Algérie

Le voyage à Alger de Abdelkrim Bahloul en ouverture


Le voyage à Alger de Abdelkrim Bahloul en ouverture
Le long métrage de fiction Le voyage à Alger, un drame autobiographique de son réalisateur Abdelkrim Bahloul, a été projeté samedi à la salle de la cinémathèque d'Alger en avant-première en Algérie.
Cette projection à l'initiative de l'Association des réalisateurs professionnels algériens (Arpa), marque le lancement du nouveau ciné-club «Les samedis de l'Arpa» qui souhaite relancer l'activité cinématographique autour des réalisateurs algériens à travers des projections mensuelles. Sorti en 2009, Le voyage à Alger relate, durant 97 minutes, le combat de Maghnia, une moudjahida et veuve de martyr vivant à Saïda, interprétée par Samia Meziane, pour garder son logement, cédé par un agent de l'administration coloniale avant son départ, en proie à la convoitise d'un responsable communal au lendemain de l'indépendance. Excédée par l'arrogance de cet ancien brigadier de la police française, Maghnia décide de se battre pour garder le toit de ses six enfants, qui vivent déjà dans l'exclusion et même dans l'oppression après la perte de leur père abattu sur ses terres par les soldats de l'armée coloniale lors d'une corvée de bois. Après avoir plusieurs fois tenté de raisonner l'ancien brigadier, la jeune femme se barricade chez elle et décide d'aller à Alger pour exposer son problème au président de l'époque, Ahmed Ben Bella, qui représentait à ses yeux, le tuteur de ses six orphelins après que leur père ait donné sa vie pour l'indépendance du pays et qu'elle ait nourrit, soigné et caché les combattants chez elle. Son fils, Kadirou (Samy Ahedda) l'accompagne dans son voyage pour parler lui aussi au président d'un homme à Saïda qui l'a battu et insulté la mémoire de son père. Tout au long du film, le réalisateur, qui a lui-même vécu le scénario qu'il a écrit met en avant, à travers Kadirou et sa mère, la condition des Algériens au lendemain de l'indépendance qui souffraient de l'analphabétisme et du choc avec la vie citadine. Cette mère analphabète habituée à la vie rurale est perdue sans l'aide de son fils de onze ans. A Alger, Maghnia et son fils se rendent au Palais du peuple afin d'y rencontrer le président, mais on lui demande d'envoyer un courrier, chose qu'elle refuse et reste devant la porte jusqu'à ce qu'un officier, ancien soldat de l'ALN, ne lui obtienne audience auprès du ministre de la Défense de l'époque Houari-Boumediène qui, excédé par le récit de la veuve, lui assure qu'il veillera personnellement à ce qu'elle garde sa maison. Un officier de l'armée arrive à Saïda pour mettre fin au litige et menace l'ancien brigadier de mort si il n'obtenait pas le pardon de la veuve, un pardon difficile mais nécessaire pour que la famille retrouve sa quiétude. L'officier chargé de l'affaire, aidera aussi le petit kadirou, pour qui, il a beaucoup d'affection, à réhabiliter la mémoire souillée de son père et à faire son deuil. Plébiscité par les cinéastes et cinéphiles présents, Le voyage à Alger présente néanmoins plusieurs imperfections relevées par les spectateurs à commencer par la mauvaise qualité de la copie projetée ainsi que la reconstitution approximative du décor de l'époque et des petits effets, pourtant rudimentaires mais mal fait à l'exemple de la pluie. Autant de détails qui ne peuvent échapper aux cinéphiles et qui diminuent le jeu des acteurs et surtout le scénario jugé «fidèle aux réalités de l'époque», «poignant» et comme un «regain de considération aux veuves et enfants de martyrs» par l'assistance. Des imperfections justifiées par le petit budget du film qui ne représente selon son réalisateur que 5% de devis. Produit par «les films de la source» avec le soutien de l'Entreprise publique de télévision et le ministère de la Culture, Le voyage à Alger a décroché le Tanit d'or du public au Journées cinématographiques de Carthage 2010, le prix du meilleur scénario et celui de la meilleure actrice pour Samia Meziane au Festival panafricain du cinéma et de la télévision d' Ouagadougou (Fespaco 2011) ainsi que le Grand prix Radio Canada au festival «Vues d'Afrique» à Montréal 2011. Par la voix du vice- président de l'Arpa, Yanis Koussim, le producteur du film Bachir Derrais a annoncé la sortie publique pour le 25 avril dans les salles de la cinémathèque, cependant les cinéphiles ont reproché au réalisateur ces quatre année de retard qu'il a justifié par «un budget insuffisant et un manque de salles de cinéma en Algérie». A l'occasion de l'inauguration de son ciné-club, l'Arpa a aussi lancé Les bulletins de l'Arpa une publication distribuée gratuitement qui résume l'activité mensuelle des réalisateurs algériens, leurs participations aux festivals étrangers ainsi que les faits cinématographiques marquants.
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