Algérie - Revue de Presse

Le vote arabe ou musulman «existera»



Plus gros contingents de l'immigration historique de France, lesMaghrébins et les Africains iront-ils jusqu'à se doter de partis politiques ?Longtemps taboue, la question investit le débat politique. Des pans entiers dumouvement associatif en font un thème récurrent. Histoire de forcer la classepolitique à lui donner écho. Intellectuels et faiseurs d'opinion ne sont pas enreste. Les uns se livrent à des questions, d'autres ne résistant pas àl'exercice de scénarios. L'un d'eux, Benjamin Stora,n'exclut pas la création à terme de cadres d'expression partisane propres auxfrançais issus de l'immigration. Le professeur d'histoire du Maghrebcontemporain à l'Institut français des langues et civilisations orientales(INALCO) y voit même une hypothèse plausible. «Le cloisonnement mémoriel auquelon assiste actuellement pourrait déboucher, effectivement, sur la constructionde partis politiques», dit-il dans un dialogue avec Thierry Leclère, grandreporter à l'hebdomadaire Télérama. Début 2007, l'historien et le journalistese sont rencontrés pendant plusieurs jours pour les besoins d'unlivre-entretien, «La guerre des mémoires, la France face à son passé colonial»(Editions de l'Aube). Pour hypothétique qu'elle soit, la question de ThierryLeclère n'en chemine pas moins dans les milieux de l'immigration maghrébine. Aupoint d'être évoquée dans la causerie croisée qui meuble la nouveauté del'éditeur provençal. S'il venait à voir le jour, le cadre partisan del'immigration maghrébine aura-il pour nom «Parti musulman» ou «Parti desArabes» ? «Ce ne sera jamais dit comme cela», estime le spécialiste dumouvement national algérien. A ses yeux, le paysage politique hexagonal risquede passer par-là «si le Parti socialiste ou l'UMP n'opèrent pas leur mutationet qu'ils persistent à ne pas représenter les minorités». Pour Benjamin Stora,la cohésion hexagonale exige des partis politiques d'adapter leurs composantesaux réalités sociologiques de la France. Si le Parti socialiste, dit-il enguise d'exemple, «arrive à se transformer en parti «arc-en-ciel» un peu àl'image du Parti démocratique américain, pour mieux coller à la Francemulticulturelle d'aujourd'hui, on évitera peut-être cette dérive». Sorti enlibrairie au plus fort de la campagne présidentielle française, lelivre-entretien entre Stora et Leclère n'a pas occulté une question tout aussirécurrente dans le discours des politologues. Celle relative au «vote arabe» ou«vote musulman». Un tel vote «existera», estime, affirmatif, Benjamin Stora.Explication de l'historien : «il y a des sensibilités, des façons de regarderle monde en rapport avec ce qui se passe en Palestine, en Irak, en Afghanistan,qui ne sont pas les mêmes suivant que l'on se situe dans la communauté juive oumusulmane, tout le monde le sait».


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