Le Voto

Il ne se trouve pas un seul ou une seule concitoyenne qui ne se demande qui sera président. Chose normale. Rien n'est clair. Et malin celui qui peut avancer un nom. Même s'il est vrai que chacun s'est, du jour au lendemain, trouvé des capacités d'analyse et des éléments d'éclairage comme s'il était dans les secrets des lieux. Chacun a son rasmi comme s'il avait dîné hier soir avec les faiseurs de présidents qui excellent dans la voyance et khat errmal. Hé bien Otchimine et sa Dhaouia, en conclave hier autour d'un berrad de thé et sni, ont trouvé la formule, après avoir mastiqué un msémmène et torturé leur dentier.«Facile-macile», qu'ils ont dit. Tout Algérien âgé de plus de dix-huit ans peut devenir président. Il ne sera pas demandé de récolter un certain nombre de signatures dans certain nombre de wilayas. Non ! Ils proposent, les deux vieux, que soit lancé un jeu qui s'appellera le «Voto». C'est un loto khoroto-politique. Par amour du pays, on évitera toutes les dépenses de campagne. On laisse le gouvernement tel qu'il est. Jusqu'à ce que l'heureux gagnant du Voto soit connu. Il suffit d'acheter une grille de Voto dans un tabac. Cocher cinq numéros et un sixième, attendre le tirage. Le tirage et le mélange des boules se feront sous le contrôle d'un huissier. L'heureux gagnant sera président. Si personne ne gagne, on remettra ça à la semaine d'après. On re-achètera un autre ou plusieurs autres grilles et re-cochera d'autres numéros et on re-attendra le tirage. Cela peut durer des semaines, des semaines qui renfloueront les caisses de l'Etat. Grâce au Voto, ce ne sera pas la peine t'voto. «Et ne «votorons» pas ceux qui pensent que les jeux de hasard ne sont pas hallal…», fait remarquer Otchimine à Dhaouia…, donc, une partie de la population serait écartée, c'est antidémocratique.