Alors que vu de l'étranger, l'Algérie paraît ne pas devoir y échapper aux yeux des spécialistes, observateurs et experts étrangers, pour une partie de la communauté d'affaires étrangère installée en Algérie, l'heure n'est pas à l'affolement mais à la prudence.
«Le possible effet domino est bien sûr envisagé même si les situations sont différentes à maintes égards», a déclaré à El Watan Economie un chef d'entreprise français qui a requis l'anonymat. «Tout le monde attend la marche qui est prévue le 12 février et après on verra. Il y a pour l'instant de la prudence chez les étrangers qui regardent l'Algérie de l'extérieur. Quant à ceux qui sont déjà présents ici, ce n'est pas encore la panique», dit-il.
Une autre source proche des milieux d'affaires européens s'exprimant également sous couvert de l'anonymat nous a affirmé qu'il existe «une certaine inquiétude parmi les entreprises étrangères qui souhaitent venir en Algérie. Elles nous interrogent pour connaître la réalité de la situation dans le pays surtout après avoir vu ce qui se passe en Tunisie et en Egypte. Nous leur répondons qu'il n'y a pas de problème de sécurité et que l'activité économique et commerciale se déroule le plus normalement du monde». A dire vrai, poursuit la même source. «Nous ne pensons pas qu'il va se passer en Algérie ce qui se passe en Tunisie et en Egypte». D'un autre côté, «personne n'aurait pu prévoir ce qui s'est produit dans ces deux pays, c'est pour cela qu'on ne peut pas prévoir ce qui va se passer dans les prochains jours». Pour le moment, la tendance est plutôt au «wait and see», ajoute-elle.
Attendre et voir en attendant la marche du 12 février semble donc àªtre le maître mot dans le milieux des entreprises étrangères présentes en Algérie, même si la prudence est de mise, car personne n'aurait pu prévoir au début du mois que le soulèvement populaire pousserait les présidents tunisien et égyptien vers la sortie. Pourtant Lahcen Achy, économiste et chercheur à l'institut Carnegie du Moyen-Orient estime qu'«il est difficile de voir une mobilisation pacifique sur des demandes sociales claires en Algérie sur le court terme», ajoutant ne pas envisager «un effet domino».
Insécurité chronique
Néanmoins les émeutes du début du mois témoignent de la fragilité de la situation et ne laisse pas indifférentes les entreprises étrangères présentes en Algérie, écorchant un peu plus l'image d'un pays dont l'attractivité économique n'a cessé d'être remise en cause ces derniers mois. «Le problème en Algérie c'est l'instabilité réglementaire. Quand vous ajoutez à cela l'instabilité politique, cela à un effet dissuasif pour tout investisseur étranger», déclare le chef d'entreprise français et conseiller auprès des investisseurs étrangers. Il ajoute que pendant les 10 ans de la décennie noire, l'image de l'insécurité en Algérie a imprégné le subconscient des étrangers et notamment des Français. Les derniers troubles viennent se superposer à cette image». Quant à savoir quelle répercussion cela aurait sur l'Algérie à moyen terme, notre interlocuteur estime que «tout dépend de la forme, de la durée et de l'issue d'éventuels événements».
En revanche, «si la stabilité perdure en Algérie, le pays pourra en tirer avantage et capter les investissements étrangers qui vont pendant quelques temps fuir la Tunisie et l'Egypte où la situation prendra du temps avant de se stabiliser», croit savoir le représentant d'une communauté d'affaire européenne en Algérie. Le fait est, explique-t-il, que «l'Algérie reste un pays attractif. L'Etat a de l'argent et il y a une volonté politique de développer le pays». Selon lui, «l'Algérie restera une cible d'investissement pour les étrangers à condition qu'elle soit stable». Réorienter les capitaux étrangers destinés à la Tunisie et en Egypte vers l'Algérie, semble peu probable, pour notre second interlocuteur. «Pourquoi pas '», s'interroge-il, estimant toutefois, que «la tendance actuelle n'est déjà pas favorable (moins de 10 dossiers ANDI cette année dont la majorité encore au CNI). Un tel espace d'opportunité devrait àªtre accompagné de mesures incitatives». Globalement, «les investisseurs sont toujours intéressés par le marché algérien, mais il faut un dispositif gagnant-gagnant préservant les intérêts légitimes de l'économie algérienne et sécurisant les investisseurs étrangers». Les investisseurs présents ou futurs «ont besoin de stabilité», conclut-il.               Â
Â
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 07/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Safia Berkouk
Source : www.elwatan.com