Algérie

"Le vrai débat n'a pas encore été mené"




Octobre 1988 restera un moment fort dans l'Algérie post-indépendance. Est-il le produit d'une "manipulation politique" du pouvoir ou "un processus démocratique" interrompu ' La question s'est posée, hier à Alger, lors de la conférence-débat organisée par l'association Rassemblement Actions Jeunesse (Raj), qui a été animée par Idir Achour, Aïssa Rahmoune et Hocine Bellaloufi, respectivement secrétaire général du syndicat CLA, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh, aile Bouchachi) et journaliste-écrivain. Une question qui, forcément, renvoie à la situation actuelle du pays, sur fond de "bouleversements, de révoltes, de déni et d'ingérences des puissances occidentales" à l'échelle régionale et internationale. Pour le syndicaliste, la période allant de 1988 à 1991 à permis aux "langues de se délier", mais "nous n'avons pas été à la hauteur de ceux qui sont morts en Octobre 88".M. Achour estimera d'ailleurs que la société, du moins ses segments les plus avancés, associations comprises, ont "échoué" car ils ont "laissé faire". "La guerre des intérêts entre ceux qui ont pris le pouvoir a pris le dessus", dira-t-il, en précisant que la période 1992-1999 est celle de "la dilapidation des richesses de l'Algérie".Pour l'intervenant, l'étape suivante (de 1999 à ce jour) "a permis à toute une maffia de paraître comme le sauveur du pays". "L'alternative, c'est nous", a soutenu le leader du CLA, en plaidant pour l'union autour des "intérêts communs".De son côté, le représentant de la Laddh a axé sur la "violence" du système politique algérien, convaincu qu'il existe "plusieurs dieux", pas seulement "Rab Dzaïr", allusion faite à l'ancien DRS.Dans ce cadre, il a informé qu'avant-hier, Hassan Bouras, journaliste à El-Bayadh et militant des droits de l'Homme, a été interpellé chez lui "de façon brutale, selon Mme Bouras".D'après M. Rahmoune, depuis Octobre 88 à ce jour, "le vrai débat n'a pas encore été mené", alors que le pays fait face à une "crise multidimensionnelle" et parce que "la légitimation du pouvoir se fait encore par la violence".Pour le conférencier, nous sommes en présence de "l'échec d'une nation".Un constat qui n'est pas du goût de notre confrère Bellaloufi qui, sans nier l'existence d'"erreurs" et tout en prévenant contre "le révisionnisme", a soutenu que "nous n'avons pas échoué, mais nous avons été défaits" par ce "pouvoir autoritaire et libéral"."Le problème n'est pas de nous aimer les uns les autres, mais de trouver des terrains d'entente pour nous rassembler et trouver des solutions", a-t-il assuré.D'après lui, il est plus aisé d'imposer un certain "rapport de force" et des "visions moralisatrices" ou de créer des clivages à une "société divisée" via l'exploitation pernicieuse des questions religieuses, ethniques, etc. "Nous sommes dans un processus de dépossession du peuple algérien, y compris au profit de groupes étrangers", a révélé l'intervenant, citant, entre autres, le cas du complexe sidérurgique d'El-Hadjar (Annaba).Au cours du débat, bien que la menace d'une "explosion" ait émergé, l'idée d'un second "Octobre 88" a été exclue, en raison des "souffrances" endurées et de ce qui se passe dans les pays voisins et les pays arabes. Cela a fait dire au président du Raj, Abdelouahab Fersaoui, que "la priorité aujourd'hui est de multiplier les espaces de débats" et de "s'entendre sur un dénominateur commun nous permettant d'exister avec nos différences".Et ce, d'autant que "le danger immédiat est l'offensive des classes dominantes, qui se sont enrichies ces 20 dernières années, contre les couches populaires", comme le signalera notre confrère Bellaloufi.Notons enfin que le 5 octobre prochain, le Raj et la Laddh organiseront un rassemblement à 12h30, à Alger, au square Port-Saïd, en face du TNA.H. A.




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