«A la première coupe, l'homme boit le vin; à la deuxième coupe, le vin boit le vin; à la troisième coupe, le vin boit l'homme.» Proverbe japonaisDepuis quelque temps, une polémique enfle au sujet du traitement de l'image des moudjahidine au cinéma... algérien. Et au lieu de critiquer le contenu ou le volet artistique du film, nos critiques bien attentionnés, scrutent les films pour calculer les erreurs historiques et enregistrer les images données de nos valeureux martyrs. Leur mission est claire, c'est de vérifier au mieux si on a bien montré les moudjahidine. «Est-ce qu'ils offrent une bonne image des membres de l'ALN et est-ce que nos héros sont à l'image de la thèse officielle'» s'inscrivant ainsi comme les gardiens indéboulonnables de la morale cinématographique. C'est le souci premier de nos pseudos critiques de cinéma locaux. On est bien loin de la véritable critique cinématographique. Mais qui sont ces gens-là: Un imam, une stagiaire d'un journal électronique établi à Alger, une journaliste habituée à couvrir les festivals de danse et d'art contemporain, ou encore des cinéphiles visibles que sur les réseaux sociaux et qui n'étaient même pas nés quand Lakhdar Hamina a décroché sa Palme d'or en 1975, qui osent se présenter comme des imbattables critiques de cinéma. Dans quel monde du cinéma sommes-nous'Comment peut-on juger la qualité d'un film sur le nombre de verres de vin exposés à l'écran.Un jeu ridicule qui a poussé un journaliste à dire: «Ah! Hamina a mis du thé sur la table des moudajhidine, ça change de Lyes Salem, qui a mis du vin sur la table du fameux révolutionnaire.» Aujourd'hui, le débat est fixé malheureusement sur cette simple optique. Nous sommes amenés à juger un film plus sur son menu gastronomique que sur l'oeuvre historique.Cette erreur de casting éditoriale n'incombe pas aux journaux qui n'offrent pas de spécialité à leurs journalistes et qui envoient un journaliste couvrir un concert de musique et lendemain une projection de film. L'absence de critiques de cinéma réels ouvre la voie à toutes les interprétations loufoques et baroques. A cela, s'ajoute l'absence d'analyse et d'introspection de la part de la commission de lecture qui a laissé passer des choses dans les scénarios. Dans le passé, on critiquait les images de la France sur la guerre d'Algérie, aujourd'hui on critique l'image des cinéastes algériens sur la guerre de libération.Ainsi, on reproche au maestro du cinéma algérien Mohamed Lakhdar Hamina d'avoir utilisé la langue française dans les dialogues et on reproche au cinéaste Lyes Salem d'avoir montré des moudjahidine en train de boire le calice jusqu'à la lie. Aucun mot sur la majestueuse mise en scène de Lakhdar Hamina qui, à 80 ans n'a pas perdu une ride sur sa caméra. Et aucun mot sur la parfaite direction d'acteurs réussie par Lyes Salem pour emmener ses comédiens sur le droit chemin. Bref, il y a un sérieux problème de spécialité dans le domaine de la critique cinématographique.amirasoltane08@live.fr
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Posté Le : 19/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amira SOLTANE
Source : www.lexpressiondz.com