Trois semaines seulement nous séparent du coup d'envoi de l'événement de l'année «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», et la feuille de vigne qui devait dissimuler tous les ratés de la préparation de la ville à cette «fête» semble se disloquer, ce qui risque de consumer la dernière paille à laquelle devaient s'accrocher les inconditionnels.Il s'agit de la salle qu'on a choisi d'appeler Zénith et qui doit accueillir les spectacles d'ouverture, en présence des hautes autorités du pays et de nombreux invités de marque. L'infrastructure imposante et moderne, citée en leitmotiv dans la communication officielle comme symbole de la capacité de l'Algérie à relever les défis, souffre de malfaçons congénitales proportionnelles aux erreurs qui ont accompagné le processus de sa confection. Des erreurs qui font perdre à notre pays la bagatelle de? 160 millions d'euros, coût du projet.Les autorités doivent des explications sur ce prix excessif d'une infrastructure qui, dans des conditions normales, aurait dû coûter beaucoup moins cher. Qu'on en juge : à titre de comparaison, le Zénith de Saint-Etienne, le dernier de la série et dont l'architecte semble avoir largement inspiré celui de Constantine, a coûté au Trésor français seulement 37 millions d'euros.Le bâtiment signé par le grand architecte britannique Sir Norman Foster, offre une capacité de 7200 places, dont 5500 assises. Edifiant ! A Constantine, cette salle de seulement 3000 places, la plus chère au monde, n'est qu'un vulgaire hangar, regrettent des opérateurs du secteur du spectacle qui ont suivi les essais techniques, il y a une semaine.Paroles de pessimistes invétérés ' Pas si sûr, car ces essais ont produit, la semaine dernière, un véritable clash entre les Algériens propriétaires du projet et les Chinois de la «drôlement célèbre» CSCEC (blacklistée par la Banque mondiale), maître d'?uvre. Les ouvriers chinois ont osé interdire l'accès au site pour faire pression sur les Algériens qui montraient des velléités de refus de réceptionner le matériel son et lumière, jugé insuffisant et inadapté par l'ONCI, futur gestionnaire de la salle.Si l'ONCI n'avait pas opposé son veto, le bureau d'études chargé du suivi et le maître d'ouvrage auraient bêtement accepté ce matériel.Pourtant, cet équipement produit par une marque prestigieuse est effectivement inadapté. Pis, les essais techniques ont révélé aussi des malfaçons dans la toiture de la salle, qui ramènent la qualité acoustique au degré zéro. Le son augmenté pour simuler les conditions d'un concert de rock a, en effet, produit des vibrations effrayantes de la toiture et un bruit assourdissant à l'intérieur de la salle.Inacceptable. C'est que le chapitre acoustique, qui fait toute la spécificité d'un équipement dédié à la musique, est totalement absent des tablettes des architectes algériens. Ailleurs, un département d'acousticiens assurerait le suivi des travaux et disposerait d'un pouvoir régalien pour valider ou invalider les travaux. Et ce n'est pas fini. En termes de sécurité, le bâtiment souffre aussi de nombreuses tares.Cela va des objets coupants et contondants placés en guise de main courante aux marches d'escalier dangereuses. «Les normes de sécurité n'existent pas en Algérie, si ce n'est dans le domaine du GSM. Les règles employées datent de 1978 et sont donc obsolètes. Le banc d'essai utilisé ailleurs comme étape incontournable dans la validation d'un produit est inconnu chez nous», explique Wissem M. architecte et professeur d'université.Pour le cas de la salle de Constantine, il est inconcevable de réunir 3000 personnes sans assurer aux équipes de la Protection civile des espaces d'intervention. Voilà à quoi mènent le manque d'expertise et le règne de la corruption. Le bateau «Constantine, capitale de la culture arabe» prend l'eau de toutes parts et les discours lénifiants semblent consommés.Nadia Labidi, venue hier à Constantine en «pompier», a curieusement annulé sa visite à la salle et a été tenue loin de la presse toute la matinée. Tout porte à croire que le projet d'inauguration de cette salle, prévu demain, est tombé à l'eau et que Abdelmalek Sellal ne viendra pas.
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Posté Le : 24/03/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nouri Nesrouche
Source : www.elwatan.com