Le wali en tournée ciblant en grande partie les grands opérateurs privés: «Nous sommes tenus par des résultats d'investissement et de création d'emplois»

Discours présidentiel mettant le wali au centre de gravité du système corrélé investissement-croissance-emploi, bien digéré selon toute vraisemblance, Samir Chibani s'est mis à la besogne dès son retour d'Alger, allant à la rencontre de ses investisseurs «chez-eux». Pour un double objectif : les assurer de son plein dévouement tout en prenant en charge leurs problèmes séance tenante. «Le président de la République m'a ordonné d'être continuellement à votre service et je m'en ferai honneur», a-t-il réitéré.

Le suivi sur le terrain des projets d'investissement selon une perspective économique, en se souciant de leur mise en œuvre dans les délais impartis et dans le cadre de la structure financière convenue, tout en veillant à créer de l'emploi et de la richesse qui génèrent des ressources supplémentaires pour les Collectivités locales. C'était l'idée-force de la –très longue– tournée effectuée par le chef de l'exécutif de wilaya, dimanche 29 décembre. « Du rituel » dans les éphémérides des activités d'un wali, a fortiori lorsqu'on change de territoire, aurait-on tendance à répliquer. Un « a priori » qui a ce vilain défaut qu'il fait abstraction, sciemment ou naïvement, du fond de l'action, de l'esprit de la démarche, pour n'en prendre que l'image dont il se sert comme d'un cliché réducteur, dépréciatif. S'imprégnant des idées conductrices du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et traduisant à la lettre et à l'esprit ses directives données lors de la récente rencontre Gouvernement-walis, le chef de wilaya d'Oran s'en donnait à cœur joie à son « nouveau » rôle de facilitateur et d'accompagnateur d'investissement, avec une approche terre à terre qui rompt avec les vieilles méthodes, plutôt socialistes et archaïques, de gestion à distance par commissions interposées et chasse définitivement l'image d'Epinal véhiculée depuis des années, laquelle réduit le wali à un administrateur bureaucrate et paperassier qui envoie, de temps à autre, des cartes d'invitation à ses investisseurs pour des auditions groupées pour faire acte de diligence.

CRÉATION D'EMPLOI : NOUVEAU CRITÈRE PRÉSIDENTIEL POUR L'ÉVALUATION DES WALIS

Car le fait est là, et les pouvoirs publics semblent s'en rendre compte et s'y confirmer : dans les économies de marché, le secteur privé est le principal moteur de la croissance. Il nourrit et stimule la croissance dès lors qu'un certain nombre de facteurs se conjuguent pour offrir un environnement propice à son expansion. L'investissement privé est une condition préalable indispensable à la croissance économique : il est en effet le moteur qui entraîne les rouages de la machine économique en permettant aux entrepreneurs de réunir les ressources nécessaires pour produire des biens et des services. Une croissance rapide et durable est favorisée par une conjonction favorable dans laquelle l'entrepreneuriat et l'investissement induisent une hausse de la productivité qui à son tour autorise un accroissement des investissements dans le futur. Cet enchaînement est également propice à la création d'emplois. La mobilisation de l'investissement privé est donc appelée à gagner de l'importance tant pour la création d'emplois que pour l'accélération de la croissance. L'accroissement des capacités de production du secteur privé n'est cependant pas le seul facteur qui compte pour la croissance économique, encore faut-il qu'il s'accompagne de gains de productivité résultant de la rationalisation et de la modernisation des moyens de production. La création d'emplois est un processus qui implique la création de nouvelles opportunités d'emploi au sein d'une économie. C'est un moteur-clé de la croissance économique et du développement, et il a des conséquences considérables sur les résultats sociaux, politiques et économiques. La création d'emplois peut donner aux individus un sentiment d'utilité et contribuer à réduire la pauvreté et les inégalités.

LA CORRÉLATION INVESTISSEMENT-CROISSANCE-EMPLOI

Cela peut également contribuer à augmenter les recettes fiscales, qui peuvent être utilisées pour financer des services publics et des projets d'infrastructure. La création d'emplois a des retombées positives sur les communautés locales. Cela peut se traduire par une augmentation des recettes fiscales, une amélioration des services publics et une cohésion sociale renforcée. «Le président de la République nous a textuellement dit, tout récemment, qu'il allait dorénavant nous évaluer sur la base du nombre d'emplois créés. C'est aussi simple que ça», a confié Samir Chibani lors d'un échange avec un dirigeant d'entreprise.

Le thème sécurité alimentaire, autre mot-clé de la dernière rencontre Gouvernement-walis placée sous le haut patronage du chef d'Etat, était également présent dans le périple effectué dimanche par le wali d'Oran, à travers la visite de l'unité d'Oran-Es-Sénia de la Coopérative des céréales et légumes secs (CCLS), où il a posé la première pierre d'un centre de proximité pour le stockage intermédiaire des céréales. Cette nouvelle unité fait partie d'un projet global portant sur la réalisation de 7 centres similaires pour la mise en place d'une chaîne de stockage céréalière d'une capacité totale de 350.000 tonnes, pour un coût d'investissement de 1,7 milliard de DA. Objectif : porter les réserves locales en céréales à 900.000 tonnes, soit une augmentation de 42% à terme. Autre point marquant du circuit de visites, l'exploitation agricole «Si Miloud», à Oued Tlélat, présentée comme «exemple réussi» localement du processus national de restructuration des anciennes fermes pilotes, au nombre de 174, en unités agricoles de production (UAP) spécialisées dans la culture des légumineuses, les oléagineux, la semence et l'arboriculture, lesquels font partie des grandes cultures stratégiques.

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : UN ACTE, PAS UN SLOGAN

«Nous allons œuvrer à l'extension des surfaces destinées à la culture du tournesol et du colza, notamment, à travers différentes régions de la wilaya, dont les fermes pilotes et les exploitations agricoles privées, afin de promouvoir Oran en une wilaya productrice d'oléagineux», a affirmé le wali, avant d'agiter le drapeau pour donner le coup d'envoi à la récolte de plusieurs dizaines d'hectares de tournesol, avec comme rendement : 21 quintaux/ha. Les données affichées par cette UAP font état, au titre de la saison 2024-2025, d'une surface totale de culture oléagineuse de 1.400 hectares (colza, tournesol et maïs de grains), sans compter plusieurs d'autres centaines d'hectares dédiés aux autres filières. Pour accompagner cette dynamique, le wali a assuré que les autorités locales mettront en œuvre des solutions durables en matière d'irrigation, telles que les eaux épurées des STEP, dont le dispositif sera opérationnel au profit de cette UAP dès la semaine prochaine, selon les engagements du directeur local de l'ONID. Après avoir visité le complexe de trituration de graines oléagineuses, raffinage et conditionnement des huiles végétales de l'entreprise ACG SIM SPA, filiale du groupe SIM, situé à El-Hamoul (Tafraoui), d'une capacité de trituration de 3.600 tonnes/jour (80% tourteau et 20% huile) et qui couvre notamment 70% de la production nationale de huile brute, le wali s'est rendu au niveau de deux grandes unités d'investissements privés spécialisées dans la filière œufs et aliments d'animaux d'élevage. S'étendant sur 13 hectares, le complexe avicole Nutri-Mag dispose de 6 bâtiments de production modernes, dédiés à la fabrication d'aliments de différents animaux d'élevage, la production d'œufs et l'élevage de poussins, notamment. Sur place, le wali a réglé l'épineux problème d'eau pour cet investisseur ainsi que la question liée à l'autorisation d'exploitation définitive. « Je suis instruit par le président de la République pour vous régler, à l'instar de tout investisseur sérieux, vos problèmes.

ORDRE DE MISSION PRÉSIDENTIEL POUR LES WALIS : AU SERVICE DES INVESTISSEURS

C'est la raison première de ma présence chez vous aujourd'hui », dira le wali à l'adresse de cet opérateur, tout en faisant savoir qu'un guichet vert rattaché directement à son cabinet a été mis en place pour prendre en charge les doléances des investisseurs. A quelques encablures de là, sur la même petite voie à double sens de la (soi-disant) Route nationale n° N-108 – qui ne répond plus aux besoins d'un pôle économique en émergence en ce périmètre, en attendant la concrétisation du projet d'accès autoroutier de la ZI de Tafraoui via la RN4 débouchant sur l'Autoroute Est-Ouest – le wali a donné le coup du starter aux travaux de viabilisation de la zone d'activités de Tafraoui, sur une surface de 87 ha répartie en 149 lots. Pilotée par la DUAC, l'opération est dotée d'un montant de 340 millions de DA. Juste à côté, une future micro-zone d'activités de 5 hectares sera également viabilisée. Quelques kilomètres plus loin, on passe à plusieurs degrés plus grand – et plus stratégique forcément – sur l'échelle surfacique, avec la ZI en plein processus d'aménagement, portant le nom éponyme de sa commune d'emplacement, Tafraoui. Surface globale : 576 ha. Rien que ça. La consistance des travaux est impressionnante, substantiellement et quantitativement. Le taux d'avancement des différents lots oscillent entre les 95% et 100%. A un jet de pierre du site en plein travaux s'élève déjà, vaillamment et majestueusement, l'enseigne de la future usine de fabrication de pneumatiques et bandages, un ambitieux et – sans hors-pair en Algérie – investissement d'une entreprise privée 100% algérienne du nom Sarl El Hadj Larbi industries – un élément de fierté pour le pays dans le domaine très technique et concentré (peu dé-localisable) dans les pays industrialisés qu'est l'industrie pneumatique.

LA FABRICATION PNEUMATIQUE ARRIVE À ORAN

Pour un sacré investissement de 6,6 milliards de DA, cette grande usine s'étendant sur près de 165.000 m², fruit d'un partenariat de son promoteur avec le Groupe chinois Qingdao Doublestar, versé principalement dans la fabrication et la vente de pneumatiques, a judicieusement choisi son lieu d'implantation sur le grand parc industriel Tafraoui-Oran dans le voisinage immédiat de l'usine Fiat ainsi que le réseau de sous-traitance automobile, maillon essentiel de l'industrie automobile mondiale et qui permet aux constructeurs de réduire leurs coûts de production, d'améliorer leur efficacité et de répondre à la demande croissante des consommateurs en matière de personnalisation et de qualité. La capacité de production de la manufacture annoncée sera de 2 millions de pneus destinés aux segments des bus et camions et de 5 millions d'unités pour les véhicules touristiques.

Ce projet est déjà engagé par un paraphe entre les deux parties. L'usine de fabrication de véhicules Fiat ainsi que le complexe de raffinage du sucre du Group Berrahal ont été également visités par le wali d'Oran, Samir Chibani.