Algérie

Le zazou d'Aokas



Le zazou d'Aokas
Il habitait à Aokas, à deux pas de la , mais il ressemble à tant d'autres. L'été, il se retrouvait pourtant dés?uvré parmi des jeunes dont l'unique attente est cette saison pour fuir la poussière et l'ennui du quartier. Il aurait aimé être un de ces chanceux ou « pistonnés » qui dégotaient un travail saisonnier de maître-nageur. La plupart préféraient admirer les belles citadines qui se dorent au soleil, étalant leur aguichante nudité. Dès les premières morsures de mai, ils s'achetaient un maillot de bain bon marché et, du matin au soir, zazou exubérants, ils se roulaient toute la journée sur le sable en reluquant les filles des quelques familles bourgeoises. Elles louaient des maisons chez les particuliers. Ceux-là préfèrent remonter vers les villages d'origine. Le loyer tombe opportunément avec la rentrée des classes. Des fois, on faisait la fête quand l'un d'eux ramenait sa guitare. On dansait, on montrait surtout ses biceps et recourait aux cabrioles. Tous les procédés étaient bons pour s'attirer les bonnes grâces des midinettes. Par d'incessants va-et-vient le long du rivage, elles donnaient l'impression d'être ennuyées par des parents dont les remontrances régentent le moindre déplacement. Le soir, sur le chemin du retour, chacun s'enferme dans une bulle de souvenirs et d'images, tisse des rêves et laisse libre cours à ses fantasmes. Ces derniers temps, la jeunesse était en ébullition. Chacun rêvait de voyager à l'étranger, mot magique qui enflammait les imaginations. Ceux qui y revenaient, même au bout d'un court séjour, attisaient davantage le désir d'évasion. Ils s'isolaient chaque soir avec un groupe d'amis, relatant des aventures fabuleuses. Qui pouvait rester indifférent à cette nouvelle passion qui brûlait les c?urs juvéniles ' Revenu de Scandinavie, l'un de ces conteurs, chez qui il était difficile de faire la part de vérité et de fabulation, subjuguait jusqu'à une heure avancée de la nuit. Son auditoire était ébahi par ses évocations. Dans le train, sous les arbres, en bordure des routes, il prétendait avoir vécu des aventures. « Si jolies disait-il de ses conquêtes, qu'ici nul n'aura le courage d'adresser ne serait-ce que la parole à de si charmantes créatures ». Il continuait encore de rêver à la maison quand sa mère le secoua pour aller remplir les bidons. L'eau risquait à tout moment d'être coupée. Ainsi va la vie dans cette localité qui, pareille aux palmiers, a les pieds dans l'eau mais voit sa frondaison brûler au soleil.




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