Algérie

Le voyage de si Muhend u Mhend Larab revisite le roi des poètes



Publié le 23.10.2023 dans le Quotidien l’Expression
Par Aomar Mohellebi

Le Salon international du livre d'Alger sera l'occasion pour la sortie de dizaines de nouveautés livresques en tout genre.
Parmi les titres qui seront exposés pour la première fois à la vente à l'occasion de la tenue du Sila à partir du 25 du mois en cours, il y a le livre de Mohand Ouramdane Larab consacré à l'un des plus grands poètes algériens d'expression amazighe.
L'ouvrage, intitulé «Le voyage de Si Mohand Ou Mhand», est sorti aux éditions Imtidad. C'est le troisième livre que publie Larab au courant de cette année.

En effet, Larab a édité début 2023 «Ahmed Lemseyyeh, le poète des Ath Sedka» ainsi que: «Si Youcef Oulefki, le compagnon de Si Mohand Ou Mhand». Concernant son nouveau livre, Larab souligne:
«C'est mon hommage pour Si Mahieddine Oussedik, communément appelé Mahieddine Amanguellat qui écrit des pièces de théâtre pour la radio Chaine 2, de même qu'il est un homme de lettres».

Larab nous confie que c'est lui qui lui a soufflé cette idée. Larab se souvient qu'en 1987, pendant huit mois, il rencontrait tous les jeudis à Alger, Si Mahienddine Oussedik. C'était à l'époque où Larab préparait son premier livre sur Si Mohand Ou Mhand. Oussedik a beaucoup aidé Larab pour s'imprégner de la poésie de Si Mohand. Oussedik était très au fait de la culture orale kabyle. En effet, du temps où il était à la Radio nationale chaine II, Oussedik passait beaucoup d'émissions de poésie et de contes qu'il concoctait auprès d'auditeurs qui lui écrivaient des lettres très variées. D'ailleurs, certains poèmes que le lecteur découvrira dans ce nouveau livre proviennent de Si Mahieddiene Oussedik qu'il a précieusement sauvegardés, dont environ 15 appartiennent à Si Mohand. De nombreux autres, il les a entendus de la bouche même de Si Youcef Oulefki. En plus de ceux de Si Youcef.

Un don pour la poésie
Larab rappelle la légende qui a toujours circulé concernant le don de Si Mohand pour la poésie: un jour, en se rendant dans une fontaine Si Mohand fut apostrophé par un ange qui lui dit: «Choisis entre ces deux choses, parle et moi je compose en poèmes, ou alors compose des poèmes et moi je déclame». Et Si Mohand de répondre: «Compose des poèmes et moi je les déclame». «Et depuis, à chacune de ses paroles, des poèmes coulent à flots. Près de trente années durant, il s'en fut vadrouiller de ville en ville: Alger, Cherchell, Blida, Tizi Ouzou, Béjaïa, Sétif, Constantine, Skikda, La Calle, Tunis, Bizerte...pour semer ses paroles». On ne pourrait parler de la pérégrination de Si Mohand, sans évoquer sa rencontre avec Cheikh Mohand Ou Lhocine, souligne Larab: «Ce fut en ce temps où Cheikh Mohand se faisait vieux que Si Mohand lui rendit visite, que chacun interprétait à sa façon on disait que Si Mohand se trouvait malade, il avait même un sombre pressentiment que ses jours étaient comptés, aussi, voulait-il rendre visite au Cheikh du temps qu'ils sont tous les deux vivants.

Larab raconte avec les moindres détails, le déroulement de la rencontre entre les deux géants.

L'auteur nous apprend aussi que Si Mohand était de bonne connivence avec Si Hamou Ou Yidir Nath Sidi Saïd, cafetier à Michelet et disciple de Cheikh Mohand. Il était de courte taille et toute la journée, il vadrouillait la canne d'une main et le chapelet dans l'autre.

«Un jour, Si Mohand s'était attablé dans son café et commençait de s'apitoyer sur son sort, d'être si vieux et sans moindre avenir. Cela fait pleurer bien des sensibles. Sur ce, Si Hamou Ou Yidir lui dit: «Je te promets par Dieu Si Mohand, que si tu mourais et que je serai présent, je m'occuperais dignement de tes funérailles, je ne te laisserais pas tomber, sois-en rassuré!».
Larab enchaîne que lorsque Si Mohand se rendant encore à Tunis, il écrivait des lettres à Si Hamou en arabe, agrémentées parfois de poèmes. Au jour de la mort de Cheikh Mohand Ou Lhocine, c'est Si Hamou qui a écrit une lettre à Si Mohand à Tunis pour l'informer. «Cela me fut révélé par le fils de Si Hamou, Sidi Saïd Mohand Ouali (dit Si Lghozali) en août 1992.

Une infinité de détails sur la vie du barde
Cette information lui fut transmise par sa tante morte en 1968, à l'âge de 115 ans», précise Larab.

Ce dernier révèle en outre qu'au jour de la mort de Si Mohand, on a voulu l'enterrer dans un endroit dénommé «A?eccad n Uqwir». Mais Si Hamou s'était souvenu de la rencontre entre Si Mohand et Cheikh Mohand Ou Lhocine, alors qu'il reçut la prophétie de mourir en exil, et du voeu de Si Mohand, qui fut ainsi enterré à «Aseqqif n??mana».

«De même que Si Hamou a tenu à sa promesse de procéder à un enterrement digne à Si Mohand, faisant face à toutes les dépenses», conclut Mohand Ouramdane Larab dont la passion pour la poésie kabyle est énorme, le poussant à offrir aux lecteurs, de manière régulière, des livres fourmillant d'une infinité d'informations et de détails importants à découvrir sur la vie et l'oeuvre des bardes dont Si Mohand est le plus populaire et l'un des plus prolifiques.

Un poète qui a influencé pratiquement l'ensemble des poètes d'expression kabyle.

Aomar MOHELLEBI



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