Algérie

Le vote des musulmans de la Fédération de Russie


Le président sortant Vladimir Poutine a inauguré en 2015 la grande mosquée de Moscou, construite en partie grâce à l'argent de l'Etat, et il n'a jamais manqué de féliciter les communautés musulmanes à l'occasion de chaque grande fête religieuse...Dans une Fédération de Russie grande comme un continent, une élection présidentielle est vécue différemment selon qu'on se trouve à l'est ou à l'ouest du pays. En outre, les sensibilités évoluent avec les questions linguistiques et religieuses. L'église orthodoxe, longtemps brimée par la faucille et le marteau du communisme, a retrouvé des couleurs au lendemain de la chute du mur de Berlin.
Vladimir Poutine, conscient de l'enjeu, a maintenu la trajectoire initiée par ses prédécesseurs en reconnaissant aux institutions catholiques orthodoxes une dimension conquérante même si, officiellement, la Russie est une République laïque avec une séparation stricte entre l'Etat et l'Eglise. Car cette dernière joue un rôle grandissant dans les rouages de l'administration autant que de la société travaillée par une nouvelle idéologie dominante, celle du patriotisme orthodoxe qui s'est beaucoup manifesté durant la campagne présidentielle. Depuis des décennies, les Russes musulmans ont toujours voté en faveur du candidat du pouvoir, c'est-à-dire celui du parti communiste, loin du déterminisme religieux. Le souvenir de la guerre en Tchétchénie n'a pas engendré les conséquences dont ont rêvé les stratèges occidentaux, au contraire.
Le président sortant Vladimir Poutine a inauguré en 2015 la grande mosquée de Moscou, construite en partie grâce à l'argent de l'Etat, et il n'a jamais manqué de féliciter les communautés musulmanes à l'occasion de chaque grande fête religieuse sans manquer de rappeler «leur contribution inestimable de la communauté au développement de la Russie». Ce discours est en outre accompagné par de larges subventions aux institutions coraniques qui forment des imams rompus à la propagation d'un islam ouvert et tolérant, démarche qui vise bien sûr à contre-carrer le discours salafiste et la propagande des monarchies du Golfe. Ces derniers ont sans cesse investi dans le créneau de la contestation circonscrite aux pays du Caucase.
Etrangement, les dérives observées dans certains pays occidentaux où la chasse au faciès est une banalité quotidienne, plus ou moins confortée par les Etats, sont «reprochées» par des médias occidentaux qui «dénoncent» une Russie sujette à l'amalgame «musulman égale terrorisme»! Et de verser des larmes de crocodile sur la République du Tatarstan qui compte 54% de musulmans, déçue par Vladimir Poutine. Celui-ci n'a pas reconduit fin 2017 le statut spécial accordé par le président Boris Eltsine en 1994 qui conférait au Tatarstan une certaine autonomie dans la gestion de ses ressources (6,4% de l'ensemble du brut extrait en Russie) et des bureaux de représentation à l'étranger. Quant aux Tatars, Poutine, en visite à Kazan en juillet 2017, avait opposé une fin de non-recevoir au sujet de leur langue: «Je ne comprends pas la raison pour laquelle on oblige une personne à apprendre une langue qui n'est pas sa langue maternelle (allusion aux Russes du Tatarstan), et j'estime qu'il est également inadmissible de diminuer les heures d'enseignement du russe.» Cette déclaration a eu pour effet, le 29 novembre, la promulgation par le Conseil d'Etat de la République du Tatarstan d'un décret qui faisait du tatar une langue facultative.
Conscient de ces particularismes, Poutine tente de ménager le choux et la chèvre, comme en Tchétchénie tenue par la main de fer de Ramzan Kadyrov. Après le rejet par la commission électorale de la candidature à la présidentielle de Aïna Gamzatova, épouse du mufti du Daghestan et rédactrice en chef du site Islam.ru, il s'est précipité au Daghestan pour y rencontrer responsables et représentants de la société civile, prenant en compte les doléances de la petite République qui est la plus pauvre et la plus peuplée de la Fédération de Russie. Preuve que le principal atout de Vladimir Poutine reste, bel et bien, Poutine lui-même qui parle, promet et tient ses promesses comme en témoigne la modernisation accélérée des grandes villes, dont Moscou.
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