Algérie

Le vrai football nous quitte et nous salue bien



Le vrai football nous quitte et nous salue bien
De quoi est malade notre football ' Il perd du poids et il devient fade, on lui tourne le dos, les stades se vident à chaque rencontre. Quelque chose coince. Les clubs n'avancent plus, ils ouvrent la porte à la politique et le sport s'enfonce. Les déclarations des uns ne font pas dans l'optimisme ni dans l'unanimité, les contrats, les montants faramineux pleuvent et se bousculent.
Nombreux sont les joueurs qui découvrent pour la première fois de leur carrière, cette possibilité d'avoir un compte bancaire. On ne parle plus de résultats mais d'argent, on ne parle plus d'adversaire du jour mais du comment convaincre X attaquant à rejoindre le club Y. Partout, on ne parle que de négociations secrètes, de contacts, de relations, de recommandations' Le football sort de son cadre sportif pour plonger dans un environnement de business. Fini le football d'hier, disait un expert, on a l'impression, écrivait-il, que l'on se trompe de terrain, on ne sait plus faire la différence entre un champ de courses et un terrain de football' La bourse gagne du terrain au profit de la joie, de la fête, de cette ambiance tant aimée et des discussions entre supporters' Aujourd'hui, le sport donne l'impression de diviser, non seulement les supporters, mais aussi dans bien des cas des gestionnaires de clubs, de ligues, à cela s'ajoute l'actualité qui dénonce bien souvent des conflits entre présidents de club à cause d'un sport censé réunir, mobiliser la jeunesse et créer une fourmilière d'initiatives pour en faire, non seulement du sport une marque, mais aussi et surtout, une excellente marque de nos villes et nos régions, via ce formidable sport. C'est dire que ce phénomène s'intensifie et fait de nos jeunes footballeurs un produit marchand qui perd le goût du jeu de terrain pour s'accrocher au jeu de la bourse. Ils deviennent stars, ils reviennent chers très chers aux clubs qui n'hésitent pas à sacrifier le contenu de la caisse pour le présenter à des supporters qui n'y croient plus à ces conjugaisons de joueurs qui n'apportent presque rien au club. Nous avons posé une question à un sportif, il nous explique comment fonctionne cette infernale machine à sou : «Il arrive que les clubs veulent renflouer les caisses. Le club qui possède le joueur donne des mandats aux agents en leur disant : «J'ai besoin de placer tel joueur et le libérer à telle période. A partir de ce moment, l'agent de joueurs va demander et combien son club d'origine va exiger pour le céder. Ensuite, il faut s'arranger pour concilier les parties. Il doit pouvoir faire de la bonne médiation pour que chaque partie, y compris lui-même, puisse y trouver son compte. Il arrive que des opérations se fassent entre le président, le directeur général ou le directeur sportif ainsi que les agents concernés, l'agent du joueur et celui du club.» A la question de savoir comment se déroulent les rapports de force entre clubs, agents et joueurs, il rétorque «les agents sont souvent accusés de semer le désordre. Les rapports sont souvent très corsés parce qu'on ne tombe pas toujours d'accord. Nous, on défend souvent l'intérêt du joueur, on se veut être son avocat. Il faut tout faire pour que le gros du partage puisse revenir au joueur. Ce qui est normal, puisque c'est lui qui fait l'effort sur le terrain. L'explication de la dérive se justifierait par le manque de joueurs professionnels d'où l'apport de nouveaux acteurs à coup de millions de dinars'» Voilà comment se négocient aujourd'hui les contrats des joueurs fraîchement venus au monde du football en parlant bisness à présent, une ouverture vers des horizons inespérés. Nouveaux comportements, nouvelles coupes de cheveux et nouvelle marque de gel. Et voilà que le club ne lui sert que de passage pour sauter la frontière et aller se faire un petit nom dans un petit club étranger. Mais pas pour tout le monde, un journaliste sportif écrivait à juste titre d'ailleurs : «Il y a encore des financiers prêts à investir de jolies petites sommes pour de jeunes gens en short qui tentent de pousser des ballons dans des filets devant des millions de téléspectateurs». Juste. L'esprit est ailleurs, rêver que de ça, comment se faire embarquer dans des clubs étrangers, avoir un code à barre ' Ainsi, le football qui donnait du plaisir semble aujourd'hui passer à une autre phase encore plus dure, plus vicieuse, plus codée. Le ballon quitte la scène sportive pour en faire une véritable bourse. Quels sont donc les facteurs qui expliquent la vogue actuelle ' Comme nous sommes à une époque de bouleversement médiatique, il faut produire de l'information. Cela sollicite l'initiative. De plus, les entreprises ont un besoin réel de s'exprimer et de communiquer. L'heure est aussi au sponsoring qui est un registre qui, à terme, ne peut que rapprocher les différents acteurs (entreprises, organisateurs) des médias qui sont les témoins, les multiplicateurs du développement des clubs. Mais l'information n'est pas un produit neutre, tout comme le média, elle engendre la fiction et nourrit le mythe. Ce tour d'horizon n'est pas seulement le fruit qui se récolte chez nous mais partout sur cette planète innocente qui assiste au passage du sport roi au sport bisness. Le football, c'est une vielle histoire à raconter à nos petits enfants.


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