des choses et de la gouvernance dans notre pays, ne peut être battu ni donc mis en minorité dans les assemblées élues, de l'APN et jusque dans les communes. Et, au-delà, passer sans coups de Jarnac ou de blocages à un autre stade de la gouvernance des assemblées élues, à commencer par l'APN, entrevoir sans grands dangers de révolutions de palais, une réelle alternance au pouvoir. Il y a donc beaucoup de raisons pour ne pas s'attarder plus qu'il n'en faut sur ces élections, ni focaliser sur la fraude et les rings improvisés dans certains bureaux de vote.
Ce qui est déprimant, c'est que les partis d'opposition n'ont pas encore pris conscience, depuis l'avènement du multipartisme, qu'ils n'ont à aucun moment pensé fédérer leurs objectifs pour provoquer l'alternance. Et donc qu'à ce niveau, il ne faut pas trop attendre des postures salutaires de l'opposition. Contrairement aux partis au pouvoir et leurs satellites qui appliquent à merveille l'adage arabe selon lequel «l'union fait la force».
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