Algérie

Le Zaïm de la minorité écrasante d'Abdelaziz Ghermoul (Roman) - Casbah Éditions, Alger, 2005



Avec son dernier jet, Zaïm de la minorité écrasante, paru aux éditions Casbah, Abdelaziz Ghermoul met sa griffe insoupçonnable.

Il saura, tout compte fait, faire un chemin dans cette « rentrée littéraire insipide » qui, convenons-en, n’en est pas une, eu égard surtout à l’indigence qui marque notre politique de l’édition nationale. Les personnes qui ont le goût de la « chose littéraire », désespérant de voir un jour notre production livresque faire jeu égal avec ce qui se fait sous d’autres cieux, trouveront dans ce travail un peu d’apaisement. Le roman, le mot est trop fort pour cet amas de confessions saugrenues d’un dirigeant politique, de Abdelaziz Ghermoul, est de la même veine qu’une grande partie de la littérature algérienne de ces dernières années. Celle-ci ayant emprunté au style journalistique sa raideur et ses virtualités incertaines.
De plus, le lecteur repérera dans ce travail des passages qui effleurent, par moments, la froideur d’un procès-verbal. L’écrivain fait un pied de nez à tout ce magma de littérature d’expression arabophone qui s’est englué dans une phraséologie lourde et une religiosité castratrice. Ghermoul ose quelques audaces linguistiques. Des glissements vers le patois local sont perceptibles tout au long du texte qui se lit d’une seule traite.
L’auteur opère un choix, presque parfait, dans la langue d’écriture. La littérature de l’urgence, trait saillant de la décennie écoulée, devient, sous la plume acerbe de Ghermoul, urgence de littérature, urgence de dire les non-dits et les non sus d’une société qui se morfond dans ces ergotages et ces fuites en avant. Aussi, il fait sienne, même trop peut-être pour un texte se voulant résolument littéraire, tout ce qui touche aux équivoques sur la cité. Les conjectures sur le contrat social sont pris à bras-le-corps par cette nouvelle génération d’écrivains (la troisième ?) qui répond dans ses questionnements, avec plus au moins de candeur, à celle des « seniors et pionniers de l’écriture romanesque maghrébine ».
L’écrivain, pour revenir à la trame du texte, ne met en évidence rien moins que la vie « d’un roi des alentours de la capitale ». Cet homme au bagout facile - il ferait un bon meddah me diriez-vous - devient « par la force et le gâchis » le roitelet incontesté de la contrée. Le personnage, le seul d’ailleurs qui transparaît avec à l’envers du décor la populace, se dessinant, par couches successives sous nos yeux, n’a rien à envier à tous nos augustes césars, la bêtise en moins. Les louvoiements sont son credo. Le peuple, cette majorité écrasée, ronge son frein et attend des jours... d’indigence. Le dénouement dans cet univers kafkaïen n’est guère suggéré. Chacun pourrait faire sa petite lecture. Abdelaziz Ghermoul est tombé dans les travers qui étouffent tout travail qui se veut une jonction avec le monde des chimères.


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