Algérie

Le Yémen vers une destination inconnue La situation se dégrade pendant que Saleh tente de gagner du temps



Le Yémen vers une destination inconnue                                    La situation se dégrade pendant que Saleh tente de gagner du temps
Les Yéménites ont célébré l'Aïd El Adha dans une ambiance qui a été marquée par la poursuite des manifestations anti-régime de Sanaa, de plus en plus fragilisé par la dissidence apparue au sein de son armée, un des piliers sur lequel s'appuie toujours le président Ali Abdallah Saleh pour garder son poste. Au pouvoir depuis 33 ans, l'actuel président du Yémen est pris dans la tourmente de la contestation depuis janvier dernier. Il a été victime d'un attentat à l'obus le 4 juin dernier auquel il a miraculeusement échappé dans son palais présidentiel mais avec des brûlures qui l'ont éloigné du pouvoir durant trois mois. Durant toute sa période de convalescence chez ses alliés saoudiens à Riyad, le président Saleh a continué de souffler le chaud et le froid devant une opposition populaire de plus en plus radicale à son égard et à l'égard du régime qu'il dirige. A son retour au Yémen en septembre dernier, la contestation s'est aggravée davantage malgré l'élaboration d'un plan de sortie de crise par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), sous l'égide des Nations unies. Ali Abdallah Saleh s'était engagé à signer ce plan qui lui proposait de quitter le pouvoir en l'épargnant de toute éventuelle poursuite et l'organisation d'élections anticipées. Jusqu'à maintenant, il n'a pas tenu ses promesses. Ce comportement n'a fait qu'exaspérer une opposition qui ne cesse de gagner de la sympathie au sein des rangs de l'armée et du gouvernement. La fracture enregistrée dans les rangs de l'armée, bien qu'elle soit minime, a influé sur la poursuite des manifestations populaires. Elle a justifié aussi l'usage des armes de la part de Saleh contre certains quartiers de Sanaa où des généraux dissidents avaient installé leur quartier général. Parallèlement, les terroristes d'Al-Qaïda tentent de gagner du terrain en montant du sud où ils avaient réussi à étendre leur influence à plusieurs régions hostiles au régime de Sanaa depuis des années. Cette dernière donne constitue une bouée de sauvetage pour le président yéménite qui brandit donc le motif de la lutte contre antiterroriste pour convaincre le monde extérieur à le soutenir jusqu'à la fin de son mandat qui devrait expirer en 2013. Le monde occidental, qui a le regard braqué sur la Syrie où la situation est plus grave qu'au Yémen, préfère le statu quo et le maintien de Saleh à son poste, ont affirmé de nombreux analystes aussi bien yéménites qu'étrangers. Ali Abdallah Saleh fait office d'un bon élève en matière de lutte antiterroriste. L'élimination en septembre dernier de l'imam américano-yéménite radical Al-Auraqui, le chef d'Al-Qaida au Yémen, a fait gagner des points à Saleh qui fait de la lutte contre le danger terroriste un de ses arguments pour garder ses appuis occidentaux et ses soutiens implicites au sein du CCG dont fait partie le Yémen. Mais depuis dimanche, les choses se sont un peu accélérées avec l'accusation du général dissident Ali Mohsen al-Ahmar, contre le président Saleh qui aurait fomenté un attentat pour éliminer ce militaire de haut rang qui a décidé de rallier récemment la contestation. Dans un communiqué, le général Ahmar a précisé qu'une voiture, transportant deux bombonnes de gaz bourrées de 100 kg de TNT et dotées de détonateurs contrôlés à distance par téléphone portable, a été découverte samedi près du quartier général de la première division blindée, qu'il commande, ont repris les agences de presse. Saleh n'a pas répondu à cette accusation, préférant appeler les Yéménites à un dialogue qu'il avait refusé d'engager tout au début du mouvement de contestation en janvier dernier. «Le changement ne peut pas se faire par le chaos, la violence et la culture de la haine ou les complots et la sédition», a-t-il déclaré. Pourtant, le président lui-même a joué au jeu de la division d'une opposition plus que jamais décidée à le chasser du pouvoir pacifiquement, sachant que les Yéménites disposent d'un arsenal de guerre important qu'ils refusent toutefois d'utiliser, tentant de régler dans la paix un problème d'ordre exclusivement politique. Les tentatives de Saleh de faire croire à ses concitoyens l'existence d'un complot contre son pays ne marchent pas et ne mobilisent que ceux qui profitent de son régime. En résumé, entre l'entêtement de Saleh à rester au pouvoir et la détermination de l'opposition à chasser le régime de Sanaa, il semble n'exister aucune solution pour sortir le Yémen de la crise dans laquelle il patauge depuis presque un an. Encouragé par la chute de Ben Ali, Moubarak et récemment de Mouammar
Kadhafi, le peuple yéménite n'a pas l'intention de faire marche arrière avant le départ définitif d'Ali Abdallah Saleh du pouvoir. Tout comme on ignore l'issue de la crise politique syrienne, nous sommes devant le même cas, à quelques exceptions près, au Yémen.
L. M.


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