Il est nouveau, pas dans le corps préfectoral. Il sort, inspecte, regarde, ordonne ; du moins ce que nous tirons sur la page Facebook de sa wilaya. Il ne possède pas un compte virtuel personnel. Il doit se dire que cela ne sert à rien tant ; le seul compte qui compte c'est le terrain. Y a une part de vérité. Seulement un compte sur les réseaux sociaux pour un responsable est une fenêtre ouverte sur un monde réel qui réagit parfois sous masque. Dans ce mode de communication, tous les verrous sautent. Pas de planton, pas de combinard, pas d'entremetteur systémique. Seul le chef face à ses administrés.Du live, du franc, de la haute citoyenneté. Gérer Alger n'est pas gérer seulement une wilaya. Il y a des mentalités, des équilibres et des ondes à calibrer. Il y a aussi beaucoup de passions à attiédir et énormément d'appétences à sevrer. Blanchir des voûtes, éclairer des arcades ou adoucir la façade maritime est certes un salut urbanistique, reste à l'étendre aux appendices qui ceinturent la capitale.
C'est le fonds qui manque le moins diront les uns, ce sont l'organisation, la méthode et les hommes d'approches diront les autres. Ni le souffle fougueux ni la multiplicité d'inscription ne seraient en mesure de venir à bout de l'étranglement d'une mobilité rendue impossible. Le wali est partout, tel un «concierge de la République». Tout l'immeuble territorial, avec ses émotions, ses caprices, ses conflits de voisinage ou ses humeurs de palier fait de lui la sentinelle éveillée jour et nuit sur son qui-vive. Toutes les eaux, des potables aux usées jusqu'aux recyclées, coulent sous ses ponts suspendus ou en trémies, en robinets secs ou en caniveaux obstrués. La tâche est lourde, l'homme, battant lui parait égal. Les nuances du temps ou les spectres du climat sont une angoisse qu'il sait s'en faire. Les risques du ciel et de la terre le partagent à la même angoisse.
On le voit, gilet et casque, bottes et anorak sillonner les sentiers de gadoue en quête de ces résolutions qui n'arrivent pas parfois de sitôt. On le voit aux podiums, aux assemblées, aux mosquées, aux cimetières, aux boulevards, aux hôpitaux, à la pêcherie ; serait-il ainsi chef de chantier-en chef, chef de secteur étatique ou un haut agent agréé du gouvernement en la totalité de ses membres ' Ailleurs oui, c'est établi que le wali est le dépositaire légal de l'autorité de l'Etat et le représentant local du gouvernement, mais à Alger le c?ur de l'Etat y est. L'on s'interroge alors si cette proximité est un facteur de friction et d'écueil de chevauchement ou une aubaine de facilitation ' C'est comme dans cette ère du grand gouvernorat d'Alger où la dualité n'était appréciée que selon le gabarit de l'un ou le challenge de l'autre. Autre époque, mêmes réflexes.
Alger aussi est une culture, il y a du théâtre, des vestiges, de la poésie, parfois du cinéma, mais aucun spectacle, aucun engouement pour ce faire. L'on verra bien le wali applaudir une pièce au théâtre national, après un bon café au tonton-ville, ou frémir à l'intonation d'un récital poétique à la salle El Mougar ou débattre d'un film à la cinémathèque. Je ne dirai pas qu'il y a plus important, plus urgent que ces délires culturels, car la vie se campe aussi dans l'instant culturel quand tous les autres sont dépeuplés et appauvris.
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Posté Le : 02/02/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Yazid Dib
Source : www.lequotidien-oran.com