Algérie

Le vrai sens de l'identité nationale



Beni Abbès en fête! L'Oasis blanche s'est vêtue de ses plus beaux apparats pour accueillir les solennités marquant la Journée mondiale de la langue maternelle et la semaine des langues africaines. C'est sous les barouds, «El Maya» (chants traditionnels) et autres danses locales que les «Ababsa» ont accueilli leurs invités pour ces quatre jours qui s'annoncent des plus festifs. Jeunes et moins jeunes étaient là pour ce qui est considéré comme le premier grand événement qu'accueille cette wilaya nouvellement promue à ce rang par le président de la République Abdelmadjid Tebboune. Le coup de starter de cette semaine de l'identité nationale a été donné symboliquement au siège de l'Assemblée populaire nationale (APW), flambant neuf. Son président, tout juste élu lui aussi, a commencé son discours en chleuh, variante de la langue nationale et officielle qu'est le tamazight. Originaire de la commune de Tabelbala, ce «Chelhi» s'est réjoui qu'un tel événement soit organisé à Beni Abbès. «D'autant plus qu'il traite de la langue et l'identité berbère que notre région s'attelle à sauvegarder», s'est-il réjoui avant d'inviter tout ce beau monde à se rendre dans la petite commune d'Igli. C'est, en effet, dans cette petite commune distante de 76 km du chef-lieu de la wilaya que se déroulent les conférences et autres expositions «concoctés» par le Haut Commissariat à l'amazighité (HCA).Igli et ses quelque 8000 habitants se sont transformés en une grande ville des plus «cosmopolites» en accueillant des milliers de personnes venues des quatre coins du pays. Un grand monument de communion nationale! L'identité algérienne en général, et l'amazighité en particulier étaient représentés dans toute leur splendeur.
À la découverte du korandji
Il y avait, bien évidemment, les 14 variantes linguistiques du tamazight mais aussi les tenues et autres objets traditionnels représentant chaque région de ce pays continent qu'est l'Algérie. De belles rencontres, de grands débats et surtout des échanges enrichissants étaient au rendez-vous. Chaque culture y découvre les spécificités de l'Autre. Ils se rendent tous compte qu'ils ont presque les mêmes costumes et traditions à quelques détails près. Néanmoins, beaucoup ont été surpris de découvrir une nouvelle variété du tamazight qu'est le korandji. Il s'agit d'une variété du tamazight qui se décline, comme un réel mélange du tamazight, de l'arabe et du songhaï, langue nilo-saharienne parlée dans plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest. Elle est menacée de disparition. Quelque 2000 personnes la parlent encore en Algérie, la grande majorité se trouve à Igli. Ce qui fait que cette ville est toute indiquée, et par- là même choisie pour accomplir un plaidoyer et une sensibilisation en faveur de l'utilisation des langues, en usage en Algérie, ainsi que son prolongement naturel vers le Sahel et l'Afrique. « Cela à travers ses interactions géographiques, forgées par l'histoire et dans ses dimensions nord-africaines et subsahariennes culturelles et interculturelles productives les plus fécondes», soutient le secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad.
Formation et cinéma en plein air
Un grand moment donc de retrouvailles avec notre identité aussi diversifiée que notre vaste territoire. Surtout que cette manifestation d'envergure, nationale et continentale, a vu la participation de quelques institutions de recherche, spécialisées dans les domaines de l'étude des langues, l'analyse des faits de culture et de patrimoine, ainsi que de leur valorisation technologique et numérique. Un panel de chercheurs universitaires, écrivains et artistes débattront, jusqu'à jeudi prochain, de la question de cet enrichissement culturel mutuel. «Il est perçu à la fois comme levier d'une continuité spatio-temporelle entre les peuples d'une même région, et comme facteur d'harmonisation de ses relations transfrontalières», soutient Si El Hachemi. Toutefois, ce rendez-vous ne se contentera pas de son aspect folklorique et académique. Le HCA et ses partenaires, à l'image de l'Académie des langues africaines (Aclan), ont aussi voulu lui donner un aspect socio-économique. Des expositions des artisans locaux se tiennent en marge des colloques.
Les artisans locaux y exposent leurs chefs-d'oeuvre. Des ateliers d'apprentissage ont aussi été organisés en faveur des jeunes de la région, à l'image de groupes d'écriture des scénarios cinématographiques, de la photo ou encore de l'écriture en tifinagh. Les amateurs de cinéma et les bambins ont, quant à eux profité de projections de films en plein air. Une ambiance des grands festivals internationaux avec un accent bien de chez nous...


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