Algérie - 07- Occupation Française

Le voyage de Napoléon III en Algérie



source livre .....MONOGRAPHIE DE LA
COMMUNE D’EL MATMAR
Ex-Clinchant (Les Silos)
BOUZIANE Djilali

Le voyage de Napoléon III en Algérie suivit de près les insurrections de la
province d’Oran. Le 20 mai 1865, il était Napoléon III a mostaganem et le 24, il daignait
honorer de sa visite le centre de Relizane. Nous tenons à reproduire ici le texte
même de Pharaon, l’historiographe de l’Empereur (relatant les faits avec la
partialité qu’il convenait à un courtisan), quitte à remettre ensuite les choses à
leur point exact.

« Le lendemain, 21 mai, sa Majesté quittait Mostaganem à huit heures du
matin pour aller visiter le centre agricole de Relizane qui fut créé le 24 juillet
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1857, et qui, dans le court espace de huit années, s’est transformé en une petite
ville florissante.

Sur tout le pourtour, sa Majesté fut alternativement acclamé par les colons
dont les villages sont échelonnés sur la route, et par les Arabes qui étaient venus
établir leurs douars sur le bord du chemin pour saluer. Une scène émouvante
attendait l’Empereur aux portes de Relizane ; au moment où sa Majesté arrivait,
sa voiture fut inopinément entourée par plus de 10.000 Arabes, qui se ruèrent
jusque sous les roues de la calèche, et la séparèrent complètement de la suite et
de l’escorte d’honneur. Une pareille scène ne peut se décrire ; toute cette
population, hommes, femmes, vieillards, enfants, la tête nue en signe de
soumission tendaient les bras vers l’Empereur, et de ces milliers de poitrines,
sortait le même cri : Grâce !
Cette forte et puissante population arabe était courbée tout entière devant
le souverain, et cette manifestation qui restera unique dans l’histoire avait un
cachet grandiose que la plume ne saurait reproduire. Le premier moment de
tumulte passé, Sa Majesté parvint non sans peine à savoir ce que voulaient ces
vieillards à barbe blanche, ces femmes éplorées, ces enfants, ces robustes
guerriers dans l’attitude de la soumission et de la prière.
C’étaient les membres de la confédération des Flittas, composée de 19
tribus, qui venaient implorer la grâce de leurs frères internés en Corse à la suite
de la dernière insurrection. La scène était touchante. L’Empereur, entouré
seulement de son Excellence le maréchal de Mac-Mahon, du général Fleury, et du
général Deligny, se trouvait complètement isolé au milieu de cette population en
pleurs ; dans leur langage pittoresque de l’Orient, les Arabes protestèrent de leur
dévouement futur, s’offrant comme otages à la parole donnée.
L’Empereur, visiblement ému par cette scène de désolation, fit
immédiatement appelait Sidi-el-Aribi, khalifa de cette puissante confédération, et
tint un instant conseil au milieu du tumulte. Pendant tout le temps que sa Majesté
mit à s’éclairer sur la part que ces tribus avaient prise à l’insurrection, Les
Flittas manifestaient comme ils pouvaient par leurs cris, par leur attitude, par
leurs gestes, leurs promesses d’éternelle soumission. Rien ne saurait décrire
l’enthousiasme qui se manifesta, lorsque les paroles d’oubli et de pardon tombées
des lèvres impériales leur furent transmises par leur chef Sidi-el-Aribi ; les Flittas
éclatèrent en actions de grâces, les femmes déchiraient l’air de leurs ‘touil ouil’6
aigus : c’était la débauche de la joie, le délire de l’enthousiasme, les uns se
prosternaient le front contre la terre, les autres cherchaient à baiser les pans de
vêtements de l’Empereur et des officiers généraux dont il était accompagné. Ce
fut à grand peine que le piqueur de sa Majesté put ouvrir un passage à la voiture
impériale qui fut obligée de traverser au petit pas la ville de Relizane.
Après avoir visité le barrage établi sur la Mina, dont les eaux ainsi
retenues fertilisent vingt-cinq mille hectares de cultures industrielles, et s’être fait
rendre un compte exact de l’état de la colonisation. Sa Majesté reprenait la route
de Mostaganem, où elle arriva à 6 heures du soir, après avoir fourni une course
de trente-quatre lieues dans sa journée.

Le soir, elle réunissait à sa table les autorités civiles, militaires et
indigènes, et tandis que les habitants de Mostaganem faisaient éclater leur
enthousiasme autour de la résidence impériale, des scènes touchantes se
passaient sous les tentes des Flittas. Les familles arabes réunies exaltaient la
générosité du Sultan, et le nom de Napoléon III volait de bouche en bouche au
milieu des bénédictions de tous ; toute la nuit, les indigènes se visitèrent les uns
les autres pour se féliciter de l’heureux évènement, et les seules victimes de cette
joie universelles furent les moutons égorgés pour célébrer la magnanimité du
souverain.

Le lendemain matin, à 10 heures, Sa Majesté Napoléon III s’embarquait
pour Alger au milieu des acclamations de la population de Mostaganem, et les
cris ‘Vive l’Empereur !’ qui sortaient des bouches européennes, avaient un écho
dans tous les coeurs arabes. L’acte de la veille n’avait fait que grandir, et les
indigènes avaient ajouté au nom de Napoléon III celui de ‘El Karim – Le
Généreux ! »
Ce qui précède est la vérité travestie purement et simplement.

le chroniqueur de l’Empereur au lieu de passer les faits sous silence a cru devoir les
transformer en leur donnant une tournure toute à l’honneur de son maître, dans
l’espoir que la postérité, portée à croire facilement aux actes glorieux du temps
passé, accueillerait ce récit avec la même foi que tant d’autres erreurs et
mensonges historiques. En réalité, quand Napoléon III arriva à Relizane, il y
trouva près de vingt mille indigènes hommes, femmes et enfants accourus à la
suite des goums commandés par l’autorité militaire. On avait fait à ces derniers
d’alléchantes promesses, probablement l’assurance d’une distribution de subsides
ou de grains, s’ils criaient bien fort « Vive l’Empereur » et s’ils amenaient
beaucoup de monde pour acclamer le souverain, Il y en avait, en outre, de
nombreux de parents et amis d’individus condamnés pendant les récentes
insurrections, et comptaient demander la grâce des prisonniers.

Enfin, il y avait la
tourbe tumultueuse des curieux et des fauteurs de désordres, qui complétaient le
tout.

Des clameurs discordantes accueillirent Napoléon III à son arrivée. Toute
cette foule de miséreux descendus de la montagne, venus d’un peu de tous les
points du territoire des Flittas, se massait autour de la voiture impériale et de son
escorte, les uns hurlant « Bibe l’Amprou ! Bibe l’Amprou ! »7 D’autres criant des
choses incompréhensibles dans leur langage rude, tous cherchant à se rapprocher
de l’Empereur avec des intentions plus au moins honnêtes. En somme, les goums
étaient insuffisants pour s’opposer à un coup de main, et rien n’empêche cette
masse d’indigènes de faire prisonnier le souverain et de l’emmener dans les
montagnes avec son État-major. Je me suis laissé dire par de vieux arabes que
telle était bien l’intention de certains manifestants, et s’ils ne purent mettre leurs
projets à exécution, c’est grâce à la présence d’esprit de l’entourage de
l’empereur. La foule, en se bousculant menaçait de déborder la garde de cavaliers
et d’envahir la calèche impériale. Pris de frayeur, Napoléon III fit signe à son
trésorier particulier qui se trouvait derrière lui, dans une autre voiture, avec des
cassettes contenant une somme assez forte. Aussitôt pièces d’argent et d’or
tombèrent en pluie sur la cohue, jetées à pleine mains par le trésorier et un des
généraux de la suite. Les Arabes se précipitèrent alors sur le sol pour y recueillir
la précieuse aubaine, et c’est sans doute là que Pharaon a pris pour des
prosternations humiliées. En fait d’acclamations, il n’y eut surtout que des cris
incohérents et « l’attitude soumise » se traduisait par des gestes de sauvages, des
gambades de gens satisfaits de se voir accorder une aumône par le chef de ceux
qui leur avaient pris leurs troupeaux. Au lieu de s’arrêter à la halle aux grains,
transformée en salle de réception, l’Empereur qui n’avait aucune envie de rester
dans un lieu où les marques de sympathie s’affichaient avec un enthousiasme
évidemment exagéré, ne se donna pas la peine de visiter ni barrage ni quoi que ce
soit, il donna ordre de fouetter les chevaux et de s’enfuir à toute vitesse. Le soir,
les douars alentours fêtèrent la venue de « l’Ambrou » avec ses écus et ses louis,
les feux de méchoui éclairèrent la plaine en souvenir du passage d’un prince qui
savait si généreusement distribuer les fonds de sa cassette secrète ; et, si un
sentiment quelconque poussa les indigènes à se féliciter de la visite de
l’Empereur, ce fut la reconnaissance du ventre !
Là se termine la chronique des évènements historiques qui eurent pour
champ d’action le territoire de la commune mixte de la Mina et ses environs
immédiats. Il nous reste à voir maintenant l’histoire de ses divisions
administratives jusqu’aux plus récentes organisations de celle de chaque tribu en
particulier




salut je cherche une étude historique sur la ville de relizane pour le cinquantenaire de l indépendance merci
BENHALIMA HADJ MENOUER - COMMERCANT - RELIZANE ALGERIE, Algérie

01/06/2012 - 33241

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