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De notre correspondant à Tizi Ouzou
Malik Boumati
Durant les décennies quatre-vingt et quatre-vingt-dix, les ruines romaines de Tigzirt, dans la wilaya de Tizi Ouzou, étaient quotidiennement agressées, au vu et au su de tous, sans que les pouvoirs publics daignent lever le petit doigt pour empêcher le
massacre et la «tentative» d'effacement de la mémoire. A l'époque, tous les visiteurs de cette ville balnéaire pouvaient voir des morceaux de pierres, prises de ces vestiges, sur les mûrs extérieurs des habitations. Aucune autorité ne s'était offusquée du massacre subi par des vestiges, témoins d'une partie de l'histoire de cette région et de notre pays.Mais cette situation, encouragée par l'anarchie qui régnait, notamment durant les années quatre-vingt-dix, ne pouvait pas durer. L'Etat, qui commençait à renflouer ses caisses et à reprendre son autorité, après plusieurs années de crise économique et sécuritaire, a décidé, il y a plus d'une dizaine d'années, de prendre les choses en main et de s'occuper de ces biens culturels et patrimoniaux qui ont subi de nombreuses agressions. Il a commencé par élaborer un décret portant protection des biens culturels protégés, qui a mené à la création de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés (Ogebc). Venu remplacer l'Agence nationale d'archéologie, le nouvel organisme aura un nouveau statut, qui lui donnera les outils et moyens à même de lui permettre de mener à bien ses missions. L'office est également doté de prérogatives qui renforcent sa mission de protection des biens culturels, notamment les sites archéologiques et autres monuments classés et protégés. Depuis sa création, l'Office a ouvert des antennes dans toutes les wilayas du pays, dont deux dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il s'agit des antennes archéologiques de Tigzirt et d'Azeffoun, opérationnelles depuis plusieurs années, avec pour mission de protéger les ruines romaines de ces localités côtières. Selon M. Hachour, chef de service Patrimoine à la direction de wilaya, en charge de la culture, les brigades des structures archéologiques sont toujours accompagnées d'éléments de la sûreté nationale et des douanes. Cela donne une certaine autorité à ces brigades, dont la mission principale reste la protection des sites archéologiques, objets de convoitises de trafiquants de tout acabit. Et, à Tizi Ouzou, cela semble marcher puisque, depuis la création de ces structures archéologiques, la région ne connaît plus de vols de pièces archéologiques, ni d'agressions des sites. C'est ce qu'affirme notre interlocuteur, qui se rappelle du vol d'une pièce archéologique, une pierre d'environ 30 cm de largeur et 45 cm de longueur, avec une inscription en latin. La pièce a vite été retrouvée et récupérée. Il faut dire, aussi, que l'opacité qui entoure la récupération par l'Etat des pièces archéologiques découvertes par les citoyens n'aide pas à l'instauration d'une confiance entre la population et les pouvoirs publics. A plusieurs reprises, des citoyens rendent visite aux bureaux locaux de la presse nationale, pour évoquer des «trésors» déterrés dans les vieilles habitations et remis aux autorités, sans qu'ils puissent en connaître le sort. L'année dernière, un jeune, qui a découvert des dizaines de pièces de monnaie datant de plusieurs siècles a, par exemple, fait le tour des bureaux régionaux de la presse, en quête d'une explication sur les modalités de restitution de l'objet de sa découverte. Il semblait vouloir s'assurer qu'il n'a pas été «arnaqué» par ceux qui, au sein des institutions de l'Etat, ont récupéré son «trésor».
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Posté Le : 13/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M B
Source : www.latribune-online.com